Stratégies

Alithya, l’entreprise qui se mesure à CGI 

Méconnue du grand public et des investisseurs dans le paysage des services informatiques malgré une force de frappe de plus en plus significative en technologies de l’information, la québécoise Alithya s’apprête à faire parler d’elle à Wall Street et Bay Street.

Le grand patron d’Alithya, Paul Raymond, se rendra à New York vers la fin de l’été afin de sonner la cloche du NASDAQ. Dès septembre, les investisseurs pourront librement acheter et vendre des actions d’Alithya alors que l’entreprise notamment spécialisée dans l’implantation de logiciels de gestion Oracle fera son entrée au NASDAQ et à la Bourse de Toronto.

« Nous serons seulement la septième entreprise du Québec au NASDAQ », souligne Paul Raymond.

Cet ancien dirigeant du Groupe CGI explique que ça fait quelques années qu’il souhaite qu’Alithya inscrive ses actions en Bourse, notamment pour que les actions servent de monnaie pour poursuivre la croissance par acquisitions. Son désir se réalisera au cours des trois prochains mois dans la foulée du regroupement annoncé récemment avec Edgewater Technologies, petite entreprise de Boston qui est inscrite en Bourse et dont la capitalisation boursière est d’environ 80 millions US. La combinaison d’Edgewater avec Alithya devrait se traduire par une capitalisation boursière initiale se situant entre 200 et 300 millions US, à la clôture de l’opération à l’été.

« C’est une transaction créative, un peu comme un reverse takeover qui nous donnera le contrôle sur 58 % de la compagnie résultante. Nous allons transférer les fonctions administratives au Québec. Des actions à droit de vote multiple nous permettront de garder le contrôle ici très longtemps », dit Paul Raymond.

La transaction avec Edgewater est la sixième réalisée par Alithya depuis sa création, il y a 26 ans, par des ex-employés de Desjardins. Paul Raymond explique que le regroupement avec Edgewater permet d’accélérer le plan stratégique. 

330 millions CAN

Chiffre d’affaires annuel combiné des deux entreprises, qui devrait se situer dans une fourchette de 340 à 360 millions CAN l’an prochain

L’objectif est de doubler les revenus d’ici trois à cinq ans.

Au cours de cette même période – si tout va comme prévu –, la marge bénéficiaire brute devrait passer de 6 % aujourd’hui à entre 9 % et 13 %.

« Le marché des services informatiques est très fragmenté. Nous sommes la deuxième plus grande compagnie canadienne en services informatiques [après CGI]. Il n’y a pas d’autres compagnies pancanadiennes. Il y a beaucoup de compagnies régionales. Nous voulons acquérir des compagnies régionales de bonne qualité qui sont nichées dans un marché », dit Paul Raymond.

« Plus favorable »

Celui qui a passé une vingtaine d’années dans différents postes de leadership chez CGI avant de prendre la tête d’Alithya, il y a sept ans, précise que l’idée derrière l’arrivée en Bourse se comprend facilement sur le plan financier. 

« Quand on réalise des acquisitions aujourd’hui, on paie entre 5 et 7 fois le bénéfice brut, et les entreprises comme la nôtre en Bourse sont valorisées autour de 12 fois. Effectuer une acquisition en tant qu’entreprise privée a un effet de dilution important. On s’est dit que ça serait donc plus favorable d’être en Bourse pour effectuer des acquisitions aux États-Unis. »

Paul Raymond soutient que plus une entreprise d’experts-conseils est de taille importante, plus elle peut proposer ses services pour des grands projets à forfait ou à prix fixe pour lesquels il devient possible de dégager des marges intéressantes. 

« On se sert souvent de CGI comme point de référence, un peu comme WSP utilise SNC-Lavalin comme point de référence. À mon arrivée, il y a six ans, on avait un chiffre d’affaires de 30 millions et des marges de profit minces comme des lames de rasoir. »

— Paul Raymond, PDG d’Alithya

Bien que beaucoup plus petite que CGI, Alithya lui ressemble à bien des égards. Mais Paul Raymond préfère être le « premier Alithya plutôt que le prochain CGI ». Le PDG de 54 ans ajoute n’avoir en tête que l’envie de bâtir. Et à cet effet, il cite en exemple le cabinet d’ingénierie montréalais WSP Global (ex-Genivar). « Ils réalisent plein d’acquisitions à l’international. C’est un très beau modèle à suivre. »

Le marché principal à développer présentement pour Alithya est l’Amérique du Nord. Et le regroupement avec Edgewater permet d’établir une présence aux États-Unis.

Alithya en bref

Activités : services informatiques

Année de fondation : 1992

Siège social : Québec

PDG : Paul Raymond

Les plus importants actionnaires :  Desjardins, Industrielle Alliance, Investissement Québec

Nombre d’employés : + 2000 (incluant les 400 d’Edgewater)

Chiffre d’affaires : 260 millions US (incluant les revenus d’Edgewater)

Bénéfice brut : 16 millions US, ou 6 % (incluant Edgewater)

Forces

Entreprise dynamique qui se présente comme consolidateur dans un secteur fragmenté

La plus importante entreprise de son secteur au pays, après CGI

Expertise en intégration d’acquisitions

Inscription prochaine en Bourse qui apportera de la notoriété et fournira les moyens pour réaliser des acquisitions

Faiblesses

Défi de recrutement en raison d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée

Présence encore limitée dans l’ouest du pays et aux États-Unis

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