Opinion

Délaisser le plein d’essence pour le plein de sens

Nos vies modernes effrénées nous ont progressivement éloignés de nos différentes racines, qu’elles soient familiales, communautaires ou historiques, ainsi que de notre lien à la nature.

La pause de l’Action de grâce est un moment opportun pour remettre en question cette course folle et renouer avec l’essentiel. Disons-le haut et fort, le défi de vouloir aller plus vite est maintenant dépassé. Aujourd’hui, le vrai défi de taille est de ralentir, de tourner le dos à la croissance et de faire face à la nécessité de construire un véritable projet de satiété. Pour réussir, il faudra rapidement délaisser le plein d’essence et privilégier le plein de sens, prendre le temps d’admirer la beauté du monde, se laisser bercer par le chant d’un oiseau ou s’arrêter pour sentir l’odeur des feuilles mortes tapissant le sol.

Grâce à la nature

« N’oubliez pas la nature », a scandé récemment l’acteur américain Harrison Ford aux scientifiques réunis au Global Climate Action Summit. Il a bien raison, les milieux naturels sont indispensables à la lutte contre les changements climatiques et au maintien de la biodiversité. Détruire la nature, c’est se priver de notre meilleure alliée, c’est littéralement se tirer dans les pieds.

Plusieurs ne comprennent tout simplement pas l’importance de protéger nos milieux naturels.

Retenir son souffle quelques instants est un très bon exercice pour se saisir du lien vital qui nous unit tous à la nature. Le soulagement ressenti après une inspiration retenue, le moment où le cycle de la respiration reprend son cours, tout ce bien-être s’appelle oxygène et il vous est fourni gratuitement par les forêts et les océans, par la photosynthèse des arbres et des algues. Merci nature !

Au Japon, les bienfaits du contact avec la nature sont reconnus par l’État et les bains de forêts, appelés shirin-yoku, prescrits comme remède pour diminuer le stress. De plus, de récentes études épidémiologiques indiquent que la proximité et l’accessibilité des milieux naturels améliorent la santé physique et mentale des citoyens.

Ce dimanche de l’Action de grâce, faites partie d’une nouvelle tradition et allez rendre grâce à la nature.

Authentiques cathédrales naturelles, nos parcs nationaux sont des lieux idéals pour se réunir en famille et aller remercier la nature pour tous les services qu’elle nous rend. Pour la troisième année, la Société pour la nature et les parcs (SNAP) offrira des activités de connexion à la nature dans huit parcs à travers le Québec. Il y aura au menu des stations officielles de câlins d’arbres, des arbres à souhaits, des zones de ralentissement volontaire, de la vitamine nature et même un livre à signer.

De l’avoir moins à l’être plus

Nous sommes dans une infime zone d’habitabilité quelque part dans l’univers. Notre désir d’en avoir toujours plus menace maintenant les fondements de cette écosphère. En avoir plus signifie également pour plusieurs une perte de liberté conséquente à l’endettement. Il faut s’attaquer en priorité aux causes sous-jacentes de cette surconsommation autodestructrice. Le déficit nature est assurément l’une de ces causes car il nous rend indifférents à la destruction des milieux naturels.

Le dimanche de l’Action de grâce, soyons nombreux à venir nous reconnecter avec la nature et à la remercier. Contrairement à l’ÉGO-souhait qui ne se réalisera que si on le garde pour soi, l’ÉCO-souhait ne verra le jour que s’il est diffusé à tout vent. Je vous invite à partager ce souhait et ensemble, bâtissons le monde de l’avoir moins et de l’être plus.

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