Alex Tanguay

Les médias
comme tremplin

À 37 ans, Alex Tanguay a choisi de passer à la prochaine étape de sa vie.

Las d’attendre une offre de contrat, l’ancien attaquant de l’Avalanche du Colorado, des Flames de Calgary, du Canadien, du Lightning de Tampa Bay et des Coyotes de l’Arizona se lance dans le monde des médias... en attendant de travailler pour une équipe de la LNH.

« Je pensais vraiment me trouver du boulot quelque part en début de saison, a-t-il confié au téléphone. J’avais connu une bonne fin d’année avec les Coyotes de l’Arizona. On m’a offert des essais pendant les camps d’entraînement, mais pour moi, des essais, c’est une solution de rechange pour les équipes si les jeunes ne font pas le travail. » 

« À 37 ans, tu n’es plus un projet d’avenir. Je ne voulais pas déménager ma famille sans avoir quelque chose de fixe. »

— Alex Tanguay

En décembre, Tanguay a appelé son vieux pote Dave Reid, analyste au réseau de télé NHL Network, pour sonder le terrain.

« Dave est un ami. On a gagné la Coupe Stanley ensemble en 2001 au Colorado. C’est un homme extraordinaire. En gentleman qu’il est, il m’a mis en communication avec l’un des producteurs et j’ai participé à deux émissions en décembre pour voir si j’aimais ça et comment je me comportais devant une caméra. Ils m’ont ensuite fait une offre pour un poste temporaire. »

Tanguay a aussi fait une première collaboration sur les ondes du 91,9 Sports à l’émission de Jean-Charles Lajoie, la semaine dernière.

Le Québécois veut utiliser les médias comme tremplin pour accéder à un poste de gestionnaire ou d’entraîneur dans la LNH.

« Me retrouver dans les médias permettra à certaines personnes qui ne me connaissent pas de découvrir mes idées et ma vision. J’aime les médias, mais la compétition est encore en moi. Dans les médias, tu ne gagnes pas et tu ne perds pas. J’aimerais faire la différence pour une équipe. »

En Arizona

Tanguay avait 22 points en 52 matchs au compteur, le 29 février 2016, lorsqu’il est passé de l’Avalanche aux Coyotes avec deux jeunes joueurs, Kyle Wood et Conner Bleackley, en retour de Mikkel Boedker.

« J’ai été déçu d’avoir été échangé à un club écarté des séries. Quand tu es plus vieux, tu espères participer aux séries. L’Avalanche luttait encore pour une place dans les éliminatoires au moment de l’échange. J’ai été surpris que les Coyotes veuillent obtenir un joueur plus âgé alors qu’ils n’avaient aucune chance de faire les séries. »

Tanguay a bien fait en fin de saison avec 13 points en 18 matchs au sein d’un trio productif avec Anthony Duclair et Antoine Vermette, mais le téléphone n’a jamais sonné au cours de l’été.

« Le fait de me retrouver à Phoenix n’a pas aidé. Peu de gens du hockey suivaient l’équipe à l’approche des séries. Je n’ai pas pu me faire voir. J’avais une clause de non-échange avec une liste de 10 clubs avec qui j’acceptais un échange, dont les Coyotes, mais quand j’ai fait la liste en juillet, j’étais convaincu que les Coyotes allaient être des séries. »

***

L’Avalanche a raté les séries par cinq points l’an dernier et a terminé au neuvième rang sur 15 équipes dans l’Ouest. Patrick Roy est parti avec fracas au cours de l’été et le club a piqué du nez cette saison. Il terminera vraisemblablement au dernier rang du classement général.

« Je ne m’y attendais pas [à son départ]. J’ai eu une seule conversation avec Patrick depuis ce temps-là. Je suis surpris parce qu’il est très compétitif et je croyais qu’il avait le plan pour amener cette équipe à un autre niveau. Il y a peut-être quelque chose derrière tout ça, on va peut-être le savoir un jour. »

Comment expliquer la déconfiture de ce club pourtant bien nanti en jeunes de talent ? 

« C’est une question difficile. Je ne veux pas entrer dans les détails parce que je suis encore proche de plusieurs joueurs. Tu prends les joueurs du noyau sur le plan individuel, Matt Duchene, Gabriel Landeskog, Tyson Barrie, Erik Johnson, Nathan MacKinnon, ils ont tous un énorme potentiel. 

« Mais pour bâtir une équipe, ça prend plus que du potentiel. Ça prend une manière de les amener à un autre niveau. C’est avec les joueurs complémentaires que tu peux faire ça. Au Colorado, pour plusieurs raisons, ça ne fonctionne pas. C’est triste un peu, parce que Denver est une ville extraordinaire. J’ai grandi ici. Je suis arrivé là à 19 ans et j’y ai vécu plus de 10 ans. » 

« J’espère que l’organisation va pouvoir redevenir une équipe dominante. »

— Alex Tanguay au sujet de l’Avalanche du Colorado

Les départs des centres Paul Stastny, joueur autonome non retenu par le directeur général Joe Sakic, et Ryan O’Reilly, échangé aux Sabres de Buffalo pour Nikita Zadorov, Mikhail Grigorenko, JT Compher et un choix de deuxième tour, n’ont pas aidé non plus.

« Avec le recul, est-ce que Paul Stastny et Ryan O’Reilly auraient mieux fait de rester ? On peut se poser la question. O’Reilly, c’est un joueur qui est toujours positif, quand il est sur la glace, il compte plus que le trio adverse. Même chose pour Stastny. Ils n’amasseront pas 90 points, mais ce sont des joueurs qui rendent leurs partenaires de trio supérieurs. L’Avalanche s’en ennuie probablement. »

Et s’il était DG, chercherait-il à obtenir Landeskog ou Duchene, tous deux sur le marché des échanges ?

« Je ne peux y répondre parce que chaque équipe a des besoins différents. Que ce soit Marc Bergevin, Pierre Dorion à Ottawa ou Lou Lamoriello. Landeskog est un joueur plus robuste, qui patine dans un axe nord-sud, qui a beaucoup de caractère, très puissant en bataille pour la rondelle, il peut jouer en infériorité comme en supériorité numérique, il peut marquer des buts. Duchene est peut-être plus spectaculaire et offensif, ce sont deux joueurs qui, dans la bonne situation, vont aider leur équipe. »

« Un rêve d’enfant »

Tanguay n’a toujours pas annoncé sa retraite officiellement. « Éventuellement, je vais le faire. Je n’ai pas besoin d’une “fermeture”, mais je vous assure que je ne me prépare pas à revenir. Ce n’est pas nécessaire pour moi. Je ne suis pas pressé d’annoncer ça. »

Douzième choix au total par l’Avalanche du Colorado en 1998, Tanguay termine sa carrière avec 863 points en 1088 matchs.

Dans sa cuvée, seuls Vincent Lecavalier, Brad Richards et Pavel Datsyuk ont obtenu plus de points. Mike Ribeiro, Andrei Markov et Brian Gionta le suivent au classement, mais aucun n’a de chances de le devancer.

« J’ai eu une belle carrière, j’ai eu des hauts et des bas, j’ai eu de très belles saisons, de plus difficiles, je m’estime chanceux d’avoir pu jouer dans la LNH aussi longtemps, c’était un rêve d’enfant. »

Alex Tanguay sur...

... ses entraîneurs favoris

« J’ai eu plein d’entraîneurs. Ceux qui m’ont le plus aidé ? Sans doute la famille Sutter, Darryl et Brent à Calgary. Bob Hartley m’a aidé à passer de joueur junior à joueur de la Ligue nationale. A-t-il été dur avec moi ? Absolument. Il m’a montré la façon dont je devais jouer et ça m’a permis d’avoir une longue carrière. J’ai aussi côtoyé Joel Quenneville pendant un an. La première année de Patrick Roy au Colorado a également été exceptionnelle. J’en ai eu d’autres avec qui ça a été plus difficile. Leur façon de voir les choses n’était pas compatible avec la mienne. »

... son centre favori

« Peter Forsberg a été le plus dominant. J’ai joué avec lui quand il a gagné le championnat des compteurs et le titre de joueur le plus utile. C’est un joueur exceptionnel. J’aurais pu nommer Joe Sakic aussi. J’ai eu une saison de 81 points avec Daymond Langkow à Calgary, mais deux ans plus tôt, j’ai fait 79 points en 69 matchs au Colorado avant de me blesser. J’étais tout près de Martin St-Louis ou à égalité avec lui dans la course. Rater les 13 derniers matchs de la saison avec une blessure au genou dans une telle course, j’aurais préféré que ça n’arrive pas... »

... son passage d’un an chez le Canadien (il a joué une saison pour Guy Carbonneau, puis Bob Gainey en fin de saison, avant de se blesser à l’épaule.)

« J’aurais aimé que ce soit plus long. Mais tu ne contrôles pas les blessures. Je m’étais fait frapper par Evgeny Artyukhin, de Tampa Bay, je ne sais pas si les gens se souviennent de lui, il mesurait 6 pieds 4 pouces et pesait environ 260 livres. J’étais en bonne position le long de la bande, mais dans le temps, il y avait les morceaux entre les baies vitrées et il m’a poussé là-dessus. La séparation de l’épaule n’était pas très belle. J’avais raté 32 matchs. C’est difficile de se justifier quand tu rates autant de matchs.

« Je me suis dépêché pour revenir à temps pour la première ronde contre les Bruins. Malheureusement, après deux matchs à Boston, je n’ai pas pu continuer. Ça me déçoit beaucoup. La chance de disputer un match de séries à Montréal est unique, même si je viens de Québec et que je prenais pour les Nordiques. Tu veux toujours revenir le plus vite possible. Et c’est la même chose pour l’organisation. Ils ont besoin de leurs atouts sur la glace. Je pensais pouvoir rester avec le Canadien après cette année-là, mais ça ne s’est pas déroulé comme ça. »

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