Financer l’innovation

De nombreux morceaux de casse-tête à assembler

L’innovation est cruciale pour le développement d’une entreprise, mais encore faut-il la financer. Et souvent, la solution se bâtit avec la collaboration de nombreux acteurs. Guillaume de Tilly-Dion, directeur, services-conseils et financement pour Ville-Marie à PME MTL, nouvel organisme de financement et d’accompagnement d’entreprises dans la métropole, offre quelques trucs.

UN EXEMPLE DE SUCCÈS

La PME CM Labs Simulations connaît une forte croissance grâce à la popularité de ses simulateurs dans le monde. Récemment, elle a cogné à la porte de PME MTL afin d’obtenir une garantie de prêt pour réaliser un agrandissement de ses bureaux. L’entreprise ne voulait pas utiliser une portion de sa précieuse capacité d’emprunt pour des immobilisations. Elle préférait la garder entièrement pour la réalisation de projets de croissance. Cette stratégie est venue s’ajouter aux efforts déployés par l’entreprise au fil des ans pour aller chercher différentes sources de financement : des prêts à la Banque de développement du Canada, Développement économique Canada et Investissement Québec, ainsi que du capital de risque auprès de Desjardins et d’Emerillon Capital.

STRUCTURER SON FINANCEMENT

Financer ses projets est une opération complexe et Guillaume de Tilly-Dion est toujours surpris de voir à quel point les entrepreneurs vont rarement chercher de l’expertise pour le faire.

« Or, beaucoup de PME ne sont même pas au courant des subventions et crédits d’impôt qui existent, remarque-t-il dans sa pratique. On permet aussi aux entrepreneurs d’économiser beaucoup de temps. Les prêteurs travaillent souvent ensemble : on s’appelle, on se recommande des dossiers et cela accélère beaucoup les choses. La présence d’autres prêteurs et de fonds de capital de risque sur un dossier est aussi rassurante pour tout le monde, puisque le risque est réparti. »

TROUVER DU CAPITAL DE RISQUE

Avant de demander un type de financement, il faut bien comprendre son fonctionnement.

« Les fonds de capital de risque prennent un grand risque et financent très souvent des entreprises déficitaires, mais ils cherchent des sociétés qui ont des chances d’éclore et de gagner beaucoup de valeur, explique Guillaume de Tilly-Dion. On pense à Tesla, aux États-Unis, et à Twitter. Puis, ici, à Lightspeed et à Shopify. Ce sont généralement des entreprises très innovantes. »

Pour convaincre des investisseurs en capital de risque d’investir dans son entreprise, il faut sortir ses talents d’orateur. Nombre d’endroits offrent du coaching dans le domaine, comme Défi Montréal et de nombreux incubateurs.

OBTENIR DES PRÊTS

Le prêt est tout le contraire du capital de risque. Les prêteurs souhaitent éviter les risques afin de maximiser leurs chances que l’entreprise leur rembourse les sommes.

« Pour s’en assurer, on demande bien des documents avant de financer un projet, comme la stratégie de commercialisation, les clients, les partenaires impliqués, le coût d’acquisition et la marge de profit », énumère Guillaume de Tilly-Dion.

Idéalement, une entreprise souhaite obtenir à la fois des prêts et du capital de risque.

« C’est possible, mais la PME doit se préparer en conséquence pour sélectionner les informations pertinentes à mettre de l’avant dans sa présentation », précise-t-il.

« Pour obtenir du financement, le fait d’avoir des clients vient changer énormément la donne aux yeux des prêteurs. Il faut toujours garder ça en tête. Les PME québécoises sont très fortes en recherche et développement, mais généralement beaucoup moins en commercialisation, et c’est un enjeu. »

— Guillaume de Tilly-Dion

COUP DE POUCE STRATÉGIQUE DU MESI

Votre entreprise est dans une mauvaise posture financière et vous auriez justement besoin de financement pour investir en innovation afin d’améliorer vos résultats ? Vous craignez que personne ne souhaite financer votre projet ? Pas de panique. Le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI) offre un service d’accompagnement personnalisé pour les entreprises aux prises avec des défis particuliers.

« Le MESI envoie un spécialiste évaluer l’entreprise et ses projets, puis il arrive avec un plan de travail à réaliser, explique Guillaume de Tilly-Dion. Pour un prêteur, ce genre de démarche est rassurante. »

OÙ TROUVER DU FINANCEMENT ?

Les organismes locaux de développement économique comme PME MTL, les corporations de développement économique communautaire (CDEC) et les centres locaux de développement (CLD) peuvent orienter les PME. Les entreprises peuvent aussi faire affaire directement avec des fonds d’investissement en capital de risque comme Desjardins Entreprises Capital régional et coopératif, iNovia Capital, Emerillon Capital, Real Ventures et Anges financiers.

VOICI D’AUTRES RESSOURCES 

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