Hockey

Guy Boucher à la barre des Sénateurs

Guy Boucher a toujours été agacé par la réputation d’entraîneur défensif qui lui colle à la peau.

Le nouvel entraîneur des Sénateurs d’Ottawa y fera probablement allusion ce matin lors de la conférence de presse prévue pour annoncer son entrée en poste.

Boucher indiquera probablement qu’il entend faire des Sénateurs un club plus responsable défensivement, mais qu’il voudra aussi une équipe redoutable offensivement.

Comme il l’a fait partout où il est passé, malgré la croyance populaire.

« C’est le plus grand mythe à son sujet, lance l’ancien attaquant du Canadien Mathieu Darche, qui le connaît depuis l’âge de 13 ans. Quand il nous dirigeait avec les Bulldogs de Hamilton, 95 % de ses entraînements étaient orientés vers l’attaque. »

« Sa grande force demeure l’efficacité de ses clubs en supériorité numérique. Ottawa a fait le bon choix, parce qu’ils ont plusieurs joueurs offensifs, justement. »

— Mathieu Darche, ancien attaquant du Canadien

En 2009, sous la direction de Boucher, l’attaque des Voltigeurs de Drummondville a terminé au premier rang de la LHJMQ, tout comme au chapitre des supériorités numériques. Boucher a aussi aidé un certain Mike Hoffman à passer d’une saison de 5 buts (en 19 parties) à… 52 buts (en 62 parties).

L’année suivante, à Hamilton, dans la Ligue américaine, les Bulldogs ont terminé troisièmes pour les buts marqués et premiers pour l’efficacité en supériorité numérique.

Quand Boucher a été congédié, en 2013, le Lightning occupait le premier rang de la ligue sur le plan offensif, à égalité avec les Penguins de Pittsburgh, et trônait aussi en tête de la ligue en matière d’efficacité en supériorité numérique. D’ailleurs, Steven Stamkos a connu sa seule saison de 60 buts sous ses ordres.

« J’avais obtenu seulement une passe en 15 matchs à ma première année à McGill, se remémore Mathieu Darche. À chaque pratique, il a travaillé mon jeu offensif. L’année suivante, j’ai marqué 21 buts en 26 matchs. Il insistait pour que je lance en mouvement, que c’est de cette façon que je surprendrais les gardiens. »

LE MOTIVATEUR

Mais les images du match de 2011 contre les Flyers de Philadelphie, au cours duquel l’entraîneur Peter Laviolette a demandé à plusieurs reprises à ses défenseurs d’attendre la pression des attaquants de Tampa avant de tenter un jeu, laissant ainsi le jeu dans un état stationnaire, pour ridiculiser le système 1-3-1 de Boucher, ont marqué l’imaginaire.

Ironiquement, Laviolette a utilisé le système 1-3-1 par la suite avec les Flyers, puis avec la formation américaine au Championnat du monde !

La direction des Sénateurs dit avoir fait ses devoirs. « Depuis trois semaines, Pierre Dorion et ses hommes de hockey ont mené une recherche exhaustive », a déclaré le propriétaire de l’équipe, Eugene Melnyk, dans un communiqué.

« Après une évaluation détaillée, Guy a fait consensus, il était notre premier candidat. Nous voulions un grand entraîneur, et le processus d’embauche nous a confirmé qu’il était le meilleur candidat. Nous ne pourrions être plus heureux. »

— Eugene Melnyk, propriétaire des Sénateurs

Mathieu Darche vante aussi les qualités de motivateur de Guy Boucher. « C’est lui qui m’a permis de retourner dans la LNH. Quand je suis arrivé avec les Bulldogs, je lui ai mentionné que je comprenais mon rôle de mentor auprès des jeunes. J’avais 31 ans, je faisais une croix sur la Ligue nationale, je me cherchais même une maison à Hamilton. Il m’a dit que c’était de la bouillie pour les chats, que je devais moi aussi croire en mes chances. J’ai joué deux ans et demi pour le Canadien par la suite. Il a un bac en psychologie sportive, il sait comment motiver les gars. Tu peux en parler à David Desharnais. »

L'AVANT-GARDISTE

L’ancien hockeyeur de la LNH estime que les joueurs des Sénateurs doivent accepter de sortir de leur zone de confort.

« C’est un coach innovateur. Il a une façon de faire très différente des autres. On avait une tactique spéciale en début de match pour surprendre l’adversaire. Il appelait ça “magnet”, pour aimant. Ça consistait à tirer en direction du but dès le début du match et à converger vers le filet, peu importe la situation ou notre position sur la glace. Je ne sais pas combien de fois on a pu prendre une avance de deux buts après cinq minutes de jeu… »

Darche lui attribue aussi la paternité du « swarm », cette stratégie qui consiste à envoyer les cinq joueurs de l’équipe dans la même portion de la glace pour contrer l’adversaire. « C’est une stratégie que les équipes utilisaient en infériorité numérique, mais il l’a appliquée à cinq contre cinq. Il n’arrête jamais de réfléchir à de nouvelles manières de faire. Il dormait trois heures par nuit à Hamilton. L’année où le Lightning a atteint la demi-finale, il m’a tenu pendant au moins trois heures à me demander des trucs pour contrer les Bruins, qui venaient de nous éliminer dans la ronde précédente. J’avais tout dit, mais il m’en demandait davantage. »

Guy Boucher a failli revenir dans la LNH l’an dernier, mais il a été coiffé au fil d’arrivée par Mike Babcock à Toronto et John Hynes au New Jersey.

Le printemps avant son congédiement à Tampa, en 2013, il est venu à un match de mener le Lightning en finale. Il a perdu le septième match de la finale d’association 1-0 aux mains des Bruins de Boston.

Un an après son congédiement, quatorze joueurs de sa formation régulière en 2013 n’étaient déjà plus dans la LNH…

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