Un fédéralisme qui nous sert
L’annonce de l’octroi de contrats du gouvernement fédéral à la Davie le 1er novembre dernier démontre que la mobilisation du Québec a portés fruits. Cette réussite a été possible, car le fédéralisme fonctionne pour le Québec puisqu’il n’est pas fondamentalement contraire à nos intérêts.
Avant d’aborder la question, il faut souligner que cette annonce est une bonne nouvelle, peu importe notre opinion sur la fédération canadienne. Elle donne une bouffée d’oxygène à ce chantier, ce qui permet de sauvegarder des emplois bien rémunérés dans la région de Québec. Il est important de reconnaître cette bonne nouvelle au-delà du débat politique, car on ne peut que se réjouir de voir l’incertitude économique s’éloigner pour certains de nos concitoyens et concitoyennes.
Sur le plan politique, cette bonne nouvelle est l’exemple concret que la fédération apporte son lot de stratégies industrielles qui peuvent servir le Québec.
Tout comme dans d’autres secteurs clefs de l’économie, l’intervention de l’État est capitale pour assurer l’essor de notre industrie maritime. En ce sens, la stratégie du gouvernement fédéral de construction navale permet à cette industrie qui glissait vers la désuétude, voire la faillite dans le cas de Davie, de se renouveler afin d’être compétitifs sur le marché mondial.
Certes, le Québec s’est aussi doté d’une stratégie maritime qui a investi dans le chantier Davie. Toutefois, l’ampleur du plus grand chantier naval québécois nécessite un volume de contrats qui rend incontournables les contrats du gouvernement fédéral. Ils sont essentiels pour que la Davie retrouve son dynamisme et que les emplois y soient pérennisés au chantier tout comme dans l’ensemble des PME qui dépendent de ce chantier.
Dans l’affaire Comeau, la Cour suprême du Canada rappelait que « le fédéralisme se rapporte à la façon dont certains États s’unissent pour atteindre des résultats communs, tout en poursuivant leurs intérêts uniques». Ici, nous assistons à une mise en commun des besoins navals de l’ensemble du Canada, grâce à notre fédération, qui vient servir la revalorisation de l’industrie maritime québécoise et assure le maintien de bons emplois au Québec. Bref, la mise en commun des besoins de l’ensemble du pays vient servir les intérêts économiques et sociaux du Québec.
Il faut reconnaître que c’était mal parti pour le chantier Davie lors du dévoilement de la Stratégie nationale de construction navale en 2010 puisqu’il était en grande difficulté financière à l’époque et s’est vu exclu des contrats de cette stratégie. La classe politique québécoise s’est donc mobilisée pour s’assurer que le chantier soit en mesure d’effectuer ce type de contrats et qu’il y ait une révision dans l’attribution de la stratégie navale afin que le chantier Davie y soit inclus.
Le résultat direct de cette mobilisation est l’obtention par la Davie d’une portion d’un contrat de 7 milliards du gouvernement fédéral qui représente le plus important contrat de son histoire. Nous pouvons être fiers de cette annonce, car elle démontre que la solidarité des Québécois peut influencer les décisions prises à Ottawa et, par conséquent, que le fédéralisme n’est pas déterminé à être contraire aux intérêts du Québec.
Est-ce que cela signifie que les décisions de notre fédération iront toujours dans le sens de nos intérêts? Pas nécessairement puisque notre fédération regroupe des aspirations diverses qui nécessitent des compromis de tous, au Québec comme aux autres nations et communautés formant le pays. Cependant, dans ce jeu d’équilibre entre nos aspirations et celles des autres nations et communautés du Canada, la fédération nous offre les forums qui nous permettent de faire entendre la voix du Québec et le dossier Davie en est la plus récente démonstration.