EXCELLENCE
Finalistes
culture

Créateurs d’émotions

Que ce soit sur la scène internationale ou provinciale, leurs œuvres ont suscité des émotions, insufflé des passions ou provoqué des prises de conscience.

Jérémy Comte, Marianne Farley et Jean-Christophe J. Lamontagne

Semaine du 27 janvier

Le 22 janvier 2019, l’Académie des Oscars a dévoilé les films et artisans finalistes en vue de la 91e présentation de son gala, le 24 février suivant. Deux films québécois – Fauve, de Jérémy Comte, et Marguerite, de Marianne Farley – se retrouvaient alors parmi les cinq finalistes dans la catégorie des courts métrages de fiction. Que deux films du Québec soient nommés dans la même catégorie est, de mémoire, un événement unique en soi. Or, ces deux films sont distribués par la même organisation, h264, sous la gouverne de Jean-Christophe J. Lamontagne. C’est ainsi que M. Lamontagne et les deux cinéastes ont été choisis Personnalités de la semaine. – André Duchesne, La Presse

Elisabeth Williams

Semaine du 10 février

Elisabeth Williams est une conceptrice visuelle à la télévision et au cinéma. En 2019, l’Art Directors Guild lui a remis le prix de la meilleure direction artistique pour son travail sur la série La servante écarlate, tirée de l’œuvre de Margaret Atwood. Son travail est de concevoir l’ambiance, le style, le décor, tous les messages qu’envoient les environnements visuels où se déroulent les films et les séries télé. À l’aube de la cinquantaine, elle a gravi les échelons en travaillant au Québec, notamment avec Denis Villeneuve sur son film Polytechnique, et dans le reste du Canada, sur la série Fargo entre autres. Un jour, elle aimerait travailler à Hollywood et, dans 10 ans, elle s’imagine partout dans le monde.

Geneviève Dulude-De Celles et Sandrine Brodeur-Desrosiers

Semaine du 24 février

Ce sont des amies de longue date, deux réalisatrices dans la jeune trentaine. Le hasard a fait qu’au début de 2019, elles ont toutes les deux gagné un Ours de cristal au festival de films de Berlin. L’une pour son long métrage de fiction Une colonie, qui parle d’une jeune ado et de son ami membre d’une Première Nation, l’autre pour Juste toi et moi, un court métrage qui raconte un voyage en camion entre père et fille. Leurs œuvres souvent primées, sont appelées à voyager dans différents festivals. Leurs rêves ? Poursuivre sur ce chemin, à raconter des histoires hors des clichés et des sentiers battus, qui font de la place aux marginaux, à ceux qui ne voient pas la vie en noir et blanc, qui n’ont pas nécessairement le pouvoir, mais veulent changer le monde et leur monde.

Caroline Monnet

Semaine du 17 mars

Caroline Monnet est une artiste pluridisciplinaire, une femme engagée, une cinéaste, une Québécoise d’origine française, en partie. Parce que l’autre moitié est autochtone, algonquine. Et toute son œuvre tire son inspiration de la quête, de la découverte de cette identité si longtemps niée à sa famille, à ses ancêtres qui ont vécu à Kitigan Zibi, la réserve à côté de Maniwaki. Caroline Monnet a été choisie en 2019 pour faire partie de l’exposition biennale du musée Whitney, à New York, un des événements les plus prestigieux du monde de l’art contemporain, véritable Polaroïd de ce qui se fait de plus important, actuellement, en Amérique. Elle y a présenté trois vidéos. Dans cinq ans, elle se voit un peu ici, un peu en Europe, en train de réaliser un long métrage, elle espère, et de changer le monde, « à [sa] façon ».

Ginette Caron

Semaine du 12 mai

Graphiste québécoise née à Pierrefonds, Ginette Caron a mené une brillante carrière en Italie, où les clients qui ont profité de son talent portent des noms aussi prestigieux que Benetton, Prada, Versace ou Quattro Associati. En parallèle de ce travail, elle pilote plusieurs projets personnels. Elle a convaincu des lieux symboliques à travers le monde d’afficher des paroles de paix qu’elle a elle-même conçues. À l’origine, ces messages en métal ornaient le pavillon du Vatican à la foire de Milan, mais Ginette Caron voulait leur donner une nouvelle portée. Ces phrases, écrites en multiples langues, ont trouvé preneur du fond de l’Afrique jusqu’en Chine. Elle espère que des phrases en français trouveront le chemin du Québec.

Joséphine Bacon

Semaine du 26 mai

Joséphine Bacon est née à Pessamit, une communauté innue située entre Forestville et Baie-Comeau. Son œuvre raconte son histoire, celle de ses ancêtres, de son peuple, un Premier Peuple. La poète parle dans ses écrits de Nutshimit, ce vaste espace derrière les rives du Saint-Laurent et du Saguenay, où les Innus vivaient jadis de chasse et de pêche, de cueillette. Joséphine Bacon n’a pas connu cette vie nomade. Elle a grandi dans un pensionnat. C’est en devenant l’adjointe d’anthropologues qui avaient besoin de ses connaissances de la langue innue qu’elle a commencé à écouter les aînés et à apprendre d’où elle venait. Sa contribution unique à la transmission de leurs récits et de leurs connaissances a été soulignée maintes fois. En 2019, la poète a remporté le Grand Prix des libraires du Québec, pour son recueil Uiesh – Quelque part.

Monia Chokri

Semaine du 2 juin

Actrice et réalisatrice, Monia Chokri est allée à Cannes pour la première fois en 2010, pour la présentation du film Les amours imaginaires de Xavier Dolan, où elle crevait l’écran dans ce récit à la Jules et Jim. Elle n’aurait alors jamais pensé qu’en 2019, elle y retournerait comme réalisatrice, pour montrer La femme de mon frère et en revenir en plus avec un prix, le prix du jury du volet Un certain regard. C’était son premier long métrage, mais ça ne sera pas le dernier. Née à Québec dans une famille féministe, de père artiste et de mère syndicaliste, la jeune femme a l’intention de poursuivre sa carrière dans cette direction, pour poser un regard féminin et féministe sur la vie, un prisme qui n’est pas assez présent au cinéma, croit-elle.

Nick Farkas

Semaine du 11 août

Quand il a fallu repenser la logistique de la tenue des festivals d’evenko (Osheaga, Heavy Montréal, ÎleSoniq et ’77 Montréal), Nick Farkas a répondu présent. Entouré de son équipe (qu’il ne cesse de louanger), le président à la programmation de la société de production a été l’un des principaux artisans du déplacement des événements sur un site temporaire, le temps du réaménagement du parc Jean-Drapeau. Et en temps normal, quand il n’est pas question de travaux et de déménagement, Nick Farkas n’est nul autre que celui qui a le dernier mot sur la liste d’artistes à Osheaga, festival de renommée mondiale qu’il a lui-même fondé en 2006. C’est lui, ce passionné de musique avant tout, qui a permis d’élever l’événement à son statut actuel. Si bien que le magazine Billboard a inscrit le Montréalais sur sa liste des International Power Players de l’année 2019. — Marissa Groguhé, La Presse 

Sophie Deraspe et Chloé Robichaud

Semaine du 22 septembre

En 2019, le Festival international de Toronto a accordé d’importants prix à deux cinéastes québécoises : Chloé Robichaud, 31 ans, pour le meilleur court métrage canadien de fiction, Delphine, et Sophie Deraspe, 45 ans, pour le meilleur long métrage canadien, Antigone, qui a tout de suite après été choisi pour représenter le Canada aux Oscars 2020. Dans les deux cas, les réalisatrices mettent à l’écran de forts personnages de femmes, dans des récits portant sur la rébellion contre la discrimination ou contre ce qu’elles considèrent comme l’injustice. Dans les deux cas, ces messages ont touché leurs pairs, qui ont accueilli le travail des artistes dans des festivals partout dans le monde.

Frédéric Pierre et la distribution d’Héritage

Semaine du 29 septembre

En 2018, le Québec a été secoué par de vives discussions sur l’appropriation culturelle et surtout la sous-représentation des artistes issus de la diversité dans le contenu artistique de nos grandes institutions. En 2019, le théâtre Jean-Duceppe a entendu le message et a choisi de produire une pièce du répertoire américain, Héritage, qui compte seulement un personnage blanc et parle du rêve américain vu par une famille noire de Chicago. Le personnage principal était porté par l’acteur Frédéric Pierre, dont le père est venu d’Haïti au Québec, un comédien ravi de voir la réalité décrite sur nos scènes enfin s’élargir à celle des Afro-Nord-Américains.

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