Les groupes criminels albanais, très impliqués dans les réseaux d’immigration illégale au Royaume-Uni et le trafic de drogue, détournent une loi récente de lutte contre l’esclavage moderne, a estimé mardi l’Agence britannique de lutte contre la criminalité (NCA).
Les groupes criminels venus d’Albanie sont des « poly-criminels », « plein de ressources et d’une grande capacité d’adaptation », actifs aussi bien dans le trafic de cocaïne que dans la production de cannabis ou les réseaux d’immigration illégale, ont affirmé des responsables de la NCA, lors d’une présentation à la presse.
Lorsque les autorités arrêtent certains d’entre eux dans des fermes de production de cannabis ou d’autres entreprises criminelles, ils affirment être victimes d’esclavage moderne et s’inscrivent pour bénéficier d’un mécanisme de protection national (National Referral Mechanism) créé en 2009.
Mis en place pour protéger les victimes de trafic humain, le NRM les dirige ensuite vers des agences chargées de s’assurer qu’ils obtiennent l’aide appropriée.
« La communauté criminelle albanaise détourne le NRM d’une manière assez importante », a ainsi affirmé Steve Brocklesby, responsable du renseignement à la NCA.
Le rôle des groupes criminels albanais est apparu au premier plan alors qu’ils sont de plus en plus nombreux parmi ceux qui arrivent au Royaume-Uni en traversant la Manche sur de petites embarcations.
La NCA conduit actuellement plus de 70 opérations en lien avec l’immigration illégale, dont « une proportion significative » est liée à des groupes criminels albanais, a indiqué Andrea Wilson, directeur adjoint de l’agence.
« L’immigration illégale fait tenir leur modèle économique », en leur permettant de « faire venir les travailleurs dont ils ont besoin pour la culture du cannabis », a décrit Ged McCann, autre responsable de la NCA.
Leur montée en puissance est « exponentielle » depuis 2017, avec des centaines de millions de livres issues de la criminalité qui repartent en Albanie et sont d’une certaine manière blanchis dans le système bancaire ou utilisés pour financer le secteur de la construction, a estime Steve Brocklesby.
— Agence France-Presse