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Les nouveaux albums de ces quatre artistes vous aideront à vous rendre au printemps. Faites d’abord leur connaissance.

Vous allez les aimer BEYRIES

Éloge de la sincérité

Elle compose et écrit des pièces sculptées dans l’émotion brute, mais ne se considère ni comme une musicienne ni comme une poète. « Je n’ai pas de formation jazz ou classique, explique la chanteuse folk BEYRIES. Je n’écris pas de textes dans la vie. Je ne peux pas lire la musique ; c’est à peine si je reconnais les accords. Tout passe par la sincérité. C’est la seule chose pour moi qui est tangible. »

Et c’est sans doute cette sincérité qui a rendu tant d’yeux humides quand sa reprise de Je pars à l’autre bout du monde a bercé la finale d’un épisode d’Unité 9, en novembre.

Le premier album d’Amélie Beyries, précédé d’une rumeur enviable grâce à un EP et à une tournée pancanadienne de concerts intimes, offre un condensé de l’âme humaine. Et à 37 ans, la sienne porte la force tranquille des survivantes.

En 2008, un cancer du sein vorace puis une récidive deux ans plus tard l’ont débauchée de son quotidien haut en couleur pour la ramener aux touches noir et blanc du piano familial, qu’elle tapotait de ses doigts menus dès l’âge de 3 ans.

En retrait dans une maison de campagne de Lanaudière, elle a su exhumer les premières compositions de son mal-être. Parmi celles-ci : Soldier, enregistrée avec son ami bassiste Guillaume Chartrain. Sept ans plus tard, la pièce deviendra l’une des cartes de visite de Landing, qui paraît ces jours-ci chez Bonsound.

Taire son nom

En 11 chansons largement autobiographiques, l’auteure-compositrice-interprète articule – en anglais – sa définition de la résilience. Mais tout n’est pas maladie. « Sur The Pursuit of Happiness, par exemple, les gens pensent que c’est moi qui dis “I’m a warrior”, mais c’est un documentaire qui m’a inspirée. Ça raconte l’histoire d’un gars des Navy SEALs qui veut devenir une femme. »

Tout n’est pas maladie, mais la maladie est partout. Dans le retour d’Amélie à la musique après mille métiers, dans sa voix habitée ou encore dans son recul face au succès qui l’attend de pied ferme.

Avant même de tester son matériel auprès des producteurs et des critiques, l’artiste a dû apprendre à se faire confiance. Et à faire confiance à son entourage, qui ne tarissait pas d’éloges sur sa proposition. « Je me faisais dire : “Tu devrais, tu devrais, tu devrais.” Mais c’est sûr qu’une amie qui s’est tapé la mort de sa mère, deux cancers et une dépression va se faire dire : “C’est bon, lâche pas.” »

« Il aurait pu y avoir de l’empathie déplacée, et je ne voulais pas qu’on me prenne en pitié. »

— Amélie Beyries

BEYRIES a pu apaiser ses craintes, puisque sa première maquette est venue aux oreilles de ses proches et collègues sans que son nom y apparaisse. Elle a tôt fait de charmer des piliers de l’industrie, dont le musicien, compositeur et réalisateur Alex McMahon, un ami. C’est lui qui a pris en charge la réalisation du EP et de l’album Landing, auquel un autre ami, Guillaume Chartrain (basse, mixage), et Joseph Marchand (guitare, arrangements) se sont greffés.

Rassurée, forte, rêveuse, la chanteuse chérit sa chance. « Tous les deux ou trois jours, on reçoit une nouvelle extraordinaire. Je me sens très, très privilégiée. » 

La dernière en date ? Une invitation du label indépendant Erased Tapes pour défendre ses chansons dans une église de Londres – « les Beatles y ont joué ! » – lors du Piano Day, à la fin du mois de mars.

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