Coup de cœur francophone / Klô Pelgag

Pouvoirs évocateurs

Demain, Klô Pelgag lance son deuxième album, L’étoile thoracique. Elle se produit aussi à guichets fermés au Club Soda. Entrevue avec une artiste féminine qui a vécu le même sort que Safia Nolin au Gala de l’ADISQ après y avoir remporté le Félix de la révélation de l’année.

Après une grande reconnaissance d’estime pour son premier album L’alchimie des monstres, sorti à l’automne 2013, Klô Pelgag a connu un succès populaire qui lui a permis de donner quelque 230( !) spectacles partout au Québec et en France.

« C’est absurde », lance Klô Pelgag, qui peine à se concentrer – nous aussi – avec l’ouvrier qui répare furieusement à coups de marteau la porte du café de la rue Duluth où a lieu notre entrevue.

Heureusement, le calme revient pour parler des chansons de son deuxième album L’étoile thoracique, qui sort demain. Un album qui s’est fait rapidement après un retour à la vie normale, explique Klô Pelgag. « Cela m’a fait du bien. J’avais vraiment envie et besoin d’écrire. »

La recherche d’équilibre est un thème de L’étoile thoracique. « Le bonheur de se reconnecter avec soi-même et ses origines. »

On entend par ailleurs la voix de la grand-mère de Klô Pelgag sur la pièce-titre de 10 minutes qui clôt l’album.

Autres sujets abordés, la désillusion (dans la chanson Au musée Grévin), les moments de contemplation, l’insomnie (dans une pièce aux rythmes tribaux qui ressort du lot) et, bien entendu, l’amour. Un sujet maintes fois abordé, mais réinventé avec les mots inspirés et évocateurs de Klô Pelgag. « La chorégraphie des âmes », le « sexe des étoiles », parler du cœur comme d’une « étoile thoracique »… N’est-ce pas joli ?

Klô Pelgag a un vaste imaginaire et une fascination pour l’anatomie et la physique. 

« Le corps est concret et réaliste, mais il est relié à l’émotivité. Il vulgarise bien des états. »

— Klô Pelgag

Orchestre de 20 musiciens

En studio, Klô Pelgag a refait équipe avec le réalisateur Sylvain Deschamps et avec son frère aîné arrangeur Mathieu Pelletier-Gagnon. « Nous évoluons ensemble en continuité, explique-t-elle. Quand j’écris des tounes, j’ai toujours en moi le côté orchestral, les arrangements et la texture des instruments. C’est déjà dans mes maquettes et cela prend de l’ampleur. »

Justement, Klô Pelgag a reçu en studio un orchestre à cordes de 20 musiciens (un sextet de cuivre, un trio de cordes et cinq multi-instrumentistes), dirigé par Nicolas Ellis. « C’est un trip de studio, cet album-là », souligne Klô Pelgag qui s’est beaucoup plu à faire fleurir au maximum les harmonies vocales.

Elle a aussi supervisé l’étape de mixage au mythique studio parisien Ferber. D’où le son doux et chaleureux.

Safia Nolin et Klô Pelgag : même combat

Avant Safia Nolin, Klô Pelgag a aussi eu droit à des commentaires désobligeants après avoir remporté le Félix de la révélation de l’année en 2014. Quand elle a entendu son nom, l’auteure-compositrice-interprète n’y croyait pas. Dans son discours, Klô Pelgag a remercié ses parents d’avoir fait l’amour et elle a cité Messmer comme source d’inspiration.

« La surprise fut de la taille d’une massue me fracassant la tête », a-t-elle écrit quelques jours après sur son site web. D’où ses mots dégourdis comme ils le sont à leur habitude. « Honnêteté et autres fragrances, ornées de fioritures extraites de mon imaginaire qui n’est peut-être pas collective mais au moins véritable : fidèle à elle-même. »

Avant le Gala de l’ADISQ il y a trois semaines, Monique Giroux a aussi fait jaser en citant Klô Pelgag dans une chronique publiée dans le Voir où elle se désolait de « l’insouciance de certains jeunes artistes […] qui peineront à faire un discours cohérent ».

Dans une réplique publiée sur Facebook, Klô Pelgag a qualifié de « déprimant le regard de l’adulte sur le "jeune" ».

« Je suis Klô Pelgag. La timide extravagante qui écrit des chansons de douleur toute en rythmes, déguisée en fruit », a-t-elle revendiqué.

Klô Pelgag a lancé un appel aux artistes. « Résistez à cet appel à la réglementation du discours qui provient de notre ère javellisante, aseptisante et qui ne ressemble en rien au Québec que j’aime et à l’art qu’il mérite. »

« Ce qui me dérange là-dedans, c’est quand les gens t’attribuent une caractéristique et un personnage, nous disait Klô Pelgag avant le Gala de l’ADISQ qui a couronné Safia Nolin. Les gens aiment marginaliser les autres. Ma façon de m’exprimer est peut-être hors-norme, mais je ne suis pas bizarre. »

Pour les avoir rencontrées, nous confirmons que Klô Pelgag et Safia Nolin ne sont pas bizarres. Leurs chansons ont plutôt des pouvoirs évocateurs uniques.

Klô Pelgag se produit demain soir au Club Soda dans le cadre de Coup de cœur francophone. Son spectacle affiche complet.

Coup de cœur francophone débute ce soir et se poursuit jusqu’au 21 novembre.

Avec pas d’casque

Ce soir au Club Soda. En première partie : Catherine Leduc

Voilà la chance de voir Avec pas d’casque sur scène à Montréal avec les chansons de son album Effets spéciaux, sorti en septembre dernier. Un spectacle de la bande de Stéphane Lafleur, c’est toujours une rencontre intime et privilégiée entre un groupe et son public, qui lui voue presque un culte. « Nous avons un public hyper attentif qui nous permet d’aller jusqu’au murmure », nous a dit en entrevue le chanteur et parolier. Rappelons que Simon Trottier, de Timber Timbre, accompagne sur scène Avec pas d’casque – complété par Joël Vaudreuil, Nicolas Moussette et Mathieu Charbonneau pour la tournée en cours. Le spectacle au Club Soda a lieu dans la foulée des festivités entourant le 15e anniversaire du label Dare to Care/Grosse Boîte. Catherine Leduc assure la première partie. Elle fera quelques nouvelles chansons, a-t-on appris.

Richard Séguin

Demain et samedi à l’Astral

Pour ses deux premiers spectacles à Montréal depuis la sortie de son 17album, Les horizons nouveaux, Richard Séguin partagera la scène de l’Astral avec Hugo Perreault, Simon Godin et Myëlle dans une mise en scène qu’il cosigne avec Jean-François Couture. À Québec, au Petit Champlain, Richard Séguin a reçu des critiques fort élogieuses. Le Soleil a souligné la qualité des harmonies vocales, des éclairages et des projections. Il ne doit pas être facile pour Richard Séguin de faire des choix de chansons dans son vaste répertoire. Les spectateurs de l’Astral pourront entendre plusieurs titres des Horizons nouveaux, mais aussi des classiques comme Sous les cheminées et L’ange vagabond, ainsi qu’une reprise de Félix Leclerc. « Je suis à l’aise de vieillir dans la tradition folk. Le folk te permet d’être plus nuancé, de moins crier, de laisser toute son importance au texte. Tu retournes à la racine de la chanson », disait Richard Séguin à La Presse au printemps dernier.

Samito et Laurence Nerbonne

10 novembre à l’Astral

Si vous craignez, comme notre chroniqueuse Nathalie Petrowski, que la musique québécoise n’ait pas évolué depuis 20 ans au-delà du folk et des chansons de feu de camp, bien voilà un programme double qui fait la preuve que le Québec produit « de la musique urbaine moderne de son temps ». Dans un coin, Laurence Nerbonne et sa pop raffinée d’inspiration électro scandinave en français. Dans l’autre, Samito, multi-instrumentiste, auteur, compositeur et chanteur québécois originaire du Mozambique. Pour reprendre les dires d’un collègue, Alain Brunet, voilà « un vrai Montréal tel qu’on peut le concevoir en 2016 à l’ère de la world 2.0 ».

Corps Amour Anarchie, hommage à Léo Ferré

11 et 12 novembre à la Cinquième Salle de la Place des Arts

Pour marquer le 100anniversaire de naissance de Léo Ferré, dont Céline Dion a repris la chanson Avec le temps dimanche dernier au Gala de l’ADISQ, la compagnie PPS Danse et Coup de cœur francophone s’associent à nouveau pour produire Corps Amour Anarchie, un spectacle interdisciplinaire qui célèbre l’œuvre de l’icône de la chanson française en mettant en interaction le répertoire de l’artiste et la danse contemporaine. Conçu et dirigé par Pierre-Paul Savoie, directeur artistique de PPS Danse, le spectacle, sous la direction musicale de Philippe B et de Philippe Brault, réunit sur scène 15 artistes, soit quatre chanteurs, cinq musiciens et six danseurs. Ils sont : Bïa, Alexandre Désilets, Michel Faubert, Philippe B, Hélène Blackburn, David Rancourt, Anne Plamondon, Jossua Collin-Dufour et Pierre-Paul Savoie.

Ingrid St-Pierre

13 novembre à La Tulipe

Avec le Félix du meilleur album adulte contemporain remporté la semaine dernière lors du Premier Gala de l’ADISQ, Ingrid St-Pierre se produira à La Tulipe, une salle qu’elle connaît bien. La jeune mère sera sur scène avec quatre musiciens. Harpe, cuivres, clavier, percussion et contrebasse accompagneront le piano d’Ingrid St-Pierre, qui interprétera l’intégralité de son dernier album Tokyo et plusieurs chansons de ses deux premiers. Après Coup de cœur francophone, la chanteuse donnera une douzaine de spectacles un peu partout au Québec au cours des prochains mois.

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