Chronique 

À la recherche du parfum rare

Très souvent des gens me demandent quels sont les meilleurs endroits pour trouver des parfums rares, des effluves qu’on ne retrouve pas sur toutes les peaux. Je leur dis qu’il faut visiter plusieurs endroits. Chaque grand magasin, chaque petite boutique spécialisée a ses marques, ses ententes d’exclusivité avec les distributeurs.

Les rayons de parfumerie d’Ogilvy et Holt Renfrew, à Montréal, ont un choix impressionnant. Mais il faut bien souvent aller dans de petites boutiques ou chez des apothicaires pour dénicher le parfum qui deviendra le vôtre, juste le vôtre.

Il faut aussi profiter des voyages. Les villes européennes, particulièrement la France et l’Italie, sont des paradis pour les amateurs de parfums. Une balade dans le Marais, à Paris, est un plaisir incomparable pour les amateurs de parfums.

Il ne faut surtout pas lever le nez sur les États-Unis. Chaque fois que je vais à New York, je fais ma tournée dans les grands magasins (Bergdorf Goodman, Bloomingdale’s, Henri Bendel) et je vais dans deux petits endroits fabuleux : Aedes de Venustas, dans Greenwich Village, ou l’apothicaire Clyde’s on Madison, entre les 73e et 74e Rues.

À Chicago, j’ai récemment découvert Merz Apothicary qui m’a comblé avec ses marques rares et anciennes qu’on ne retrouve nulle part.

À Montréal, on peut compter depuis quelques années sur la boutique Etiket, rue Sherbrooke, pour trouver des marques qu’on ne retrouve pas ailleurs. Le choix est superbe. Son propriétaire, Simon Tooley, est un passionné et un fin connaisseur. Il a choisi des produits issus de matières premières de qualité et d’un savoir-faire.

« Les gens sont timides. Ils entrent ici, ils sentent, ils repartent avec des échantillons. Ici, on aime faire découvrir les produits et éduquer les novices sur la parfumerie. »

— Simon Tooley, propriétaire de la boutique Etiket

Au-delà de la composition des parfums et la personnalité des créateurs, Simon Tooley aime raconter l’histoire qui entoure les parfums qu’il propose à sa clientèle. Il était donc heureux de me raconter comment le parfum Eight & Bob est né. Ce parfum était le préféré de John F. Kennedy. Ce dernier l’avait découvert lors d’un voyage en Europe dans les années 30. Il s’agissait d’une création personnelle d’Albert Fouquet, aristocrate et parfumeur. Après moult discussions, JFK a convaincu Fouquet de lui offrir quelques flacons.

C’est ainsi que le futur président américain a reçu un jour un paquet renfermant neuf flacons et une note précisant que le colis contenait huit échantillons pour John F. Kennedy et un neuvième pour Bobby, son frère. Relancé en 2012 par une société qui a racheté la formule, le parfum a été baptisé Eight & Bob.

Fait intéressant, après la mort d’Albert Fouquet, son valet a caché le parfum et sa précieuse formule dans un livre, à l’abri des nazis. C’est pourquoi ce parfum est aujourd’hui offert dans un livre. Les pages racontant l’histoire du parfum sont découpées de manière à pouvoir y glisser le flacon.

Outre cette merveille, on retrouve chez Etiket les parfums Gallivant, qui propose une fabuleuse série de créations en hommage à certaines villes (Brooklyn, Tel-Aviv, Istanbul et Londres).

Également, les marques Nishave, Tower, Indult, Heeley, Zoologist, Olfactive Studio, Histoires de parfum, Imaginary Authors, Dame Perfumery, Eau d’Italie, Amouage, Indult et Mon Sillage, une maison québécoise.

L’une des nouveautés de la boutique Etiket provient de la célèbre et réputée maison anglaise Penhaligon’s. Il s’agit de la collection Portraits, une série de parfums inspirés par des personnages qui ont chacun une personnalité et une histoire (The Tragedy of Lord George, The Revenge of Lady Blanche, The Coveted Duchess Rose, Much Ado About the Duke, etc.). Ces créations vous font entrer dans l’aristocratie anglaise à la Downton Abbey.

Simon Tooley était très excité de me présenter la série de parfums Escentric Molecule. Ces « effluves » sont faits à partir d’une seule molécule chimique. Quand on penche son nez au-dessus du flacon, on ne sent strictement rien. C’est une fois sur la peau que la molécule révèle ses secrets. « Il s’agit de notre plus grand vendeur, explique Simon Tooley. Ces molécules ont la particularité d’agir différemment sur la peau selon la personne. Certains de nos clients qui portent ces parfums se font arrêter dans la rue. Les gens veulent connaître leur secret. »

Depuis quelques années, des parfumeurs travaillant pour de grands laboratoires (Givaudan, IFF, Florasynth, Créations Aromatiques, etc.), à l’origine de créations commerciales vendues à grande échelle, ont lancé leur propre marque de niche. C’est le cas notamment de Bertrand Duchaufour (Comme des Garçons, L’Artisan Parfumeur, Givenchy and Christian Dior) qui a créé sa collection Frank Los Angeles.

Les parfums de niche jouissent d’une grande cote d’amour auprès du public. À raison de 700 lancements de parfums par année, les amateurs recherchent de plus en plus la perle rare. C’est pourquoi des endroits comme la boutique Etiket ont leur raison d’être.

« J’ai déjà vu entrer un homme dans la boutique, un grand gaillard, qui n’avait rien de l’amateur du parfum, raconte Simon Tooley. En fait, celui-ci connaissait tout de la parfumerie et possédait une collection de 200 parfums. Les amateurs de parfum sont partout. »

Un tour du monde en parfums

Chaque printemps, la boutique Etiket organise l’évènement « Autour du monde en fragrances » afin de faire découvrir aux amateurs de parfums, mais aussi aux curieux, les nouveautés de la saison. C’est aussi l’occasion de donner la parole à des passionnés, des experts et des créateurs. Au cours de cet évènement qui se déroulera du 5 au 7 mai, la boutique Etiket accueillera Nick Steward, le créateur de la marque Gallivant. Il présentera ses créations et, plus particulièrement, son dernier-né, London, le samedi 6 mai à 11 h. Venez découvrir sa vision de la parfumerie.

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