Transferts fédéraux en santé

« Nous serons justes », dit la ministre Philpott

OTTAWA — Le ton continue de monter entre Ottawa et Québec au sujet du financement de la santé. Québec cite les écrits universitaires de la ministre fédérale de la Santé Jane Philpott, qui soulignait en 2012 « l’impact négatif » de la formule de financement du gouvernement Harper finalement retenue par le gouvernement Trudeau. Mais la ministre Philpott se dit « confiante » d’en arriver à une entente « juste » avec les provinces. « Nous serons justes, nous serons abondamment justes. Et nous connaissons nos engagements [électoraux] », a-t-elle dit en entrevue à La Presse.

Dans un article sur son site web personnel – tiré d’un travail de maîtrise à l’Université de Toronto en 2012 –, la ministre Philpott écrit que les changements du gouvernement Harper à la « formule de financement […] auront un impact négatif sur les principes fondamentaux de livraison des soins dans le système public ». Le gouvernement Harper avait annoncé une hausse annuelle des transferts fédéraux en santé de 3 % au lieu de 6 % à partir de 2017-2018 – une formule qui sera reprise par le gouvernement Trudeau, a-t-il confirmé dimanche dernier. Les écrits universitaires de Mme Philpott ont été soulignés hier par le ministre québécois de la Santé Gaétan Barrette sur son compte Twitter.

Le cabinet de la ministre Philpott explique que ces écrits sont tirés d’un travail de maîtrise sur « les changements et l’approche globale » du gouvernement Harper par rapport à la Loi canadienne sur la santé. La ministre Philpott fait aussi valoir que le dossier des transferts fédéraux en santé relève du ministre fédéral des Finances Bill Morneau.

En plus de la hausse des transferts de 3 % par an, Ottawa veut investir 3 milliards en soins en domicile et en santé mentale (Ottawa n’a pas précisé si l’argent sera investi sur trois ou quatre ans). Le gouvernement Trudeau se défend d’imposer des conditions aux provinces. « Ce n’est pas notre rôle de discuter de la façon dont les soins sont prodigués, mais nous sommes heureux d’ajouter des ressources pour que davantage de Canadiens aient accès aux soins dont ils ont besoin, dit la ministre Philpott […] Nous n’avons pas eu de discussions sur les conditions. Nous voulons investir, appuyer les provinces, elles sont ravies. »

LES PROVINCES SONT MÉCONTENTES, DIT BARRETTE

Le ministre québécois de la Santé Gaétan Barrette est tout sauf « ravi ». Hier, il a rappelé qu’il « n’est pas question » que Québec accepte des conditions d’Ottawa. « Le fédéral a fait le choix politique de limiter l’accès aux soins. […] [Les provinces sont] toutes sur la même page, il n’y a personne de content », dit le ministre Barrette, qui invite les gens à « mettre de la pression » sur leurs députés fédéraux. 

« Le gouvernement fédéral ne veut pas, clairement, que vous ayez accès au niveau approprié de soins au Canada. »

— Gaétan Barrette, ministre de la Santé du Québec

La ministre Philpott se fait plus conciliante, soulignant sa « très bonne relation avec le ministre Barrette » qui « reconnaît que les soins à domicile sont un défi, comme à d’autres endroits au Canada », dit-elle. Le gouvernement Trudeau veut faire des ententes bilatérales avec chacune des provinces, incluant « une entente faite pour le Québec », assure la ministre Philpott.

FRAIS ACCESSOIRES : PÉNALISER QUÉBEC, UNE « SOLUTION DE DERNIER RESSORT »

Ottawa imposera-t-il des pénalités financières au Québec dans le dossier des frais accessoires comme le lui permet la Loi canadienne sur la santé ? La ministre fédérale Jane Philpott n’a pas pris sa décision. « Nous avons la compétence pour le faire, mais c’est vu comme une solution de dernier ressort. […] Le fait que le Québec a changé son approche sera pris en considération », affirme la ministre Philpott, qui se dit « ravie » de la décision de Québec d’abolir les frais accessoires. En septembre dernier, Ottawa a envoyé une lettre à Québec à ce sujet faisant mention de la possibilité d’imposer des pénalités financières au Québec en 2014-2015 pour les frais accessoires imposés par les médecins québécois.

— Avec la collaboration de Tommy Chouinard, La Presse

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