À votre tour Réseaux sociaux

Le revers de Facebook

Il faut avoir la couenne dure pour rester droit devant les vacheries qui fusent sur les réseaux sociaux

Si vous êtes comme moi, le matin, dès que vous vous réveillez, vous ouvrez les yeux, vous embrassez votre conjoint et vous allumez votre téléphone cellulaire. Il y a quelques courriels, la météo, les grands titres, et surtout les notifications de nos réseaux sociaux préférés. Je m’empresse d’aller voir qui a commenté ou aimé ceci ou cela et je me réveille tranquillement en surfant sur mon fil d’actualité.

Plusieurs fois dans la journée, je fais une pause, avec un bon café, afin de faire défiler ce site, écrire des niaiseries, partager des images drôles, « poster » des photos, raconter ce qui est racontable (quoique ce soit subjectif). Bref, Facebook est devenu un loisir quotidien, une façon de partager, de rire, de se soutenir et de donner des nouvelles à mes proches qui vivent de l’autre côté de l’océan, sans avoir à remplir leurs boîtes courriel. J’aime sa spontanéité, son aspect ludique et reposant, et j’assume une certaine dépendance. C’est avant tout pour moi un moyen de partage et de communication.

Sauf qu’il y a des revers. J’ai appris avec le temps à « classer » mes contacts pour protéger mon intimité. Je déteste me censurer dans la vie et, sur Facebook, c’est pareil. Mais il faut quelquefois tourner les doigts sept fois au-dessus du clavier avant de poster ou de commenter, parce que certains n’ont aucun sens de l’humour et d’autres scrutent tout ce que l’on peut écrire, dire, aimer ou partager.

Les « scruteurs » cherchent une reconnaissance sociale dans un réseau de communication spontané et divertissant. Récemment, j’ai dû restreindre ou bloquer des utilisateurs afin de préserver ma liberté d’expression. Ces gens qui, dans la « vraie vie » – pourtant, Facebook n’est que le prolongement de la vraie vie, non ? –, sont sans doute frustrés, malheureux, ou manquent de confiance en eux. Je ne sais pourquoi ils attachent une importance capitale, presque vitale, à tout ce qui s’écrit sur le réseau social.

Imaginez la faiblesse d’un adolescent en pleine crise existentielle. Facebook peut avoir un impact très dangereux, voire destructeur, pour quelqu’un qui est mal dans sa peau et un peu isolé socialement.

Ces derniers mois, j’ai vu de la manipulation et même de la diffamation, des règlements de compte, des couples qui s’engueulent publiquement et des amis qui s’entredéchirent devant tout le monde, mettant mal à l’aise tous leurs contacts.

Et j’ai dû bloquer davantage d’utilisateurs, à cause du harcèlement et d’attaques quotidiennes. Eh oui ! Être sur Facebook exige que nous sachions nous protéger et nous défendre. J’ai appris à changer ma façon de l’utiliser. Et finalement, je deviens presque comme tout le monde : je ne montre que le positif ou le rigolo. Bref, l’illusion d’une vie.

C’est dommage et c’est sans doute cela qui tuera le réseau social. Parce qu’à quoi ça sert, si on ne peut plus s’amuser sans offenser, frustrer ou blesser certains utilisateurs qui pensent que tout est sérieux et qui se sentent visés par tout, tout le temps ? Si ça m’est arrivé une fois, ça m’arrivera sûrement encore. Alors je me modère, je me relis et je bloque de plus en plus de monde. Adieu la spontanéité.

Toutefois, dans la vraie vie comme sur les réseaux sociaux, il y a des êtres nuisibles. On ne peut pas s’entendre et avoir des affinités avec tout le monde. Et si Facebook nous permettait seulement, plus rapidement, de comprendre qui sont nos « amis » ? Ai-je vraiment envie que quelqu’un qui a les yeux collés du matin au soir sur son cellulaire, à scruter la vie des autres sur un réseau social, soit dans ma vie ?

Peut-être que, finalement, le revers de Facebook est de nous ouvrir les yeux plus vite sur la véritable nature des gens qui nous entourent.

Avouez que la plupart du temps nous avons beaucoup de plaisir sur ce réseau social. Et, comme j’ai la fâcheuse habitude de ne retenir que le positif, je vais continuer à l’utiliser, car ça m’amuse chaque jour !

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