TRANSPORTS EN COMMUN

Les skis, ces indésirables

Ils sont les bienvenus dans le métro et les autobus de Stockholm, Helsinki et Oslo en tout temps. Mais à Montréal, les skis n’ont pas droit de cité dans le métro et les autobus aux heures de pointe. La situation n’est pas sur le point de changer : il n’est pas question de revoir le règlement.

« Honnêtement, ce n’est pas dans les plans », a affirmé une porte-parole de la Société de transport de Montréal (STM), Amélie Régis.

Les skieurs montréalais ont avalé leur café de travers en décembre dernier lorsqu’ils ont pris connaissance d’une nouvelle rapportée par l’agence QMI : des agents de la STM ont imposé une amende de 102 $ à Mathieu Simard parce que celui-ci transportait des skis de fond dans le métro vers 17 h 10.

La plupart des skieurs ignoraient tout de l’article 11-f du règlement R-036, qui « interdit à toute personne, à moins d’autorisation, de transporter un toboggan, une traîne, un traîneau, un ou des skis, une planche à neige ou tout autre objet ou équipement similaire, durant les heures de pointe, soit de 6 h à 10 h et de 15 h à 19 h ».

Le règlement ajoute que « ces équipements, lorsque permis, tels les skis, doivent être attachés ensemble et ne pas nuire à la circulation à l’intérieur du matériel roulant ».

Il précise que « ces restrictions relatives aux heures de pointe ne s’appliquent pas les samedis, dimanches et jours fériés ».

Ces règles imposent une sévère limite aux skieurs qui n’ont pas les moyens de se payer une voiture ou qui ne veulent pas s’en procurer.

« En ville, quand il y a de la neige, j’aimerais bien aller faire du ski en soirée, tout de suite après le travail. »

— Christian Salette, un adepte de ski de fond qui dépend des transports en commun pour pratiquer son sport

Pour lui, le ski de fin d’après-midi et de début de soirée est impossible. Rencontrer des camarades et partir en covoiturage pour une pleine journée de ski à l’extérieur, un jour de semaine, est également impossible. Tout comme rencontrer les mêmes camarades en fin d’après-midi le vendredi pour partir pour toute la fin de semaine.

Amélie Régis explique qu’il s’agit d’une question de fluidité et de sécurité.

« On a des protocoles très stricts en matière de sécurité, surtout aux heures de pointe, affirme-t-elle. Par exemple, pour éviter tout risque de blessure si un arrêt brusque devait survenir alors que le métro et les bus sont pleins. »

Christian Salette fait observer que les skis de fond placés dans un sac prennent très peu d’espace. Beaucoup moins d’espace que la grosse poche et le bâton du joueur de hockey, ou encore la contrebasse d’un musicien. L’équipement de hockey et les instruments de musique, même volumineux, peuvent voyager n’importe quand.

« J’attendais sur le quai que 19 h arrive et voilà qu’un joueur de hockey sort du métro avec quatre bâtons de hockey. Quatre ! », s’exclame M. Salette.

Mme Régis fait valoir que les skis et les traîneaux peuvent être dotés de carres tranchantes, pas les bâtons de hockey. Elle note qu’il faut couvrir les lames des patins lorsqu’on les transporte dans le métro et les autobus pour justement éviter de taillader involontairement son voisin.

Christian Salette fait toutefois observer que les skis de fond ordinaires n’ont pas de carres de métal et que, de toute façon, ils peuvent être placés dans des sacs.

Il ajoute qu’un assouplissement du règlement ne déclencherait pas une ruée de skieurs dans le métro. « Nous ne sommes pas des milliers ! »

D’ailleurs, la STM n’a imposé qu’une seule amende pour transport illégal de skis en 2016, celle de M. Simard.

en scandinavie

La société de transport en commun d’Helsinki (HSL) fait savoir sur son site internet qu’il y a toujours de la place pour les sacs, les valises, les landaus et les skis à bord. Il faut toutefois veiller à ne pas incommoder les autres voyageurs. C’est la même chose pour Oslo. Le chauffeur peut toutefois décider de refuser les skis s’il détermine que le véhicule est déjà trop plein.

À Stockholm, on peut transporter autant de bagages qu’il est possible de transporter soi-même. Les articles trop gros, comme des meubles, ne sont pas permis, tout comme ceux qui mesurent plus de deux mètres. La plupart des skis peuvent donc voyager à bord, quelle que soit l’heure.

La STM est plus restrictive, ce qui irrite les skieurs.

« Ils nous disent de faire de l’exercice, de bouger, d’être en santé, s’insurge Christian Salette. Ce que je trouve dommage, c’est que la Ville offre des pistes de ski de fond et que la STM ne permet pas d’y avoir accès. Les deux devraient se parler. »

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