Ni X ni Y, ils sont « xéniaux »...
Les Xennials, ou en français, les xéniaux. Devenu viral sur les réseaux sociaux, c’est le nouveau nom donné à ceux qui sont nés à la fin des années 70 ou au début des années 80. Ni X ni Y.
« Je suis une xéniale, dit Catherine Pogonat, animatrice de L’effet Pogonat à ICI Musique. Je fais partie de cette petite tranche qui est à cheval sur deux générations, les X et les milléniaux. On associe beaucoup les milléniaux à un optimisme débordant et à une espèce de je-m’en-foutisme professionnel. Je ne me reconnais pas du tout là-dedans. Je ne me reconnais pas non plus dans la génération X, qui était plutôt No Future et qui a dû se battre pour se faire une place. »
Comment définit-on une génération ? « Comme un groupe de personnes qui ont à peu près le même âge et qui ont vécu, le plus souvent pendant leur enfance ou au début de l’âge adulte, des événements historiques particuliers, tels qu’une crise ou une période de prospérité économique, une guerre ou des changements politiques importants, indique Statistique Canada dans le document Les générations au Canada. Ces événements peuvent influencer leur vision du monde. »
C’est le cas des (nombreux) baby-boomers, nés après la Seconde Guerre mondiale, entre 1946 et 1965. Et de la génération X, dont les membres ont vu le jour entre la fin du baby-boom et la fin des années 70. Quant à la microgénération des xéniaux, elle est formée de gens nés entre 1977 et 1983, selon le site australien Mamamia, qui a récemment popularisé ce néologisme.
« Trouver des noms comme celui-là pour nommer des générations, c’est beaucoup plus une manie de sociologues qu’une pratique de démographes, commente Alain Bélanger, directeur des programmes de démographie à l’Institut national de la recherche scientifique. Vous m’apprenez ce nouveau terme. Il est vrai qu’il existe un effet de génération qui fait que les personnes nées à peu près à la même époque connaissent des changements sociaux similaires, qui peuvent façonner en partie leurs comportements. Mais on généralise beaucoup trop, à mon avis. »
Plus de 800 000 Xéniaux
Le Québec compte un peu plus de 800 000 xéniaux, aujourd’hui âgés de 34 à 40 ans, d’après les données sur la population de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Nés en même temps que l’émission culte pour enfants Passe-Partout, en 1977, ils ont ensuite regardé en chœur Le Club des 100 watts, diffusé à partir de 1988 à Radio-Québec.
« On a toujours gardé une certaine nostalgie sympathique pour ce qu’on a écouté quand on était petits », note Catherine Pogonat.
« Quand la génération xéniale a vraiment monté dans le monde artistique, les références aux années 80 sont arrivées en rafale, parce que c’est la décennie phare de cette microgénération. »
— Catherine Pogonat, animatrice de L’effet Pogonat à ICI Musique
Encore faut-il s’entendre sur la nature de ces références aux années 80. Pendant que la génération X écoutait U2 ou les Beastie Boys, les xéniaux entonnaient les succès de New Kids on the Block, Joe Bocan et Mitsou. « On était très nombreux à chanter Mitsou sans comprendre du tout de quoi elle parlait, ce qui mettait nos parents mal à l’aise », relève Catherine Pogonat.
Caméléon générationnel
« Sorte de caméléon générationnel, le xénial a connu un monde où il fallait dire bonjour aux parents avant de parler au téléphone avec ses amis », souligne l’édition belge du Paris Match. C’est inimaginable aujourd’hui, mais en 1998, quand les xéniaux avaient entre 15 et 21 ans, à peine 13 % des Québécois avaient un cellulaire, selon l’ISQ. Et ce n’était pas eux.
« Je pense que ce qui caractérise les xéniaux, c’est d’avoir à la fois un côté optimiste et un côté vieille école, parce qu’on n’a justement pas été biberonnés à la technologie comme les plus jeunes », observe Catherine Pogonat. Ou, comme le dit Paris Match, le xénial a « la souplesse du champion du monde à Twister, en glissant quelques magazines dans sa valise de vacances, tout en checkant une dernière fois son compte Tinder et en postant une photo de sa valise sur Instagram. » Le meilleur des deux mondes, en fait. C’est une xéniale qui l’écrit…
Population du Québec qui avait, en 2016
33 ans : 112 145
34 ans : 116 119
35 ans : 120 197
36 ans : 120 505
37 ans : 117 388
38 ans : 114 973
39 ans : 113 996
Total : 815 323
Source : Population du Québec par âge et sexe, 2001 à 2016, Institut de la statistique du Québec.
Ils sont nés en…
1977 : Corneille, auteur-compositeur-interprète
1978 : Vincent Vallières, auteur-compositeur-interprète
1979 : Mélanie Joly, avocate et ministre
1980 : Mike Ribeiro, hockeyeur
1981 : Martine Desjardins, présidente du Mouvement national des Québécois et Québécoises (MNQ)
1982 : Magalie Lépine-Blondeau, actrice
1983 : Karine Vanasse, actrice