Gestion des finances

Bas, briques et oreillers

Voici quelques pistes de réflexion en vue d’un souper à la chandelle, idéalement en tête-à-tête…

Bas de laine et bas de nylon

« Une minorité de gens planifient la retraite ensemble, déplore Hélène Belleau. C’est là que le bât blesse. »

Car les bas de laine de retraite respectifs du couple n’auront peut-être pas la même pointure.

« Il y a juste 25 % qui essaient d’équilibrer l’épargne en faisant des placements l’un pour l’autre. C’est assez majeur. »

C’est en cas de séparation que le bas (de laine) blesse. « Même s’ils ont essayé d’équilibrer les choses, s’il y en a un qui a pu mettre de l’argent de côté et l’autre pas du tout, la vie conjugale familiale a coûté très cher pour la personne qui n’a pas pu épargner. Et ce sont des années qui ne se rattrapent pas. »

Le plus souvent, c’est le conjoint qui porte des bas de nylon qui se retrouve sans bas de laine.

Des briques et un fanal

Les briques apportent un peu de lumière dans le portrait que trace l’enquête d’Hélène Belleau, tout de même.

« Quand les gens achètent une maison, à environ 70 %, les deux conjoints mettent leur nom sur la maison, indique-t-elle. C’est une donnée qu’on n’avait pas du tout avant. Ça veut dire que les gens ont vraiment pris l’habitude de mettre le nom des deux conjoints sur la maison.

« C’est la bonne nouvelle, parce que c’est souvent le principal bien que les couples possèdent. »

Discussion sur l’oreiller et argent sous le matelas

La communication est la pommade qui prévient toute friction financière dans le couple ? « Non », répondent en chœur nos deux chercheuses.

« C’est une chose qu’on dit aux gens de faire. Mais dans les faits… », commence Hélène Belleau, « … ça peut être contreproductif de forcer une discussion que l’autre n’est pas prêt à avoir », termine Delphine Lobet.

Comment contourner le problème ?

« Arrangeons l’organisation financière autrement pour faire en sorte qu’on ne soit pas obligés de communiquer tout le temps », répond Hélène Belleau.

Il s’agit de trouver un argument « qui met de l’avant les intérêts du couple ».

On peut aussi se rencontrer en terrain neutre. La notaire et planificatrice financière Guylaine Lafleur, du cabinet Bachand Lafleur Groupe conseil, suggère « de consulter un planificateur financier, un notaire. Dans le fond, il faut aborder les chiffres ».

Le budget est indispensable ?

Un couple doit-il tenir un budget ? Ce n’est pas indispensable, répond Hélène Belleau.

Le budget est un outil utile pour contrôler les dépenses. « C’est logique, ça nous donne de l’information. Mais dans certains couples, ça crée des problèmes, carrément. »

Si les deux conjoints n’y voient pas la même nécessité, ils n’y mettront pas les mêmes efforts. Il peut devenir un outil de contrôle pour le conjoint qui en possède les clés.

« S’il y a un conflit à cause du budget, ce n’est pas le budget qui le crée, c’est parce qu’il y a une réalité qui crée un conflit, et le budget vient juste vous dire : voici votre réalité », fait valoir pour sa part Clarisse N’kaa, avocate-médiatrice et conseillère budgétaire chez Option consommateurs.

« On dit souvent que ça ne donne pas plus d’argent, mais ça permet de savoir où va notre argent, et donc de faire des choix en fonction de nos valeurs, en fonction de là où on voudrait se rendre. »

Une recette miracle ?

Il n’y a pas de méthode de gestion idéale ou universelle. « Ça dépend beaucoup de la dynamique entre conjoints, explique Hélène Belleau. Ça dépend beaucoup aussi des écarts de revenus, ainsi que du partage des tâches et de la gestion du temps. Ce qui est important, c’est de prendre en compte ces différents éléments, mais aussi le rapport de chacun à l’argent. »

Bref, il faut discuter. Ce qui nous ramène au problème de communication.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.