Opinion : Safia Nolin à l'ADISQ

Garçon manqué ? Non, fille réussie !

Quand j’étais petite, je détestais mettre des robes ou des jupes. Pourquoi ? Car ce n’était vraiment pas pratique pour faire du vélo, grimper aux arbres, jouer dans la paille et me transformer en superhéros ! J’ai toujours été ainsi. Moi en robe… Ce n’est pas vraiment moi. Je me sens comme le soir de l’Halloween. C’est tellement inconfortable !

Je me souviens du spectacle de danse… Il fallait trois jeunes tambours et une princesse (comme dans la chanson). Je voulais de tout mon être jouer un tambour… Je fus choisie pour être la fille du roi… J’ai dû porter une horrible robe rose, une couronne pleine de diamants (quelle horreur), et mon rêve du tambour s’envola…

Je n’ai jamais aimé les princesses. Tout simplement parce que je ne me suis jamais reconnue en elles. Elles ne me faisaient vraiment pas rêver.

À Noël, je rêvais de recevoir un camion de pompier. J’avais toujours des poupées. Je n’ai jamais vraiment joué à la poupée (pourtant je vous assure que ça n’a pas fait de moi une mauvaise maman !).

On me disait souvent : « Tu es un véritable garçon manqué, toi ! »

Je criais : « Non ! Je suis une fille réussie ! »

Du haut de mes 8 ans, j’avais compris. Oui, je suis une fille, une femme, une vraie. Une mère, qui a senti des enfants grandir en elle. Une femme qui s’habille comme elle veut et comme elle se sent « moi ». Je suis moi !

On me dit encore : « Tiens, tu t’es habillée comme une vraie femme aujourd’hui. »

Je suis une vraie femme !

Je n’aime pas me peinturer la face de maquillage, je déteste porter des talons hauts et des vêtements dans lesquels je ne me sens pas à l’aise pour bouger. J’aime me sentir bien et je me sens bien !

Je hais magasiner. Je m’habille parce que sinon j’aurais froid toute nue, et que la société dans laquelle je vis n’est pas rendue là.

Je ne peux pas croire qu’en 2016, lors d’un gala télévisé, on juge une femme sur son apparence. Je ne peux pas croire qu’on l’insulte dans ce qu’elle est.

On est toutes différentes. Je me sens féminine. Je suis femme.

Et je me fous du regard de l’autre.

Si tu me juges sur ce que je porte, je ne crois pas vraiment que tu mérites mon attention.

C’est ma vie, je n’en ai qu’une, et elle n’est pas basée sur des apparences.

Safia Nolin, au nom de toutes les femmes et les filles de ce monde : merci ! Merci de montrer ce qu’est être soi !

Opinion : Safia Nolin à l’ADISQ

Une question de savoir-vivre

J’aimerais m’exprimer sur le débat concernant l’habillement de Safia Nolin lors de son dernier passage au Gala de l’ADISQ.

Je vais vous raconter une petite histoire.

Lorsque j’étais enfant, mes parents et moi allions tous les dimanches chez mes grands-parents maternels. Pour cette sortie hebdomadaire, ma mère me revêtait de mes plus beaux habits. Elle me disait : « Aujourd’hui, nous allons voir grand-papa et grand-maman, alors tu dois être présentable. On ne met pas de pantalons avec des trous, pas de chandails sales et surtout pas de chapeau à la table. Tu dois porter tes habits du dimanche. »  Puis, vint la rentrée scolaire, et chaque mois d’août, juste avant la rentrée des classes, nous allions m’acheter des vêtements.

Lorsqu’il fut le temps de me chercher du travail, ma mère me rappelait de bien m’habiller et surtout de veiller à ce que mes vêtements soient propres.

Aujourd’hui je travaille pour l’une des plus grandes compagnies d’assurances au Canada et, s’il m’arrive parfois d’avoir envie de mettre ma chemise de chasse, je pense aux conseils de ma mère, qui me disait d’être toujours habillée selon la circonstance.

Cela n’a rien à voir avec comment je me sens dans ma peau. Ce n’est pas parce que l’on se sent bien que l’on peut s’habiller comme on veut.

Imaginez Céline Dion… Oui, pour moi, c’est une question de savoir-vivre envers les gens chez qui je me présente et avec qui je transige. Cela est une forme de respect.

Je pense que les « fuck », les « tabarnak » n’ont pas leur place non plus lors d’un gala de cette envergure.

Il y a une différence entre un gala et sortir les vidanges.

Safia Nolin a un énorme talent, mais pour moi, elle manque de savoir-vivre. Ce sont deux concepts totalement différents.

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