Course à la présidence de la Fédération des commissions scolaires du Québec

Trois des quatre candidats renoncent à une prime controversée

Quatre candidats briguent la présidence de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) avec le départ prochain de Josée Bouchard, qui encaissera une indemnité de départ controversée de 55 800 $. Trois d’entre eux promettent d’emblée de renoncer à cette indemnité à l’origine d’une crise au sein de l’organisation.

En avril 2013, le conseil général de la FCSQ a décidé d’accorder à la présidente une prime de 9300 $ par année de service, jusqu’à un maximum de six ans. Mme Bouchard quittera son poste en juin après un règne de huit ans.

Trois commissions scolaires (Marguerite-Bourgeoys, Marie-Victorin et Grandes-Seigneuries) ont claqué la porte de la FCSQ notamment en raison de cette décision. Cette indemnité est inacceptable, en particulier dans un contexte de compressions budgétaires, ont-elles plaidé à l’époque.

Dans une lettre envoyée aux 71 autres présidents de commission scolaire, Miville Boudreault annonce qu’il se porte candidat à la présidence de la FCSQ et « renonce à l’avance à cette indemnité » de départ. Les élus scolaires « n’ont pas droit à une indemnité de transition à la fin de leur mandat. J’estime que cette règle doit également s’appliquer à la présidence de la FCSQ », soutient M. Boudreault, qui est à la tête de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île, à Montréal.

Hélène Roberge, également candidate à la succession de Mme Bouchard, s’engage à ne pas toucher la prime si elle est élue. Elle suggère que la Fédération reconsidère sa décision. « Si on refaisait le débat aujourd’hui, je pense que [le résultat] serait différent », estime la présidente de la Commission scolaire des Patriotes.

Ces deux candidats jugent prioritaire le retour des trois commissions scolaires désaffiliées dans le giron de la FCSQ. Renoncer à la prime est l’un des moyens pour favoriser un rapprochement. « Cette scission a laissé des traces importantes au sein de notre fédération », estime M. Boudreault. La Fédération doit retrouver « sa sérénité et son unité », selon Mme Roberge.

Alain Fortier, président de la Commission scolaire des Découvreurs, n’entend pas empocher la prime lui non plus dans l’éventualité de son élection. Il pourrait de toute façon récupérer son poste à l’Université Laval à la fin d’un mandat à la présidence de la FCSQ, note-t-il. 

« Je n’ai pas voulu en parler dans ma plateforme parce que je ne voulais pas faire miroiter que j’essaie d’acheter des votes. Je ne veux pas que les gens me choisissent parce que je ne coûte pas cher, mais parce que j’ai de bonnes idées. »

— Alain Fortier, président de la Commission scolaire des Découvreurs

Une indemnité de départ pourrait se justifier dans le cas d’une personne qui se retrouverait sans emploi au terme de la présidence de la FCSQ, selon lui. « Mais je ne me battrai pas pour ça » si les membres de la Fédération « disent que ça n’a plus sa place en 2017 ».

Vice-président de la FCSQ depuis six ans, Richard Flibotte s’était prononcé en faveur du versement d’une indemnité de départ en 2013. Cet autre candidat à la succession de Mme Bouchard ne propose pas de revoir la décision.

L'élection à la présidence de la FCSQ aura lieu le 3 juin lors d’une assemblée générale réunissant 238 délégués. La période de mise en candidature se poursuit jusqu’au 3 mai. Il n’est donc pas exclu que d’autres aspirants s’ajoutent à la liste.

Bien peu de divergences de vues opposent les quatre candidats déclarés jusqu’ici, tous âgés dans la cinquantaine, ils partagent l’objectif de revaloriser le rôle des commissions scolaires, malmenées dans les dernières années.

S’ils saluent tous « l’écoute et l’ouverture » du ministre Sébastien Proulx, il faudra juger l’arbre à ses fruits, selon eux. Ils attendent avec impatience sa politique sur la réussite éducative, ce printemps.

LA PAROLE AUX QUATRE CANDIDATS

« Il faut de toute urgence reprendre le dialogue avec la population. À la Fédération et chez les élus scolaires, il faut l’avouer, on est un peu frileux au niveau de la communication. Il y a une fracture avec la population, on voit que les élections scolaires sont très mal en point. Alors il faut être davantage présents, expliquer ce qu’on fait. La démocratie scolaire, c’est sûr que ce n’est pas le thème le plus populaire en ville. Mais il faut comprendre que la démocratie scolaire, c’est la recherche du bien commun en éducation. »

— Miville Boudreault, président de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île depuis 2014

« On doit s’assurer qu’on est toujours en lien avec la mission de la Fédération, qui est d’abord de promouvoir les intérêts de l’éducation, mais qui est aussi de représenter les commissions scolaires auprès des instances gouvernementales. On a un pouvoir d’influence, en tout cas on prétend influencer les gens qui prennent les grandes décisions en éducation. Il y a de bonnes décisions [de la part de Québec], d’autres peut-être plus discutables. Une bonne [décision] a été de maintenir les élus scolaires. Mais avec l’adoption du projet de loi 105 [sur la réforme des structures], on se questionne beaucoup par rapport aux pouvoirs qu’on remet aux écoles. Il y a plusieurs zones grises. »

— Richard Flibotte, président de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe depuis 2003

« Il faut travailler à la complémentarité des acteurs en éducation. Les parents, les directions d’école, les commissions scolaires, on a des rôles complémentaires pour assurer la réussite du plus grand nombre. Avec [la réforme des structures du gouvernement Couillard], tout le monde essayait de conquérir le terrain de l’autre. On a maintenant besoin de s’asseoir pour voir comment on travaille ensemble. »

— Alain Fortier, président de la Commission scolaire des Découvreurs depuis 2009

« Il faut faire reconnaître au ministre l’importance de l’autonomie de chaque commission scolaire. Parce qu’il y a beaucoup trop d’encadrement, au niveau des règles budgétaires, des enveloppes dédiées entre autres. Et les besoins ne sont pas les mêmes d’une commission scolaire à l’autre. Il faut aussi simplifier le financement » destiné aux élèves en difficulté d’apprentissage.

— Hélène Roberge, présidente de la Commission scolaire des Patriotes depuis 2010

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