MON CLIN D’œIL

Mon clin d’œil

« Infrastructure Canada prévoit le pire pour le pont Champlain. J’espère avoir le temps de me rendre chez nous. »

— quelqu’un qui est pris dessus depuis des heures

OPINION NEUTRALITÉ RELIGIEUSE

Le niqab et la burqa, symboles du bannissement des femmes

Dans le débat qui a entouré l’adoption du projet de loi 62 et la nouvelle polémique concernant sa mise en œuvre, il est sidérant de constater l’aveuglement volontaire qui ronge la classe politique ainsi que nombre de journalistes et de chroniqueurs.

Ce qu’on veut laisser croire, comme la Cour fédérale l’a fait en février 2015 dans l’affaire Zunera Ishaq, c’est que le port du niqab (ou de la burqa) serait l’expression d’une croyance religieuse, une allégeance à ce point affirmée qu’on déciderait de se cacher le visage.

Pourtant, le port du niqab ne découle aucunement de l’expression d’une piété religieuse ni d’une prescription du Coran.

Il n’est rien d’autre que l’expression d’une idéologie politico-religieuse oppressive et asservissante, l’islamisme, et plus particulièrement une prescription du salafisme ou du wahhabisme (dans sa version saoudienne).

Mettre les femmes à l’ombre de l’espace public

Quelle est donc la différence entre le hijab, le tchador, le niqab et la burqa ? Comme l’a déjà si bien expliqué Wassyla Tamzali, féministe algérienne et ex-porte-voix des femmes à l’UNESCO, la différence est tout simplement la longueur du tissu. Tous ces voiles, indépendamment de leur grandeur, sont l’expression de la ségrégation sexuelle pratiquée par l’intégrisme islamique envers les femmes. Si ce n’était pas le cas, si ces voiles n’étaient l’expression que d’une simple piété, les hommes musulmans porteraient également le foulard islamique. L’écrivain Kamel Daoud soutient ainsi que « l’islamiste veut voiler la femme pour l’oublier, la nier, la désincarner ».

Dans le cas du niqab et de la burqa, cette oppression devient cependant totale et sans fard. La femme s’efface littéralement dans l’ombre et à l’arrière-plan de l’espace public. L’avilissement complet.

Cette norme est instituée par les courants les plus étouffants et oppresseurs de l’islamisme, comme au Yémen, en Arabie saoudite, au Pakistan ou en Afghanistan.

Jusqu’à tout récemment, toute femme qui entrait à Raqqa, centre des opérations de Daech en Syrie, devait porter le niqab sous peine des pires sanctions, dont la peine capitale. Pour comprendre la portée sociale et politique de ce « vêtement », comme disent certains, on doit se demander si une société démocratique, après un si long combat mené contre l’apartheid en Afrique du Sud, accepterait qu’une norme ou une idéologie prône que les Noirs soient tenus de cacher leur visage dans l’espace public. On imagine avec raison l’ampleur du tollé et les condamnations immédiates qui surgiraient de tous côtés.

Alors, comment se fait-il que tant de bien-pensants ne soient pas dérangés par cette ignoble oppression envers les femmes ? Comme si cela allait de soi.

Comment peut-on décrier d’un côté toute forme de ségrégation raciale envers les Noirs, et de l’autre, fermer les yeux sur la ségrégation brutale envers les femmes en vertu de certaines idéologies rétrogrades d’une autre époque ?

La complaisance du projet de loi 62

Le projet de loi 62 se situe aux antipodes de la laïcité, il faut bien le dire. On parle ici d’une législation qui ouvre la voie aux pratiques religieuses et aux accommodements religieux dans l’ensemble des institutions de l’État et des organismes publics, même dans les CPE. Il prescrit toutefois l’obligation de la prestation et la réception de services publics à visage découvert, avec toutefois une possibilité d’accommodement religieux.

Pourtant, le moindre respect de la dignité des femmes ou l’opposition à toute forme d’asservissement exigeraient à eux seuls la mise en œuvre d’une telle interdiction sans droit de dérogation, sauf pour des raisons de santé ou de sécurité. Les libéraux jouent donc de complaisance envers l’islamisme en permettant le contournement de ces dispositions.

D’autant plus que plusieurs régimes démocratiques occidentaux ont déjà interdit le voile intégral dans l’ensemble de l’espace public, comme la Norvège, le Danemark, la Belgique, la France, les Pays-Bas et l’Autriche. Même le Maroc, quand même régi par la loi islamique, interdit le voile intégral sur la place publique. Dans le cas de la Belgique, la Cour européenne des droits de l’homme a même confirmé la validité légale et jurisprudentielle de cette décision.

D’aucuns annoncent que l’interdiction du voile intégral dans les services publics au Québec sera contestée par les tribunaux en vertu des chartes canadienne et québécoise des droits et libertés qui, rappelons-le, n’énoncent aucunement le principe de séparation du religieux et du politique dans leurs dispositions. Ce qui est une aberration. 

Le multiculturalisme cherchera donc à imposer encore une fois sa mainmise sur la société québécoise.

Conséquemment, le Québec devrait avoir le courage de faire prévaloir ses vues en utilisant au besoin et sans gêne les clauses dérogatoires des chartes. Qu’on en soit conscient ou non, au fil du temps, la nation québécoise est devenue une nation laïque, se distinguant nettement en cette matière du reste du Canada. Il est d’autant plus urgent de consacrer cette laïcité dans notre législation. Le Québec est-il à ce point frileux de poser des gestes clairs et cohérents sur le plan de la démocratie et de la laïcité ?

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