Escalade  Championnats panaméricains juniors de Montréal

L’ascension de Babette

Babette Roy a toujours aimé grimper : « Toute petite, je grimpais beaucoup, partout. Des arbres, des poteaux, des modules… »

À 8 ans, constatant son attrait pour les hauteurs, ses parents l’ont inscrite à un camp à Horizon Roc, centre d’escalade bien connu dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

Sept ans plus tard, elle y dispute présentement les Championnats panaméricains juniors. La Montréalaise s’y débrouille plutôt bien, remportant à sa grande surprise l’or à l’épreuve du bloc dans la catégorie juvénile B (14-15 ans), mercredi après-midi.

« Je connais quand même un peu les compétitrices, je voulais faire un podium, mais première, ce n’est pas quelque chose que j’avais tant envisagé », a raconté Babette Roy hier midi, après son entraînement pour l’épreuve de vitesse.

Déjà passionnée par son sport, elle est devenue encore plus mordue en participant aux Championnats du monde juniors d’Innsbruck, en août. Son 18e rang au classement cumulatif l’a convaincue qu’elle était à sa place malgré son inexpérience. Depuis son retour, la grimpe, elle en redemande.

« En ce moment, tout tourne autour de ça dans ma vie. Je mange vraiment bien, je me couche le plus tôt possible, je ne traîne pas tant que ça avec des amis. »

— Babette Roy, élève de quatrième secondaire à l’école Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont

Un nouveau sport olympique

L’inclusion-surprise de l’escalade au programme des prochains Jeux olympiques de Tokyo, en 2020, n’a fait que décupler son engagement.

Copropriétaire d’Horizon Roc, Maria Izquierdo a été aux premières loges du lobby de l’escalade auprès du Comité international olympique. Fondatrice et ex-présidente de Climbing Escalade Canada, elle préside maintenant le Conseil panaméricain de la Fédération internationale d’escalade sportive (IFSC).

Son plus grand défi est de faire découvrir l’escalade sportive. « L’escalade est de plus en plus connue, mais c’est surtout son volet loisir, que ce soit à l’intérieur, sur des parois artificielles ou à l’extérieur, note Mme Izquierdo. Quand tu parles d’escalade de compétition, même à des grimpeurs, ils ne sont pas sûrs. Ils ne peuvent pas nommer les disciplines, ils ne savent pas comment ça marche. Il y a beaucoup d’éducation à faire de ce côté-là. »

Une seule épreuve sera présentée à Tokyo, le combiné, qui réunit les trois disciplines : le bloc, la vitesse et la difficulté.

– Au bloc, les grimpeurs doivent résoudre quatre « problèmes » qu’ils découvrent tous en même temps, juste avant le début de la compétition. Ils ne sont pas attachés et peuvent se reprendre le nombre de fois qu’ils le désirent dans un laps de temps donné. Mercredi, Babette Roy a été la seule concurrente de sa catégorie à atteindre le sommet des quatre voies.

– La vitesse est un sprint pur, explosif. Dans un duel sur deux parois, identiques de compétition en compétition, les grimpeurs doivent toucher en premier une plaque située à 15 mètres de hauteur. Le record personnel de Babette Roy : 11,53 secondes, réussi hier soir en quarts de finale. Elle a pris le sixième rang final.

– La difficulté est l’épreuve qui se rapproche le plus de l’escalade traditionnelle. Les concurrents, assurés, doivent se rendre le plus loin possible sur une paroi de plus en plus exigeante et technique. Une bonne endurance est requise. Un seul essai est permis.

« Quand j’ai commencé l’escalade, ce n’était pas pantoute un sport olympique, note Roy. C’était vraiment juste pour le thrill de faire de la compétition. C’était vraiment une passion. Mais c’est sûr que c’est un but d’aller aux Jeux olympiques. Je ne sais pas si ça se passera en 2020 parce que je m’y suis prise un peu tard au niveau sportif. Mais c’est sûr que je vais travailler vers ça, et on verra. »

Cet objectif est très ambitieux – seules les 20 meilleures grimpeuses au monde seront qualifiées pour Tokyo. Son entraîneur Marc-Antoine Vigneault, du centre Allez Up dans Pointe-Saint-Charles, a pris soin de le tempérer. « Je l’ai surpris une couple de fois ! », réplique son élève du tac au tac.

D’une manière ou de l’autre, Babette Roy se voit grimper longtemps pour « aller au-delà de [ses] limites ». « C’est tout le temps toi contre toi, ta propre volonté de réussir, de développer tes capacités mentales et physiques, résume-t-elle. J’aime à quel point tu es fière quand tu accomplis quelque chose. C’est un sport où il y a de l’échec. Tu tombes tout le temps, mais le petit 2 % de réussite vaut tellement la peine… »

Les Championnats panaméricains juniors d’escalade se déroulent jusqu’à dimanche à Horizon Roc. Gratuit pour les qualifications, 12 $ pour les finales.

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