MONTRÉAL

82 maires disent non à l’Oléoduc Énergie Est

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) s’oppose à la construction et au tracé du projet Oléoduc Énergie Est de la société TransCanada à cause de ses risques environnementaux et de son peu de retombées économiques, a annoncé hier le maire de Montréal et président de la CMM, Denis Coderre.

Cette position sera maintenant défendue devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement du Québec (BAPE) et auprès de l’Office national de l’énergie (ONE), puisque les municipalités n’ont pas le pouvoir de stopper le projet.

Les 82 municipalités de la CMM, où résident 3,9 millions de personnes, appuient unanimement cette position prise à l’issue d’une consultation publique menée cet automne. Environ 180 groupes et organismes y ont pris part. « TransCanada n’a pas daigné bon venir nous voir », a déploré hier matin le maire Coderre lors d’un point de presse où il était notamment entouré du maire de Laval, Marc Demers, et de la mairesse de Longueuil, Caroline Saint-Hilaire.

COÛTEUX DÉVERSEMENTS

Selon le maire Coderre, la construction de cet oléoduc engendrerait des retombées fiscales annuelles de 2 millions, alors qu’un déversement majeur pourrait coûter entre 1 et 10 milliards. À terme, seulement une trentaine d’emplois seraient créés.

Québec n’a pas pris position officiellement sur Énergie Est. Le gouvernement Couillard a posé sept conditions à son appui, notamment que le projet entraîne des retombées économiques pour la province. « Nous prenons acte de la position de la CMM et l’invitons à déposer son mémoire devant le BAPE », a indiqué hier Pierre Arcand, ministre des Ressources naturelles.

La sortie de la CMM a été favorablement accueillie par les environnementalistes, dont Steven Guilbeault qui a assisté à la conférence de presse d’hier.

« Avec le Grand Montréal, on est rendu à 150, 160 villes au Québec qui s’opposent au projet. »

— Steven Guilbeault, porte-parole d’Équiterre

« Ça commence à faire pas mal de monde, et je ne vois pas comment le gouvernement fédéral pourrait aller à l’encontre de la population », a-t-il poursuivi. « Lorsqu’il était candidat aux dernières élections fédérales, le premier ministre Trudeau a dit : le gouvernement fédéral donne des permis, mais c’est la population qui donne sa permission », a ajouté M. Guilbeault.

TransCanada ne pourrait-elle pas changer son tracé pour passer au-dessus de la zone de la CMM ?

« Une partie des préoccupations de la CMM, c’est entre autres que ce pipeline-là va traverser la rivière des Outaouais, a souligné Patrick Bonin, de Greenpeace. Même s’il passait plus au nord, il va quand même traverser la rivière et en cas de déversement, c’est Montréal qui va recevoir ce pétrole-là. En 12 heures, c’est plus de 20 stations d’eau potable qui pourraient être affectées par un déversement d’Énergie Est. Tout ce que ça changerait si ça passait plus au nord, c’est quelques heures supplémentaires avant de contaminer une source d’eau potable de la région de Montréal. »

— Avec la collaboration de Martin Croteau

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