Harcèlement des femmes sur les réseaux sociaux

C’est assez !

Cette année, l’animatrice des émissions Les échangistes (ICI Radio-Canada Télé) et Pénélope aime (ICI Musique) est sortie sur la place publique pour dénoncer les propos sexistes et humiliants dont font l’objet les femmes dans les réseaux sociaux. À quand la mise en place d’un véritable système pour dénoncer les harceleurs ? demande Pénélope McQuade.

Que retiendras-tu de 2016 ?

C’était une année bipolaire qui m’a brassée dans mes convictions, qui m’a bouleversée. J’ai eu un entretien avec la psychologue Rose-Marie Charest qui sera diffusé sur ICI Radio-Canada Première durant le temps des Fêtes et je lui demandais comment se désintoxiquer de 2016. J’ai beaucoup aimé sa réponse. Elle m’a dit que 2016 aura réveillé les femmes qui pensaient que les choses étaient acquises. Je trouve que c’est une façon plus positive de voir les choses.

Quels sont les événements qui t’ont le plus marquée cette année ?

Il y a bien sûr la défaite de Hillary Clinton et les écarts de salaire entre hommes et femmes au cabinet de Philippe Couillard. Je me questionne également beaucoup sur la question de la diversité corporelle. Quand je vois tous les mouvements comme « Free the nipples », etc., je me dis qu’il s’agit d’un féminisme narcissique qui continue à véhiculer un système où la femme est un objet de séduction. Est-ce qu’on s’entend pour dire que ça ne dérange pas trop les gars, ce genre de mouvement là, sans brassière et tout le reste, qui est souvent porté par des jeunes femmes dont les seins tiennent tout seuls de toute façon (rires) ?

L’autre chose, c’est le débat autour du consentement et de la culture du viol. Quelle claque ! Je n’en reviens pas à quel point on a minimisé ce qui est arrivé aux filles autour de nous. Ça m’a rappelé toutes les microagressions dont j’ai été victime tout au long de ma vie, les gars qui te touchent un sein, une fesse, qui te font des remarques désobligeantes. Heureusement, il y a des choses qui ne passent plus, il y a des gars, comme le rappeur Koriass, l’humoriste Louis T ou l’animateur Matthieu Dugal (qui a atteint la parité hommes-femmes dans son émission), qui font une différence. Enfin, cette année, j’ai fait une sortie contre les commentaires à l’endroit des femmes dans les réseaux sociaux. Je le répète, les réseaux sociaux sont une caisse de résonance de ce qui se passe dans la société. Je crois que si c’étaient les gars qui étaient stigmatisés de la sorte, il y aurait déjà un système en place pour résoudre le problème…

Tes souhaits pour 2017 ?

Qu’on mette en place un système concret pour encadrer les lieux d’échange. Nous, les filles, on s’est créé des beaux espaces pour se parler entre nous, mais il doit y avoir une façon de dénoncer les agressions dont nous sommes victimes dans les réseaux sociaux. On nous dit d’appeler la police, mais dans les faits, ce n’est pas adapté à la nature du problème. Et puis, il faut arrêter de dire : « Moi, je ne lis pas les commentaires agressifs, je les ignore. » Non ! Ce n’est pas un problème individuel, c’est une problématique sociale.

Finalement, j’aimerais que le mouvement féministe se corse un peu, qu’il s’ouvre davantage aux enjeux politiques et économiques, qu’il dépasse les campagnes comme « Free the nipples », qu’il soit plus intergénérationnel et interracial. J’aimerais que les jeunes filles se radicalisent.

L’émission Bulles et rigodons avec Pénélope McQuade, où elle discute entre autres avec Rose-Marie Charest, sera diffusée demain à 19 h et le 1er janvier à 14 h.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.