Pour un nationalisme inclusif de dialogue
Au Québec, la Révolution tranquille a transformé notre nationalisme. Nos parents et grands-parents se sont détournés d’un nationalisme voulant conserver l’héritage catholique francophone pour embrasser un nationalisme humaniste au service de l’épanouissement des Québécois. Aujourd’hui plus que jamais, il faut renouer avec ce choix et reconnaître que le Québec a changé depuis. Le nationalisme moderne d’aujourd’hui doit être ouvert, embrasser le dialogue et valoriser les différences.
C’est un tel nationalisme qui permet de surmonter la ligne de fracture dans nos présents débats politiques qui opposent les citoyens du monde parfois détachés de notre société distincte aux nostalgiques d’un Québec passé qui n’existe déjà plus.
Nous croyons qu’une troisième voie est possible. Nous pouvons choisir un nationalisme positif axé sur l’humain, le respect de la différence et la solidarité face aux enjeux mondiaux que nous devons affronter conjointement avec les autres nations du globe. Notre quête qu’est le développement d’une société francophone en Amérique du Nord doit donc redevenir un vecteur de changements qui visent la liberté et l’épanouissement de tous les Québécois, peu importe leur origine. Cette quête doit être solidaire des autres nations et communautés du pays et non en opposition avec elles.
Cela requiert que nous reconnaissions que nos identités, qu’elles soient québécoises, canadiennes ou autres, ne sont pas mutuellement exclusives. La diversité enrichit notre société et la rend plus apte à affronter ses défis, car le jeu des identités n’est pas un jeu à somme nulle. Notre nationalisme ne doit donc pas viser l’assimilation, mais plutôt une intégration qui fait du français l’élément de partage d’une société diversifiée et plurielle.
Dans nos relations avec les autres communautés du Canada, notre nationalisme doit délaisser la croyance profonde que les intérêts du Québec sont en opposition avec ceux du reste du Canada.
àIl y a bien sûr des différences dans nos aspirations respectives, mais cette différence doit être animée par le dialogue plutôt qu’une logique de rapport de force qui nous fait oublier que le Québec a aussi besoin des autres pour surmonter de nombreux défis.
Par exemple, le hasard de la géographie a doté le Québec de ressources hydroélectriques qui facilitent notre adhésion aux principes du développement durable. Or, la réalité est différente pour plusieurs provinces dont l’économie dépend davantage du pétrole. Le réflexe nationaliste de certains Québécois les amène à penser que la lutte contre les changements climatiques passe donc par le rejet d’un Canada vu comme pétrolier et contraire aux intérêts environnementaux du Québec.
Or, l’urgence climatique nécessite aussi de convaincre les plus grands émetteurs de gaz effet de serre de réduire leur impact environnemental, peu importe qu’ils soient au Québec ou en Alberta. Les intérêts environnementaux du Québec, et de la planète, passent donc par un dialogue avec ces communautés qui vivent dans une réalité différente de la nôtre afin que, pour une fois, nous atteignions nos objectifs de lutte contre les changements climatiques.
Cette logique d’un nationalisme axé sur le dialogue, la liberté, l’épanouissement de chacun dans le respect de la différence s’applique tout autant à la quête d’équité sociale ou aux questions du libre-échange et du commerce entre les provinces. C’est avec un nationalisme humaniste et inclusif que nous aurons un projet politique qui répond aux aspirations de plusieurs générations de Québécois. Alors, nous aurons un projet qui rassemble plutôt que de diviser. C’est avec le rassemblement et la volonté d’élargir la famille québécoise que nous donnerons une vigueur bien moderne à notre quête de voir fleurir une société francophone prospère en Amérique du Nord.