Roadster

Classiques… et électriques

Une technologie de l’avenir, la voiture électrique ? Pas seulement. Les nostalgiques de voitures anciennes pourraient voir revivre certains de leurs classiques favoris, ou pourraient eux-mêmes convertir une partie de leur propre collection, grâce à des trousses de conversion qui font le pont entre hier et demain.

Une de ces trousses a d’ailleurs officiellement vu le jour plus tôt cet hiver dans les studios d’Aston Works à Newport Pagnell, en Angleterre. Durant la mise au point des composants électriques qui animeront sa future Rapide E, la prestigieuse marque britannique s’est aperçue qu’elle pourrait en décliner une version qu’il suffirait de déposer sous le capot de certains de ses modèles anciens afin de leur permettre également de prendre le virage de l’électrification.

Aston Martin Works a d’ailleurs présenté une DB6 MkII Volante millésime 1970 munie de cette « cassette », qui s’assoit sur les montants originaux de la cylindrée et de la boîte de rapports qu’elle remplace. Un écran numérique discret est aussi ajouté au tableau de bord, pour informer le conducteur de l’état de la batterie. Le constructeur n’a pas fait mention de l’autonomie qu’il serait possible d’atteindre avec une pleine charge des batteries, mais la Rapide E, dont la technologie s’inspire, devrait pour sa part pouvoir parcourir plus de 300 km entre deux charges.

L’exercice a une valeur importante aux yeux des collectionneurs, plusieurs craignant que des normes environnementales plus strictes empêchent les voitures anciennes de circuler librement sur la voie publique, précise Paul Spires, président d’Aston Martin Works. Une telle technologie préservera donc leur valeur, marchande aussi bien qu’émotionnelle, à plus long terme.

« Ça faisait un bout de temps qu’on cherchait un moyen de protéger l’investissement de nos clients à long terme. Conduire une Aston Martin classique et électrique est une expérience assez unique qui fera notamment l’affaire des gens vivant en ville. »

— Paul Spires, président d’Aston Martin Works

Aston Martin annoncera d’ici la fin de l’année combien coûtera l’électrification d’un de ses modèles classiques. Pour l’instant, rien ne laisse croire qu’une trousse du genre permette un jour de convertir n’importe quel modèle de roadster en véhicule électrique. Chaque modèle est unique et un kit particulier devrait être conçu pour chacun d’entre eux afin de changer le mode de propulsion.

Bolide royal

Le printemps dernier, quand le prince Harry et l’ex-actrice Meghan Markle se sont mariés, ils ont quitté la cérémonie en douce à bord d’une Jaguar E-Type Series 1.5 datant de 1968, mais qui serait aussi la première voiture classique convertie à l’électricité par un grand constructeur.

Inutile de dire que pour Jaguar, qui a ses propres plans de commercialisation de véhicules zéro émission, c’était tout un coup de pub. Mais ça a aussi motivé le constructeur à confirmer la production d’une série d’exemplaires de la Concept Zero E-Type, une décapotable fort moderne, mais aux allures d’un classique… et, pourrait-on dire, d’un classique en devenir à part entière. Ce modèle prendra officiellement la route à l’été 2020, assure-t-on chez Jaguar.

« La réaction à la présentation de cette voiture nous a pris de court. Préserver le plaisir de conduire des anciens classiques Jaguar est un bond en avant pour la marque. L’E-Type Zero incarne à la fois l’héritage de l’E-Type et la volonté de Jaguar Land Rover de créer des véhicules propres d’un bout à l’autre de sa gamme », résume Tim Hannig, directeur de la division Jaguar Land Rover Classic du groupe britannique.

Un « faux classique » assemblé au Canada

Aston Martin et Jaguar misent sur l’électrification pour donner une deuxième vie à certains de leurs anciens modèles les plus reconnus. Pour des sociétés dont l’histoire reste encore à faire, emprunter des formes plus classiques dans la conception de leurs propres véhicules est un bon moyen d’attirer l’attention également.

C’est précisément la stratégie d’Electra Meccanica, entreprise de Vancouver qui a amorcé la mise en marché ces jours-ci des premiers exemplaires de la Solo, petite citadine électrique très abordable. Electra Meccanica est une société cotée au NASDAQ, la Bourse technologique de New York, depuis août dernier.

Pour convaincre les investisseurs du sérieux de sa démarche, le constructeur a dévoilé des plans pour un roadster d’allure futuriste, appelé Tofino, plus tôt l’an dernier. Electra Meccanica a également présenté un eRoadster, voiture électrique produite conjointement avec la société Intermeccanica rappelant une décapotable d’une autre époque : la Porsche 356 Speedster produite entre 1950 et 1965, pour être plus exact.

Ce véhicule est construit sur demande seulement, et ne compte que pour une part très négligeable des quelque 64 000 précommandes confirmées pour les véhicules du constructeur canadien. Mais même s’il attire avant tout les nostalgiques, il ne manque pas de faire rêver à un avenir pas si lointain où la voiture électrique se conjuguera elle aussi au passé…

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