Eau potable
Montréal intensifie la chasse au plomb
Collaboration spéciale
« Ce n’est pas une situation nouvelle. Nous avons toujours été exposés au plomb dans l’eau potable. Depuis 40 ans, son bannissement dans l’essence, la peinture, la conserverie et la plomberie a permis de faire chuter le plomb dans le sang des enfants de moins de 6 ans de 200 à 10 microgrammes par litre de sang, explique Monique Beausoleil, toxicologue à la Direction régionale de santé publique. C’est pour réduire encore ce chiffre que l’on cherche à faire disparaître ces conduites, car il pourrait y avoir dissolution de ce métal quand l’eau stagne trop longtemps. » « À faible concentration, le plomb entraîne de l’anémie chez les enfants de 6 ans et moins [car ils absorbent de 5 à 10 fois plus de plomb qu’un adulte dans leur organisme]. Mais ces niveaux de concentration sont rares à Montréal. On n’en a jamais rapporté. On fait de la prévention aussi auprès des femmes enceintes parce qu’on les estime plus vulnérables en raison de leur métabolisme plus élevé. Mais il n’y a aucune étude pour quantifier ce risque », reconnaît-elle.
« Ces entrées d’eau ont été installées jusqu’à la fin des années 60 dans les habitations de huit logements et moins sur tout le territoire de Montréal, à l’exception de trois secteurs, soit Pierrefonds, L’Île-Bizard et Saint-Léonard », affirme Chantal Morissette, directrice du service de l’eau à la Ville de Montréal.
Un remplacement coûte en moyenne de 2000 à 5000 $, selon les entrepreneurs interrogés. La facture varie selon la longueur de la conduite et les obstacles du terrain comme une galerie, du béton ou si le bonhomme d’eau (vanne d’entrée d’eau) est coulé dans le trottoir, explique Ian Karsh, de l’entreprise IanK Excavation.
« Il n’y a pas de programme de subvention, mais on s’engage à informer les propriétaires des projets de réfection des rues dans un horizon d’un à deux ans pour leur permettre de budgéter ces travaux. On s’engage également à venir remplacer immédiatement la portion publique de la conduite si le propriétaire préfère ne pas attendre la réfection de sa rue », répond Chantal Morissette, directrice du service de l’eau à la Ville de Montréal.
La liste des laboratoires certifiés pour les tests de teneur en plomb dans l’eau du robinet est affichée sur le site du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Des laboratoires, comme Aqualabo de Saint-Michel-de-Napierville, offrent un test à faire soi-même pour une trentaine de dollars. Une trousse est expédiée à votre domicile. Il suffit de remplir la bouteille selon les instructions et de la retourner au laboratoire. Le résultat est communiqué dans les trois jours ouvrables suivants.
« L’installation d’un filtre à la valve d’entrée dans son sous-sol coûte de 400 $ à 550 $, selon la qualité de l’appareil choisi. Il élimine tout risque de contamination », affirme Benjamin Lessard, de l’entreprise iPlomberie.
« Je recommande toujours de demander une analyse de l’eau avant l’achat d’une maison, mais en 20 ans de carrière, je n’ai jamais eu connaissance de taux de plomb supérieurs aux normes à Montréal. Il suffit de prévoir changer la conduite quand la Ville effectue des travaux dans sa rue. Cette dépense peut faire partie du jeu de la négociation, comme pour un toit ou un chauffe-eau vieillissant », explique Jean-Pierre Desbiens, inspecteur en bâtiment surtout actif dans le centre de l’île, du Centre-Sud jusqu’à Ahuntsic.