Médias

Le Washington Post, deux fois par jour

Les propriétaires de la tablette Amazon Fire ont droit depuis jeudi à une nouvelle application mobile du Washington Post qui offre deux éditions quotidiennes (l'une le matin et l'autre le soir), ainsi qu’une mise à jour des nouvelles de dernière heure. Il s'agit d'un premier signe visible de l’achat du célèbre quotidien par le milliardaire Jeff Bezos, propriétaire du géant Amazon, qui, dit-on, a participé intimement à la conception de l’application qui misera principalement sur les nouvelles nationales et internationales. Gratuit pour les six premiers mois, l’abonnement mensuel coûtera par la suite entre 3 et 5 $.

— Nathalie Collard, La Presse

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Amazon fait de la bonne télé

Quelle est la meilleure série de la rentrée aux États-Unis ? Si l’on se fie aux critiques de télévision, il s’agit de Transparent, une série que vous ne verrez pas sur une chaîne conventionnelle mais plutôt sur Amazon, qui s’est lancée récemment dans la production de contenus télévisuels. Les scénaristes n’ont plus peur de sortir des sentiers battus et de proposer leurs projets à des producteurs moins frileux que les grandes chaînes généralistes. Le personnage principal de Transparent est une transgenre. La série aurait-elle pu être diffusée sur ABC ou CBS ? La question se pose.

— Nathalie Collard, La Presse

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Quel avenir pour les journalistes pigistes ?

Quel impact aura la vente des magazines de TC Media sur les conditions de travail des journalistes pigistes ?

C’est la question que bien des gens se posent presque une semaine après l’annonce de l’achat par TVA Publications de 15 magazines, dont Véro, Coup de pouce et Elle Québec.

« Honnêtement, quand j’ai appris la nouvelle, j’étais sous le choc, affirme Cécile Gladel, journaliste indépendante qui collabore à plusieurs magazines appartenant à TC Media. J’ai cessé de travailler pour TVA Publications depuis qu’ils imposent un contrat qui exige de céder nos droits moraux. Par principe, je refuse de signer un tel contrat. Aujourd’hui, je me demande si les magazines pour lesquels j’écris – que ce soit Coup de pouce ou Elle Québec – vont devoir adopter le même. Si oui, c’est une partie de mes clients qui va disparaître. »

La plupart des collaborateurs et employés de TC Media qui ont accepté de nous parler l’ont fait à condition de conserver l’anonymat. La réaction est la même partout : on encaisse la nouvelle et on s’inquiète pour la suite des choses. « Le moral est plutôt bas et morose, observe un employé d’un des 15 magazines inclus dans la transaction. C’est encore plus le cas pour ceux et celles qui ont déjà travaillé pour le nouvel acquisiteur. »

« Est-ce que les équipes en place seront conservées ? se demande une autre pigiste qui cumule plusieurs années d’expérience en journalisme. TVA Publications offre des conditions de travail médiocres aux pigistes, c’est inquiétant pour la suite de savoir que nos conditions pourraient diminuer. Les jeunes qui commencent dans le métier ne verront pas la différence, mais pour moi, qui avais réussi à me négocier de meilleurs tarifs, ce n’est pas réjouissant. Et je serais étonnée que TVA Publications honore les ententes que j’ai négociées avec mes clients actuels. »

Cette même journaliste voit cependant un aspect positif à la transaction : l’impact sur les sites web des magazines. « Le numérique était le talon d’Achille de TC Media, note-t-elle. Ils ont mis du temps à prendre le virage. TVA Publications est plus au fait et possède plus de plateformes. Les magazines vont en bénéficier. »

HONORER LES CONTRATS DE TC MEDIA

Dans un communiqué publié la semaine dernière, l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) disait souhaiter que TVA Publications honore les contrats de TC Media. « La situation n’est déjà pas drôle pour les pigistes, qui ont vu leurs revenus diminuer de 30 % au cours des dernières années, souligne Simon Van Vliet, vice-président affaires stratégiques et juridiques à l’AJIQ. On attend de voir si la transaction sera autorisée par le Bureau de la concurrence, mais il est certain qu’on trouve cela inquiétant. »

« TVA Publications est reconnue pour proposer un des pires contrats du milieu. On aimerait bien pouvoir s’asseoir avec eux et discuter. On veut s’assurer que cela ne représente pas un autre recul pour les pigistes. C’est l’avenir de la profession qui est en jeu, selon nous. »

— Simon Van Vliet, vice-président affaires stratégiques et juridiques à l’AJIQ

Même son de cloche de la part d’une journaliste qui vit de sa plume de pigiste depuis plus de 20 ans. « Peut-on vivre du journalisme à la pige au Québec alors qu’on nous propose un journalisme au rabais ? Les conditions actuelles poussent les jeunes à se tourner vers le journalisme de marque (ou journalisme commandité) pour gagner leur vie. C’est ça qu’on veut ? C’est dommage, car pour moi, cela signifie la fin du métier tel qu’on le connaît. »

« Est-ce que je vais pouvoir continuer à gagner ma vie comme journaliste ? », se demande pour sa part Cécile Gladel, une des cofondatrices de RueMasson.com, un média local qui entame sa cinquième année d’existence mais qui ne lui verse toujours pas de salaire. Je dis souvent que je préférerais travailler au McDo plutôt que de signer le contrat de TVA Publications. Si tout le monde était solidaire et refusait en bloc de signer ce contrat, on aurait un plus fort pouvoir de négociation et on pourrait peut-être faire changer les choses. »

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