Laval

Une occasion de tourner la page, croit le maire Demers

Réorganiser une ville désorganisée. Tel a été l’objectif commun de l’administration du maire Marc Demers et de l’École nationale d’administration publique (ENAP) pour tourner la page sur la gestion de la Ville de Laval marquée par les transgressions sous le règne de Gilles Vaillancourt.

Depuis novembre 2014, 10 professeurs de l’ENAP ont accompagné Laval afin d’opérer des changements en profondeur. Ce projet a vu le jour à la faveur de l’élection du maire Demers en novembre 2013.

« L’ENAP m’a approché alors que je n’avais pas encore prêté serment parce que les professeurs voulaient faire de Laval un cas d’étude et d’enseignement. J’y ai vu une belle occasion pour entamer le redressement de Laval alors que je m’aventurais sur un terrain que je connaissais peu. Ça nous donnait un œil extérieur et indépendant pour nous conseiller », relate Marc Demers.

Ce dernier rappelle le grand sentiment d’insécurité qui régnait, alors que l’hôtel de ville avait été plongé dans la controverse. Gilles Vaillancourt avait démissionné en novembre 2012 sous la pression de l’enquête policière de l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Six mois plus tard, l’ancien maire était arrêté et accusé de fraude, corruption, complot et, surtout, de gangstérisme. En juin 2013, le gouvernement décrétait la mise sous tutelle de Laval, qui serait maintenue jusqu’à l’arrivée de l’administration Demers. Et la semaine dernière, Gilles Vaillancourt plaidait coupable à des accusations réduites de complot, fraude et abus de confiance et remboursait 9 millions à Laval ; il a immédiatement été incarcéré et connaîtra sa sentence jeudi prochain.

Pour faire oublier toute cette tourmente et redonner confiance aux fonctionnaires ainsi qu’à la population, la proposition de l’ENAP tombait donc bien, selon M. Demers. 

« J’ai trouvé l’idée séduisante. C’était une police d’assurance qu’on allait pouvoir vraiment redonner l’élan à Laval. »

— Marc Demers, maire de Laval

M. Demers souligne que « se faire conseiller et aller chercher l’avis d’experts n’est pas un signe de faiblesse en politique. Au contraire ».

REDRESSEMENT ADMINISTRATIF

Les travaux avec l’ENAP se sont poursuivis jusqu’à l’hiver dernier. Outre la direction générale, 16 services municipaux, le Bureau des grands projets et celui sur l’intégrité et l’éthique (BIEL) ainsi qu’une centaine d’employés et de gestionnaires ont participé à l’exercice.

Vingt-cinq chantiers ont été ouverts. Ils ont permis des débats et des transformations dans les opérations quotidiennes et très concrètes de la Ville (reddition de comptes, application des règles d’éthique). C’est ce qui a entraîné entre autres choses l’adoption d’une planification stratégique jusqu’en 2020, la révision de la Charte de Laval afin de redonner au conseil municipal les pouvoirs qui étaient concentrés jusque-là entre les mains du maire, ainsi que le développement d’expertises à l’interne concernant les ressources humaines, les services juridiques et les communications.

De plus, le schéma d’aménagement datant de 1990 a enfin été révisé, alors qu’il aurait dû l’être tous les cinq ans. Le pouvoir contractuel du vérificateur général a été accru, tout comme celui d’initiative de l’ombudsman.

Ce processus de transformation n’est toutefois pas terminé. Il devrait s’échelonner sur plusieurs années, souligne l’ENAP dans son rapport intitulé Ville de Laval, la mutation administrative d’une organisation municipale ébranlée, rendu public le printemps dernier.

Le professeur d’éthique de l’ENAP Yves Boisvert salue la collaboration de la Ville de Laval, qui s’est soumise volontairement à cet exercice de transparence. « En peu de temps, il y a eu un énorme chantier de changements mis en place. Cela implique maintenant une intégration de cette nouvelle culture. Le processus est entamé. »

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