Éditorial  Fierté Montréal

Le prochain combat

Bien qu’il existe toujours de l’homophobie dans la société, elle est moins présente que la transphobie

Quel sera le prochain combat de la communauté LGBT ? Alors que commencent aujourd’hui les célébrations de Fierté Montréal, la question est pertinente. Depuis 30 ans, cette communauté a livré (et gagné) plusieurs batailles en Amérique du Nord.

Or, elle fut longue et éreintante la route vers l’égalité des droits. D’abord, il y a eu le combat pour la survie. À la fin des années 80, au plus fort de l’épidémie du sida, les gais ont été dans l’obligation de s’organiser avec leurs propres moyens, sans l’appui des autorités et de la santé publique. Les militants sont montés au front, luttant à la fois contre la maladie, les préjugés, l’inaction politique.

Après, ce fut l’affrontement juridique pour enrayer la discrimination. Cette bataille s’est terminée, en juin dernier, avec la décision de la Cour suprême de légaliser le mariage gai partout aux États-Unis. Puis, chez nos voisins du Sud, l’engagement politique des LGBT a été reconnu par le président Obama, en janvier 2013.

Lors de son discours inaugural, Obama a mentionné les émeutes de Stonewall parmi les moments importants dans l’histoire des droits civiques.

Si le terrain de la morale et la religion reste plus miné, les gais viennent d’y remporter une victoire importante. Le 27 juillet, Boy Scouts of America a décidé de ne plus interdire l’embauche de chefs scouts homosexuels dans son organisation très religieuse.

LA LETTRE INVISIBLE

Longtemps, le T de la communauté LGBT a été moins visible. Le prochain défi est donc celui de l’acceptation des transgenres et des transsexuels. En 2015, des personnalités ont dévoilé publiquement leur changement de sexe, donnant enfin une visibilité à une communauté qui a cruellement besoin de porte-paroles.

Laverne Cox, l’actrice de la série Orange is the New Black, a participé à des événements LGBT, dont la Gay Pride à Toronto. L’auteure et ex-éditrice de People Magazine Janet Mock a lancé un livre sur le sujet. Jazz Jennings, avec son émission de téléréalité I am Jazz, sur la chaîne TLC, est devenue, à 14 ans, le visage des adolescents qui vivent le processus de changement de sexe avec leur famille. Et bien sûr, il y a eu le « coming out » de Caitlyn Jenner, dont la photo à la une du Vanity Fair a fait le tour du monde.

Bien qu’il existe toujours de l’homophobie dans la société, elle est moins présente que la transphobie. Les transgenres ont les taux de suicide et de pauvreté les plus élevés de toute la communauté LGBT. Ils et elles doivent encore lutter pour garder leur emploi. Un grand nombre de transsexuelles sont des travailleuses du sexe toxicomanes.

On assimile encore leurs différences à des problèmes d’identité, voire de santé mentale. En ce sens, les transgenres font face aux stéréotypes qui, jadis, visaient les gais. Il n’y a pas si longtemps, on demandait systématiquement à un couple gai : qui fait l’homme et qui fait la femme ? Et maintenant, il y a des gens qui militent pour interdire l’accès aux toilettes des femmes aux transsexuelles !

Un exemple parmi tant d’autres pour illustrer que l’inconnu fait toujours peur. Et qu’il faut informer la population de la réalité des transgenres.

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