Cuisine ta ville

Montréal, ville refuge

Du 12 au 14 mai, une dizaine d’abris Tempo seront érigés dans la rue Sainte-Catherine, juste en face de la Place des Arts. Une installation de l’organisme Quand l’art passe par l’action (ATSA), qui évoque les camps de réfugiés des Nations unies. Projections, conférences, ateliers, discussions et performances sont au programme dans ces abris. Survol de la programmation.

Le temps d’une soupe

L’événement créé pour la première fois en 2015 a eu un succès insoupçonné. Le concept ? Des duos de passants (qui ne se connaissent pas) sont invités à partager une soupe (carottes et gingembre) et à discuter d’un thème pendant une quinzaine de minutes. Cette fois, les sujets proposés par les « médiacteurs » de l’ATSA tourneront autour du statut de réfugié. Le but : provoquer des rencontres et des discussions. « On veut mixer les gens, nous dit la cofondatrice de l’organisme Annie Roy. On veut que les gens d’ici se mettent dans la peau d’un réfugié. À partir de l’automne, on ira en France, en Autriche, en Angleterre, à Port-au-Prince, à Beyrouth et même à Ouagadougou ! »

Où ? Sur l’Esplanade de la Place des Arts, du 12 au 14 mai

Party de cuisine

Vous l’aurez compris, la soupe est le fil conducteur de ces histoires de réfugiés. Une cinquantaine de familles établies aujourd’hui à Montréal – certaines depuis longtemps, d’autres plus récemment – cuisineront elles aussi une soupe qu’elles partageront avec amis et passants. Ces réfugiés viennent de Colombie, de Hongrie, de Syrie, de Pologne, du Congo, et ils seront là pour raconter leurs expériences d’intégration. La soupe sera aussi mise en bocaux et distribuée aux réfugiés ou ex-réfugiés participants. Parmi les invités, Amir Khadir fera une soupe aux lentilles ! « Ce sont des mécaniques relationnelles pour que les gens se rencontrent et ne se replient pas sur eux-mêmes, nous dit Annie Roy. On veut savoir qui est l’étranger, qui est l’autre. »

Où ? Dans les abris Tempo no 7, no 8, no 9

Le cœur et la tête

Il s’agit d’une série de 25 courtes conférences de 30 minutes, suivies d’une discussion. Parmi les nombreux invités : des professeurs – comme l’historien Carl Bouchard, qui s’intéresse entre autres aux mouvements de paix –, mais aussi de nombreux Montréalais d’adoption qui ont vécu l’exil. Polonais, Algériens, Syriens, Burundais, etc. Des spécialistes participeront également à cette activité. Parmi eux : Denise Otis, du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l’avocat et militant des droits de la personne Carlos Roldan, et Paul Clarke, de l’organisme Action Réfugiés Montréal. L’auteur et metteur en scène Philippe Ducros sera également présent, comme la journaliste d’origine marocaine Kenza Bennis.

Où ? Dans les abris Tempo no 3 et no 4

Expos et projections

Plusieurs expos seront présentées à Cuisine ta ville. L’une d’elles retient notre attention : le projet Premiers flashs à Montréal. Des appareils photo ont été prêtés à 12 adolescents syriens pour documenter leur première année au Canada. Flash Forward est le résultat de cet exercice. Côté projections, l’ATSA a programmé plusieurs films de fiction et documentaires. Parmi eux : Une nuit sans lune sur les boat people et In This World de Michael Winterbottom, qui raconte le sort de deux cousins afghans réfugiés au Pakistan. Le Centre Phi propose aussi un film en réalité virtuelle, Clouds Over Sidra, qui raconte l’histoire d’une jeune fille de 12 ans dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie, qui abrite 80 000 Syriens.

Où ? Dans les abris Tempo no 1 et no 2

Frise historique

Il s’agit d’un immense panneau de 25 pieds de long qui retrace les mouvements migratoires au Québec depuis 1780. Une installation qui sera commentée par l’historien et animateur Bernard Vallée. Amnistie internationale sera également sur place pour éclaircir le lexique lié au statut de réfugié. Des Iroquoiens aux premiers colons français, suivis des Anglais qui les ont combattus, l’histoire des migrations dans le quartier Hochelaga, par exemple, n’est pas banale. Toutes les nouvelles arrivées sont aussi indiquées : Irlandais, Écossais, Hongrois, Polonais, Vietnamiens, Italiens, Libanais, Africains, etc., ont également façonné le Montréal d’aujourd’hui.

Où ? En face de l’Esplanade de la PdA, entre les abris Tempo no 5 et no 6

Le récit d’Aram Bayat

Cette Iranienne diplômée d’une école de danse classique et folklorique de Téhéran dans les années 70 a dû mettre fin à sa carrière à la suite de la révolution islamique de 1979. Après avoir travaillé comme photographe, elle a quitté son pays. Dès son arrivée ici en 1988, elle a ouvert une école de danse (Dame Soleil) – elle donne ses cours au Centre des loisirs Côte-des-Neiges. Samedi, à 15 h 30, elle racontera son histoire. Son récit sera suivi d’une performance de deux de ses élèves. Le film documentaire Forbidden Sun Dance de Lila Ghobady, réalisé en 2009, retrace les grands moments de sa vie. Il sera projeté samedi à 14 h 30 dans l’abri Tempo no 1.

Où ? Dans l’abri Tempo no 10

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