Enfants d’âge préscolaire

Bouger malgré la boue et le manque de temps

Le mois d’avril annonce des jours plus cléments, mais dans l’immédiat, la neige côtoie encore la boue dans les parcs. Rien de très invitant pour les parents des jeunes enfants. Mieux vaut toutefois se montrer créatifs, souligne l’Observatoire des tout-petits : plusieurs enfants d’âge préscolaire ne bougent toujours pas suffisamment.

D’après des données publiées récemment par l’organisme, un enfant sur trois âgé de 3 à 5 ans ne fait pas assez d’activité physique, jour après jour. De plus, les trois quarts des petits du même âge outrepassent le temps recommandé d’utilisation des écrans.

« C’est préoccupant. Si, alors qu’on n’a même pas atteint l’âge de 5 ans, on est trop sédentaire, on risque de le rester en grandissant », explique Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits. 

« On a avantage à adopter le plus tôt possible de saines habitudes de vie. Ça permet à l’enfant de développer son plein potentiel de santé. »

— Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits

Les parents doivent-ils revoir leurs habitudes de vie ? Oui… et non. « Du lundi au vendredi, l’activité physique, ça se passe beaucoup en milieu de garde, ajoute Mme Dagenais. Quand les parents passent chercher leurs enfants avant le souper, qu’ils doivent cuisiner, donner le bain, raconter l’histoire, il n’y a pas beaucoup de temps pour aller jouer au parc. »

Le rôle des CPE

Tout comme de nombreuses entreprises incitent leurs employés à bouger davantage, les garderies et les CPE ont avantage à prendre le relais pour faire la promotion de l’activité physique, croit la directrice.

« On a un grand rôle à jouer pour faire bouger les enfants, ajoute Isabelle Leblanc, conseillère pédagogique au CPE populaire Saint-Michel. Si on n’y réfléchit pas, les enfants peuvent très bien passer une bonne partie de la journée assis, sans bouger. » 

« Nous, on a décidé d’équiper les enfants pour qu’ils puissent bouger toutes les saisons, même lorsqu’il y a plein de flaques d’eau. Parce que l’un des plus gros problèmes, c’est l’équipement. Ça coûte cher bien s’habiller pour jouer dehors. »

— Isabelle Leblanc, conseillère pédagogique au CPE populaire Saint-Michel

Qu’à cela ne tienne, le CPE a obtenu des subventions pour l’achat d’une vingtaine de combinaisons et de bottes imperméables, ainsi que des raquettes et des petits vélos sans pédalier.

Jusqu’à présent, l’expérience est concluante. « Les enfants peuvent passer l’avant-midi dehors sans que les parents repartent avec des vêtements tout mouillés », ajoute Isabelle Leblanc.

L’expérience tentée par le CPE populaire Saint-Michel n’est pour le moment pas accessible à tous les centres de la petite enfance, mais le mot se passe. « On sait qu’en moyenne, un enfant va passer de 50 à 60 % de son temps d’éveil dans un milieu de garde, note Justine Pronovost, conseillère en pédagogie à l’Association québécoise des CPE. On doit être conscients de la réalité des familles. On a cette obligation de trouver les moyens de bouger pour le développement des enfants. Même dans la boue et la gadoue ! Même quand nous, comme adultes, ça nous tente moins. »

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