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Faire le tri avant sa mort

Après le hygge et le lagom, voici le döstädning. Dö signifie « mort » et städning, « rangement ». Une philosophie venue de Suède qui consiste à se délester du superflu avant sa mort.

L’auteure suédoise Margareta Magnusson est devenue un véritable phénomène. Elle a, dit-elle avec beaucoup de fantaisie, entre 80 et 100 ans. Son livre Mettez de l’ordre dans votre vie, traduit en 29 langues, est, à sa grande surprise, un best-seller. « C’est fantastique », lance-t-elle au bout du fil, jointe chez elle en Suède. La dame confie qu’elle revient tout juste d’Angleterre, où elle était l’invitée d’un salon du livre. Elle y a rencontré des centaines de personnes adeptes de cette idée très pragmatique et pleine de bon sens de faire du rangement avant sa mort.

« Je pense qu’il est important de faire le tri, de jeter tous les objets inutiles, vêtements, linge de maison, casseroles, vaisselle, bibelots, livres, meubles, avant votre mort, explique-t-elle. Car vous ne voulez surtout pas laisser vos enfants le faire. Quelle tâche ingrate et éprouvante. Ils ont autre chose à faire ! »

Et de grâce, par égard pour vos proches, faites disparaître tout objet gênant : « Gardez votre vibro préféré, mais jetez les 15 autres ! », écrit-elle dans son livre avec un humour très second degré.

Une libération

Selon Margareta Magnusson, le concept de döstädning est loin d’être triste, au contraire. « C’est libérateur, vous ne pouvez pas imaginer à quel point ça fait du bien », constate-t-elle.

« Quelle satisfaction de vivre dans un appartement désencombré ! Oui, on passe à travers des souvenirs qui sont parfois douloureux, mais c’est nécessaire et vous serez satisfait. Prévenez vos amis et vos petits-enfants et invitez-les à venir se servir dans votre bric-à-brac, vendez, bradez et donnez à des associations. »

— Margareta Magnusson

À son âge vénérable, Margareta Magnusson estime être en droit de faire partager ses expériences. Diplômée de l’école de design Beckman de Stockholm, artiste, mère de cinq enfants et grand-mère de huit petits-enfants, elle a déménagé 17 fois au cours de sa vie, en Suède et à l’étranger. La première maison qu’elle a eu à vider était celle de ses parents, après la mort de sa mère. Elle a découvert alors que sa mère, très organisée, avait laissé des notes et des étiquettes collées sur de nombreux objets de la maison en indiquant ce qu’il fallait en faire dans les moindres détails ! Ce qui lui a grandement simplifié la tâche.

« Moi-même, à la mort de mon mari, après 48 ans de vie commune, j’ai quitté la maison et emménagé dans un plus petit appartement. Ce n’était pas facile de faire le tri de toutes ses affaires, j’en ai profité pour ranger les miennes. »

À quel âge doit-on commencer à se débarrasser de ses possessions ? « À 65 ans, c’est un bon âge, mais vous pouvez le faire bien avant, car de cette façon, vous pourrez profiter pleinement de votre maison allégée. »

Elle souligne qu’à l’époque des Vikings, lorsqu’un proche mourait, il était enterré avec de nombreux objets qui lui avaient appartenu. De cette façon, la personne ne manquait de rien dans l’autre monde. « Aujourd’hui, avec tout le bazar que les gens entassent, il faudrait les ensevelir dans des sépultures de la taille d’une piscine olympique ! », écrit Margareta Magnusson.

Elle espère que son livre fera réfléchir. « On achète trop de choses, constamment. Pour nous, nos enfants, notre maison, on accumule et on surconsomme, on le sait tous, mais on ne passe pas à l’action. »

Mettez de l’ordre dans votre vie, pour alléger celle des autres

Margareta Magnusson

Éditions Édito

160 pages

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