Mon clin d'œil

Chère Céline, on te chanterait bien « bonne fête », mais ce serait plus beau si tu le faisais toi-même.

Opinion

Où est le cœur ?

Je dois me rendre à l’évidence : cynisme et politique sont proches parents. À quelques mois d’une autre élection, ce que j’entends le plus sonne faux : efficacité, base de données, stratégie, logiciels, ciblage, faire sortir le vote, attaquer, se défendre.

Où est le cœur, l’humanisation ? Je me sens épié. Trahi. Roulé par de prétendus leaders, qui n’ont que faire de l’Être, alors qu’il est plus rentable de viser le faire et l’avoir. On a galvaudé la promesse, on a fait de l’engagement un spectacle, de l’éphémère, une illusion.

Travailleur autonome, j’ai appris et compris qu’on ne pouvait réussir seul. Que je devais doter mon entreprise d’une mission et d’une vision, et qu’il me fallait incarner ces mots, futiles lorsqu’ils ne sont qu’encre sur papier. Faire vivre ce pour quoi je me lève chaque matin, dans l’inclusion de chaque client, partenaire et fournisseur. Transmettre des valeurs choisies pour leur impact humain, et agir au risque de l’imperfection, mais jamais au détriment de l’autre.

Pour ma part, je tente de contribuer à cette société à travers mon travail dans les écoles primaires. Nomade de l’éducation et faisant de l’estime de soi mon cheval de bataille, j’y rencontre notre relève, notre demain, ces jeunes filles et garçons qui vont bientôt gouverner à leur tour.

J’y croise aussi leurs éducateurs qui, trop souvent, ne savent plus à quels saints se vouer pour leur transmettre des valeurs qui ne semblent plus avoir la cote hors des classes et familles. Et je suis profondément inquiet. Préoccupé par tant de carences affectives, de détresse, du nombre effarant de jeunes dans l’attente qu’on les regarde avec la sincérité d’un « toi, t’es quelqu’un », dans la reconnaissance de leur valeur et leurs différences.

Troublé devant la charge de travail imposée aux enseignants et autres professionnels, à qui on demande de faire des miracles sans pour autant donner de baguettes magiques. Perplexe par le fait que la magie n’opère jamais tant qu’on n’a pas de mission et de vision claires, et de leaders convaincus par l’apport de l’humain dans la matérialisation de celles-ci.

Utopiste, j’ai toujours espoir d’être inspiré par des héros du quotidien, rarissimes, j’en ai bien peur, parmi celles et ceux pour qui j’ai mis un X sur mes bulletins de vote.

Non pas dépendant de leurs décisions, idées ou projets, simplement porté par une intégrité et une authenticité exemplaires, voués à mobiliser, faire rêver, et qui se consacrent à changer le monde, une action après l’autre, un enfant à la fois. Toujours dans l’attente de celles et ceux qui cesseront de montrer leurs adversaires du doigt, en Chambre ou par médias interposés, ce qui par ailleurs se rapproche dangereusement de l’intimidation. Souhaitant des élus qui feront consensus sur l’urgence de se regarder le nombril.

Et de qui, surtout, je sentirai la volonté profonde d’incarner leurs mission et vision. À condition d’en avoir, bien entendu.

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