La Presse en Grèce

Le Non joyeux

ATHÈNES — Des milliers de personnes sont descendues calmement, surtout joyeusement, sur la place Syntagma au cœur d’Athènes, pour célébrer hier soir la victoire du Non au référendum sur le dernier plan d’austérité européen.

Des gens de tous les âges, de tous les métiers, souvent une bière à la main et un drapeau dans l’autre, ont commencé à marcher vers la place en après-midi, dès que les premières rumeurs sur l’avance du Non ont commencé à circuler.

« Pourquoi je suis ici ? Parce que je suis pauvre », explique Myrto Groumpa, jeune étudiante en métallurgie dans une école technique, qui a passé la soirée sur la place. « Mon Non n’est pas un Non à l’Europe, mais c’est une demande pour qu’elle comprenne nos problèmes », explique-t-elle.

« Nous fêtons la tête haute ce premier pas vers l’indépendance », poursuit Stavroula Bartzakli, qui travaille à l’Université du Pirée et qui est venue avec ses amies, dans la quarantaine comme elle, célébrer la victoire de son option politique. « Nous voulons l’Europe, mais nous voulons une autre Europe. Une Europe humaine, de justice, du peuple. Pour tout dire, on n’attendait pas ce résultat. »

Hier, non seulement le Non a gagné contre toute attente, mais il a remporté le scrutin avec une marge claire avec plus de 60 % des votes.

« Je célèbre mon choix de dire non. Je célèbre l’espoir », commente pour sa part Eleni, chômeuse, descendue sur la place avec sa copine Vicky, qui travaille dans l’industrie du spectacle et n’en peut plus de ne pas pouvoir trouver du travail payé plus que 400 euros par mois.

« On veut l’Europe, mais on veut la démocratie en Europe. »

— Vicky Papoutsakis

Un peu plus loin, entre des touristes qui font des égoportraits et une foule entonnant d’anciennes chansons révolutionnaires du temps de la dictature, alors que la présidente du Parlement grec, Zoe Konstantopoulou, est accueillie comme une rock star par les manifestants scandant son nom, Vassilis Martsakis, qui travaille au ministère de la Culture, prend des photos de la soirée pour se rappeler ce moment historique. « Je suis ici pour fêter notre Non. Ce qu’il veut dire ? C’est notre réaction à ce qui se passe ici depuis cinq ans. »

L’austérité, les Grecs n’en peuvent plus.

« Nous aimerions que ce Non soit révolutionnaire, mais nous ne nous faisons pas d’illusion, poursuit-il. Mais c’est un premier pas au moins. »

Il était temps, dit-il, que les dirigeants européens comprennent que « ce projet collectif qu’est l’Europe n’est pas qu’une question de chiffres, d’argent, de marché. Que derrière ça, il y a des humains ».

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.