Livres pour enfants

Fondre pour Biscuit et Cassonade

Biscuit et son petit frère Cassonade ont bien de la chance. Ils ont visité le Mexique et ses pyramides mayas. Caméra au cou, ils ont exploré New York. Ils ont aussi passé une nuit en camping, après avoir dégusté des guimauves grillées.

Or, Biscuit et Cassonade sont… deux moutons en peluche, créés par Caroline Munger. La Québécoise met en scène ses toutous, les photographie et écrit les albums qui racontent leurs aventures – les trois premiers viennent de paraître aux Éditions de la Bagnole. Le résultat est craquant.

Voyageant beaucoup pour son travail en marketing et développement de produits, Mme Munger était en Chine, il y a 10 ans, quand elle a photographié des peluches pour la première fois. Le concept a séduit son entourage. « J’ai continué de le faire, juste pour le fun, indique-t-elle. Plus ça allait, plus je faisais des mises en scène élaborées, des décors, des costumes. »

PÉRIODE DIFFICILE

Il y a moins de deux ans, la trentenaire a traversé une période sombre. Elle a vécu un conflit au travail et un divorce soudain. « Je me suis dit : " O.K., je suis capable de vendre des millions pour quelqu’un d’autre, se souvient-elle. Je peux peut-être essayer de faire quelque chose pour moi ? " Je me suis demandé ce que j’aimais vraiment dans la vie. C’est niaiseux, mais j’aime vraiment faire des photos de mes toutous… »

Mme Munger s’est lancée. « J’ai développé un plan d’affaires pour Biscuit et Cassonade, avec la vente de toutous, des applications web, une émission de télé, énumère-t-elle. La façon la plus simple de commencer, c’était par un livre. »

Un storyboard sous le bras, la jeune femme est partie au Mexique, avec des valises remplies de peluches et de mini vêtements. « Quand je suis revenue, j’ai présenté le livre à trois maisons d’édition, dit-elle. Les trois m’ont fait une proposition. Je n’ai jamais douté que ça allait fonctionner – il y a des choses que tu sens instinctivement. Mais je ne pensais pas que tout irait si vite. »

Une chaîne Youtube de Biscuit et Cassonade est en préparation, comme une émission de télévision. Les albums seront présentés ce printemps à la Foire du livre jeunesse de Bologne, en vue d’être exportés. « Tous les enfants du monde veulent découvrir le monde », souligne Mme Munger. Les peluches des deux moutons devraient, quant à elles, être offertes à l’automne.

COMME SI LA VIE DÉROULAIT LE TAPIS ROUGE

Pour l’instant, il n’y a qu’un seul Biscuit et un seul Cassonade, cousus à la machine par la jeune femme. « Il faudrait que j’en fasse une deuxième paire, parce que quand je pars en voyage, c’est assez risqué, rigole-t-elle. Mais j’ai l’impression que je n’arriverai pas à les recréer, tellement j’ai été guidée pour les faire… C’est comme si la vie me déroulait le tapis rouge et me disait : "Vas-y, Caroline ! Avance, n’aie pas peur." Avec ce projet, c’est comme si un "Higher Purpose of Life" m’attendait, en initiant les jeunes à la découverte du monde. »

À l’automne, les aventures de Biscuit et Cassonade à Paris sortiront, suivies d’un album de Noël et de sports d’hiver. « Quand je prends les photos, je me couche littéralement par terre, pour être à leur hauteur, raconte Mme Munger. Ma lentille est à deux centimètres du sol. » Un seul montage, celui d’un ciel étoilé, figure dans l’album où les moutons font du camping.

Faut-il des autorisations pour photographier des peluches à l’étranger ? « À New York, j’y suis allée freestyle et je n’ai pas eu de problèmes, répond-elle. Mais à Paris, j’ai demandé toutes les autorisations nécessaires. J’ai des photos où on voit la pyramide du Louvre, si bien qu’on paie des droits d’auteur à l’architecte. Mais je ne fais pas des guides de voyage, ça reste des histoires. On ne décrit pas tant les lieux, plutôt l’émotion qui se dégage de leur découverte. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.