Opinion  Santé

Le comprimé ou la thérapie ?

La pilule du gouvernement est difficile à avaler pour les patients

Une étude dont les conclusions ont été publiées dans Le Soleil cette semaine nous apprenait que 30 à 50 % des résidents en CHLSD consomment à un moment ou un autre un médicament de la famille des antipsychotiques, des pilules utilisées entre autres pour traiter la schizophrénie.

Chez les personnes âgées souffrant de démence, l’utilisation de ces médicaments pour une indication qui n’a pas été approuvée par Santé Canada sert à traiter les troubles de comportement. Selon un expert, dans un monde idéal, ce taux devrait être tout au plus de 10 %. De surcroît, son utilisation devrait être de courte durée, au plus faible dosage possible. 

Or, nous voyons souvent des patients chez qui ces médicaments sont prescrits depuis plusieurs années, et ce, à de fortes doses. Le Québec se démarque par rapport aux autres provinces et pays industrialisés par son haut taux de prescription.

Malheureusement, le Québec est aussi chef de file en matière de consommation de Ritalin et autre psychostimulants utilisés dans le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Le nombre de comprimés avalés en 2014 a bondi de 12 % par rapport à l’année précédente. Cette hausse exponentielle se chiffre à 56 % en 5 ans. Certes, la hausse du nombre de diagnostics du TDAH dans la province y est pour quelque chose, mais c’est à se demander si notre culture de consommation de médicaments y serait également pour quelque chose.

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux du Québec prônait cette semaine une meilleure couverture et accessibilité à la psychothérapie dans le système public. Elle soutient que cette approche obtient d’aussi bons résultats que la pharmacothérapie à court terme, tout en prévenant davantage les rechutes dans les troubles anxio-dépressifs à moyen et long terme. 

Les études démontrent que dans les pays avec un système de santé public, il est plus économique à long terme d’investir en psychothérapie qu’en médication. 

J’ajouterai que le même constat doit se faire dans le traitement de conditions musculosquelettiques, où la physiothérapie et l’ergothérapie devraient être beaucoup plus accessibles au public. Sans accès, le patient n’a d’autre choix que de ronger son frein en invalidité, en prenant une panacée d’analgésiques afin d’endormir le mal et espérer que le temps règle les choses.

PAS LE CHOIX

On veut nous faire croire que devant tout problème de santé, vous avez accès à deux sortes de traitement, soit la thérapie et la médication. Les choix, pour la portion des gens qui n’a pas d’accès au privé, sont faits par le gouvernement en place, avec des politiques d’austérité et un objectif d’équilibre budgétaire. On voit abolir les postes de psychoéducateurs, d’éducateurs spécialisés et de psychologues en milieu scolaire, de même qu’une hausse de la taille des groupes d’élèves en difficulté, ce qui n’encourage pas un environnement sain et humain pour les élèves souffrant de TDAH.

De plus, le personnel soignant des CHSLD nous alerte sur le manque de ressources humaines pour encadrer les gens souffrant de démence et sur la paucité du personnel spécialisé. Ajoutez un phénomène de roulement du personnel, et vous obtenez une situation peu propice à atténuer les troubles de comportement chez les gens souffrant de démence.

En coupant partout, le gouvernement fait avaler une pilule aux patients au détriment de la thérapie. Ainsi, ces patients ne sont pas devant un véritable choix. Le choix du gouvernement lui, est clair. Il préfère une solution rapide et moins coûteuse à court terme, mais qui se révèlera plus onéreuse à long terme. 

Et vous, quel chemin désirez-vous prendre ?

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