OPINION COMMUNAUTÉS LGBT

Il ne s’agit pas seulement d’un défilé

Les membres des communautés LGBT rencontrent de nombreuses difficultés

La découverte des résultats de l’enquête nationale et inédite « Réalités LGBT » sur les valeurs des communautés LGBT dévoilés par la Fondation Jasmin Roy la semaine dernière a d’abord provoqué la surprise chez les différentes communautés impliquées dans la conception du sondage. Une surprise qui laisse désormais place à l’indignation : comment de tels résultats peuvent-ils rester sans réaction des ordres de gouvernement ?

Ainsi, 13 % de la population canadienne* déclare faire partie des communautés LGBT. Par extension, plus de 4,5 millions de Canadiens sont homosexuels, lesbiennes, bisexuels, asexuels, pansexuels, transgenres binaires ou non binaires ; 75 % d’entre eux disent avoir déjà été victimes d’intimidation, de menaces ou de commentaires blessants ou désobligeants. Soixante-quinze pour cent… soit 3,4 millions de personnes en détresse à travers le Canada.

Les difficultés rencontrées par les communautés et dévoilées dans le sondage ont un impact sur bien plus que ces 4,5 millions de Canadiens. En effet, 70 % des citoyens québécois se disent en contact avec des personnes homosexuelles ou bisexuelles : des parents, des frères et sœurs, des amis et des proches tout autant concernés par ces réalités qu’il n’est simplement plus possible d’ignorer.

Lorsque 58 % des membres des communautés LGBT disent avoir l’impression que les ressources disponibles pour avoir du soutien et de l’aide sont insuffisantes, et formulent pourtant des besoins en ressources clairs et constructifs, est-il normal de n’observer aucune réaction, aucune réponse ni aucune proposition des différents ordres de gouvernement ?

Un retour ou une augmentation des cours d’éducation sexuelle dans les écoles est par exemple plébiscité par presque la moitié (49 %) des sondés et ce n’est une surprise pour personne. Quelle réaction devons-nous maintenant attendre des responsables des programmes scolaires ? La tolérance, l’acceptation et l’inclusion ne devraient-elles pas être inculquées dès la petite enfance, avant même le primaire ? Comment pouvons-nous arriver en 2017 avec de telles questions qui devraient être aujourd’hui des évidences ?

Immigration

Alors que l’avenir du Canada est intimement lié à son immigration et que nous savons désormais que les personnes nées hors Canada sont proportionnellement moins nombreuses à être en contact avec la diversité sexuelle et sont généralement un peu moins ouvertes à cet égard que celles nées au Canada, que suggèrent les gouvernements, les partis de l’opposition et les municipalités pour s’assurer que les nouveaux arrivants soient plus en contact avec cette diversité ? Quelles sont leurs stratégies pour s’assurer que les familles des milieux ethnoculturels soient mieux éduquées pour soutenir leurs enfants dans leur orientation sexuelle et identité de genre ?

Enfin vient la question de la représentativité dans les médias : 46 % des sondés LGBT disent être mal représentés dans les médias alors que les Canadiens adultes moyens regardent 18,9 heures de télévision par semaine**. Le CRTC, les syndicats d’artistes et les différents ordres de gouvernement devraient prendre ce problème à bras le corps et réclamer une meilleure représentativité des groupes LGBT dans les sociétés d’État et dans toutes les productions subventionnées ou qui ont droit à des crédits d’impôt.

Des pistes de solutions sont évoquées dans ce sondage et les groupes LGBT représentants de toutes les variations de ces communautés sont disposés à mettre la main à l’ouvrage.

Faisons en sorte qu’une prochaine édition de cette photographie de la société canadienne n’affiche plus 81 % de LGBT sondés déclarant avoir ressenti ou ressentir des sentiments de désarroi, de solitude, d’isolement ou de découragement liés à leur orientation sexuelle ou à leur identité de genre.

* Chiffres issus du sondage « Réalités LGBT » mené par CROP pour la Fondation Jasmin Roy, août 2017 ** Numeris 2016

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