Grande entrevue Jean-François Côté, PDG de district m

La sophistication sans fin de la publicité programmatique

Depuis sa création, il y a cinq ans, l’entreprise district m affiche un taux de croissance exponentiel, comparable à celui qu’enregistre depuis une dizaine d’années la publicité numérique. Ce qui n’est pas une coïncidence puisque la jeune société montréalaise s’impose comme une interface de plus en plus utilisée entre annonceurs et éditeurs de contenus.

On le sait, la publicité numérique ne cesse de se sophistiquer en donnant toujours plus d’outils aux annonceurs pour qu’ils rejoignent exactement la clientèle qu’ils veulent cibler. Et c’est exactement ce que fait depuis cinq ans district m en développant des plateformes technologiques en publicité programmatique.

« On est une entreprise de technologie qui permet aux annonceurs de mieux rejoindre leurs usagers et aux éditeurs de contenus de mieux monétiser leur trafic internet », résume Jean-François Côté, PDG et cofondateur de district m.

C’est avec trois ex-collègues du Groupe Pages Jaunes et un collaborateur extérieur que Jean-François Côté a cofondé district m en 2012.

Au cours de ses quatre premières années d’existence, la jeune société a enregistré un taux de croissance de ses revenus de 16 000 % !

Pas étonnant qu’elle ait figuré l’an dernier dans le palmarès des Technology Fast 50 de Deloitte.

« On n’a pas pu faire le classement des 50 entreprises qui affichent la plus forte croissance de revenus au Canada parce qu’on n’avait pas 5 ans d’historique. L’an prochain, ce sera possible et notre objectif est de figurer parmi le top 5 des Fast Fifty », anticipe le PDG.

Il y a un mois, Jean-François Côté a été désigné Entrepreneur de l’année E & Y pour 2017 dans la catégorie Entreprises émergentes, une distinction qui a permis, selon lui, de crédibiliser la réputation de district m.

« Après avoir obtenu ce prix, on a été en mesure de recruter dans nos bureaux à Montréal deux candidats de grande qualité, un de Silicon Valley et un autre de Toronto », souligne le PDG récemment primé.

Lier annonceurs et éditeurs

La jeune firme, qui se définit humblement comme La fabrique de la publicité, a mis au point des plateformes qui permettent aux annonceurs de mieux cibler leur auditoire.

La principale plateforme consiste à lier en un temps record, grâce à l’utilisation des métadonnées, une annonce à un lecteur qui consulte un contenu en ligne.

« En l’espace de 400 millièmes de seconde, on arrive à associer une publicité à un contenu bien précis en fonction du profil de l’usager.

« Un internaute qui consulte des sites en vue d’acheter un ordinateur veut aussi s’informer. S’il va lire une nouvelle sur LaPresse.ca, on est en mesure de lui présenter une publicité ciblée sur l’iPad. »

« Si GM veut vendre des Caravan à des ménages de la Rive-Sud avec un revenu annuel de 100 000 $, on est en mesure de diriger ces pubs directement vers le consommateur ciblé. C’est ça, la publicité programmatique. »

— Jean-François Côté

Auparavant, le temps d’association entre une annonce et un lecteur était de 1,5 seconde. Il est maintenant quasi instantané. Chaque jour de l’année, district m génère 6 milliards d’impressions publicitaires sur toutes les plateformes numériques.

« On a 10 000 éditeurs ou pourvoyeurs de contenus au Canada et aux États-Unis et on livre plus de 2000 campagnes publicitaires chaque année. Et le volume grossit », précise Jean-François Côté.

Le groupe emploie aujourd’hui 75 personnes, dont 25 spécialistes qui ne font que du développement de programmes et d’algorithmes, 25 vendeurs de publicité et 25 personnes qui assurent un lien continu avec les éditeurs.

Développement international

L’entreprise district m prévoit franchir le cap des 100 millions de revenus l’an prochain et embaucher 25 nouveaux collaborateurs. Cette infusion de sang neuf visera principalement à réaliser une expansion internationale des activités de la boîte de pub numérique.

L’an dernier, district m a cédé 20 % de son capital au Fonds de solidarité FTQ qui a injecté 8 millions pour assurer une première expansion hors Québec.

« On a ouvert un bureau à Toronto, un autre à New York et un troisième à San Diego où on a embauché une quinzaine de collaborateurs. Il faut assurer une présence sur place », insiste Jean-François Côté.

Selon son PDG, district m est déjà le numéro un en publicité programmatique au Canada et se classe au sixième rang aux États-Unis. L’entreprise prévoit ouvrir l’an prochain trois nouvelles antennes à Londres, Paris et Sydney.

L’entreprise va bien sûr continuer d’investir dans l’apprentissage automatique (machine learning) pour pousser plus loin ses modèles de convergence.

« On a une bonne équipe et on a une bonne rétention de personnel parce qu’on traite bien nos employés. Après un an, chaque employé se fait octroyer gratuitement des actions de l’entreprise.

« On veut former des super joueurs de franchise. On en a une dizaine présentement, dont trois à qui on a financé les études en vue de l’obtention d’un MBA à McGill. On investit dans nos employés parce que ce sont eux qui sont à la base de nos succès », convient le PDG.

Le rêve ultime de Jean-François Côté ?

« Ce serait d’obtenir le mandat publicitaire mondial de L’Oréal. C’est la plus grande marque internationale avec une quantité incroyable de produits. On fait des choses pour eux au Canada, mais de les accompagner partout dans le monde, ce serait vraiment cool », fantasme à voix haute le PDG.

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