Entraînement

Pour avoir la colonne vertébrale d’un chat

Pratiquer le pilates permet d’avoir « une colonne vertébrale aussi souple que celle d’un chat et aussi forte qu’une colonne grecque », aurait dit Joseph Pilates. Voilà une perspective alléchante, en cette époque où on passe son temps le dos courbé au-dessus d’un écran, non sans douleurs.

Qui est ce Joseph Pilates ? C’est l’inventeur de la méthode de conditionnement physique qui porte son nom. Allemand, il travaillait comme boxeur en Angleterre lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Incarcéré en raison de ses origines, le jeune homme a mis au point une série d’exercices à faire au sol pour garder la forme, rapporte la Pilates Method Alliance (PMA), une association à but non lucratif américaine qui certifie les instructeurs de pilates.

Travaillant ensuite auprès de blessés de guerre, Joseph Pilates a utilisé les ressorts des matelas – qui apportent tantôt aisance, tantôt résistance – pour créer du matériel de réadaptation. Cela a donné naissance à plusieurs appareils de pilates (comme le « reformer », un chariot à roulettes monté sur un cadre en bois équipé de ressorts, de sangles et de poignées) encore utilisés aujourd’hui.

Après avoir émigré aux États-Unis en 1926, Joseph Pilates et sa femme Clara ont ouvert un studio de remise en forme à New York. Leur méthode n’a toutefois vraiment gagné en popularité que plusieurs années après la mort de M. Pilates, en 1967. À Montréal, il a fallu attendre 1992 pour qu’Ann McMillan, considérée comme la pionnière de la discipline au Québec, ouvre un studio de pilates.

Six principes

Mais qu’est-ce que le pilates ? C’est une série d’exercices qui renforcent les abdominaux, le dos, les jambes et les bras, en portant une attention particulière au rythme des respirations. Pouvant être faits au sol, à quatre pattes, debout ou sur divers appareils, ces mouvements sont sans impact. Plusieurs accessoires, comme des rouleaux de mousse ou des cerceaux, peuvent être utilisés pour varier les entraînements, travailler la stabilité ou mieux étirer. Gros atout à l’heure du lunch ou avant d’aller au bureau : il n’est généralement pas nécessaire de se doucher après une séance de pilates, peu exigeante sur le plan cardiovasculaire.

« Le pilates peut avoir l’air d’être juste des exercices de gymnastique. Mais il y a six principes fondamentaux derrière, qui font que ça devient du pilates. »

— Patricia Perrier, propriétaire du Studio Équilibre à Montréal et titulaire d’un diplôme français d’éducation physique (brevet d’État des métiers de la forme)

Voici les six principes du pilates, selon Mme Perrier :

1. Centrage : sentir que tout mouvement part du centre du corps, entre le bassin et les côtes flottantes.

2. Respiration : une respiration provenant du diaphragme permet de mieux engager les abdominaux profonds.

3. Concentration : se concentrer sur les étapes des mouvements en maximise les bienfaits.

4. Contrôle : le corps fonctionne dans sa totalité grâce à l’impact de tous ses éléments.

5. Précision : l’alignement du corps est essentiel.

6. Fluidité : les éléments doivent être rassemblés et synchronisés pour donner un mouvement gracieux.

N’importe qui peut enseigner

On trouve aujourd’hui toutes sortes de leçons, des classes en groupe sur simple tapis de yoga à 10 $ la séance jusqu’aux cours privés sur appareils spécialisés à 75 $ l’heure. Profiter de forfaits pour débutant, qui comprennent quelques séances privées à prix réduit pour apprivoiser le pilates, est judicieux avant de se joindre à une classe.

« La qualité de l’intervention est très importante, souligne Carolle Leclerc, coordonnatrice du programme Mon Équilibre à l’Université Laval. Pour bien donner un cours de pilates, il faut vraiment avoir l’œil. Quelqu’un qui ne connaît pas bien le pilates ne voit pas que son étudiant n’est pas bien positionné, qu’il ne travaille pas le bon muscle, etc. J’ai remarqué que souvent, les bons profs touchent aux personnes doucement et respectueusement, pour vraiment voir ce qui se passe comme travail. »

« Le pilates est une approche qui développe beaucoup la conscience corporelle, mais il faut que ce soit bien fait. »

— Carolle Leclerc

Or, n’importe qui peut s’improviser instructeur de pilates. Il vaut donc mieux demander les qualifications du professeur avant de s’inscrire à un cours. Au Québec, Ann McMillan, qui est certifiée par la PMA, forme plusieurs instructeurs. Une autre association, la United States Pilates Association, en certifie aussi.

« En plus d’être instructeurs de pilates, plusieurs ont une formation en activité physique ou en danse, ce qui fait une grande différence », observe François Lecot, agent de recherche au département de kinésiologie de l’Université de Montréal. 

« Le solfège du sport »

Le pilates convient à tous, ou presque – si on a des problèmes de santé, il vaut mieux avoir l’approbation de son médecin avant de s’y mettre. La discipline est particulièrement bénéfique pour les… athlètes.

« Le pilates est le solfège du sport, décrit Mme Perrier. Un musicien peut jouer de la musique sans connaître le solfège. Mais s’il apprend le solfège, il a plus de bases et va beaucoup plus loin. Le pilates permet de comprendre la structure du corps. En appliquant les principes du pilates, j’ai pu aller plus loin en course à pied, en tennis, en musculation et en danse. C’est assez magique. »

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