Course automobile  Billet

Le rêve et la réalité

Le rêve, c’est une journée comme celle que j’ai connue à Trois-Rivières, vendredi dernier, en rallycross. Je n’avais pas dormi la nuit précédente, de peur de ne pas être à la hauteur et de mal comprendre la technique de pilotage du rallye. Je me demandais si je ne m’étais pas embarqué dans une aventure trop difficile, car les essais précédents avaient été courts et non concluants. J’ai passé une partie de cette nuit-là à répéter mentalement mes départs, à parfaire ma technique, car je n’avais pas le choix.

Je n’avais rien à perdre et ma voiture était préparée par l’une des meilleures équipes du plateau. Lors de mes deux premières manches qualificatives, nous sommes sortis en première position et on a de cette façon donné le ton à une journée extraordinaire. Surtout pour moi, mais aussi pour le Grand Prix de Trois-Rivières et tous ceux qui étaient présents. Nous avons même participé à la grande finale pour terminer en sixième position. Ce fut incroyable, mais avec une excellente équipe, c’était possible.

Félicitations à l’organisation, car le circuit était super, mais surtout aux spectateurs, j’en garderai un souvenir inoubliable. Ce fut plaisant de revoir Jacques Villeneuve et de découvrir un nouveau style de course, plutôt explosif !

Jacques était très rapide en début de journée. Sans le bris de sa voiture, il aurait peut-être pris part à la demi-finale et à la finale. Par contre, je me dois de faire une petite critique. Lorsqu’un événement te choisit comme une de ses têtes d’affiche, par respect, tu dois te présenter aux séances de signature d’autographes, à la pige de la position de départ et, surtout, à la conférence de presse. Ne pas se présenter ou arriver une fois que tout est terminé, ça ne donne pas une bonne image aux organisateurs, au sport et surtout à toi-même.

Cette nouvelle discipline fut un succès complet lors de cette première présence, et j’estime que je viens de tracer un autre crochet dans la liste des choses à faire au moins une fois dans ma vie.

Ce fut le rêve, mais la réalité est que le sport automobile est parfois cruel et il le fut, le week-end dernier

TONY STEWART

Le week-end dernier nous a fait vivre l’une des plus grandes tragédies que le sport automobile ait connues à ce jour. Elle est survenue sur un circuit de terre battue dans l’État de New York. C’est après un accrochage entre Tony Stewart et le jeune pilote Kevin Ward que la situation a dégénéré. 

Après l’incident, les officiels ont sorti le drapeau jaune signalant la neutralisation de l’épreuve. Les voitures doivent alors normalement rouler à basse vitesse et c’est le moment où le pilote sort de sa voiture endommagée. Le jeune pilote était visiblement agité et voulait signifier son désaccord à Stewart. Le tour suivant, Stewart est monté dans le haut du circuit et le jeune homme est descendu en marchant. La roue arrière droite de la voiture de Stewart est alors passée sur Kevin Ward et l’a projeté sous la voiture. Il a été traîné sur une distance de plus d’une cinquantaine de pieds et a succombé à ses multiples blessures. La scène fut pénible et choquante pour ceux qui étaient présents.

J’ai visionné la vidéo à plusieurs reprises et regardé plusieurs sites internet. Il y a une énorme divergence d’opinions sur ce qui s’est passé entre Stewart et Ward et on ne s’entend pas sur leur responsabilité. Les partisans de Tony font porter le blâme sur le jeune pilote décédé. Ceux qui ne comptent pas parmi ses grands admirateurs l’accusent.

Je crois que seul Stewart connaît la réponse et qu’il sera le seul à la connaître. Même après 27 ans de course automobile, je dois avouer que la seule vidéo aujourd’hui disponible peut porter à confusion. Ce que je peux affirmer, c’est que l’incident de course a à ce point dégénéré qu’un jeune pilote est décédé. C’est ce qui est le plus triste de toute cette histoire. 

J’offre mes sincères condoléances à la famille et à toute la communauté du sport automobile, parce qu’aujourd’hui, tout le monde a perdu.

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