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Gatti a trouvé sa voie

Tout au long de ses six saisons avec l’Impact, entre 2006 et 2011, Simon Gatti était considéré comme le joueur polyvalent par excellence. D’un match à l’autre, il pouvait alterner entre le poste de milieu défensif et celui d’arrière gauche ou droit. Il parvenait ainsi, sans faire de bruit, à disputer sa part de matchs chaque saison.

Aujourd’hui entraîneur adjoint du FC Montréal (USL), Gatti met encore cet atout à profit dans les entraînements ou dans les discussions tactiques avec les joueurs. Par expérience, il peut facilement conseiller les latéraux et les milieux de terrain. Il peut également partager les hauts et les bas d’une carrière qu’il a arrêtée, en février 2012, aux portes de la MLS. Il a ensuite entraîné trois catégories d’âge de l’Académie, avant de devenir le bras droit de Philippe Eullaffroy, en 2015.

« J’aime le rôle d’adjoint, c’est quelque chose qui me va bien, dit-il en entrevue. C’est un rôle dans lequel il faut trouver une certaine nuance. Tu dois être proche des joueurs pour qu’ils aient confiance en toi, mais il faut aussi pouvoir être plus strict. Quand c’est comme ça, c’est comme ça. […] Si tu niaises trop avec eux, ils ne te prendront plus au sérieux. »

« De par mon caractère, je suis plutôt gentil, mais quand je me fâche, je me fâche. Je pense que c’est l’aspect que je dois améliorer. Je dois être plus sévère et moins comme ça », lance-t-il en nous donnant une gentille tape sur l’épaule.

Le monde impitoyable du professionnalisme ? Âgé de 35 ans, Gatti ne s’y voit pas encore. Lui-même reconnaît devoir encore en apprendre sur le métier d’entraîneur. Avec le FC Montréal, dans une catégorie d’âge qu’il affectionne particulièrement, il aime surtout contribuer au polissage de joueurs qui ne sont qu’à une marche du très haut niveau.

« Les pros, ils savent déjà ce qu’il faut faire, ils connaissent leur métier, et l’entraîneur gère avant tout les attitudes et les personnalités. Avec les jeunes, c’est beaucoup de psychologie, mais c’est aussi beaucoup de développement. »

— Simon Gatti, entraîneur adjoint du FC Montréal

« Si un professionnel ne joue pas bien, il reste sur le banc. Ici, il faut qu’on les développe. Ils doivent bien jouer, mais il y a encore une logique de progression et de développement. C’est ce juste milieu qui m’intéresse. »

UNE OCCASION À SAISIR

Assis sur un banc de la caserne Letourneux, le natif de Welland, dans le sud de l’Ontario, revient longuement sur sa carrière et sur une après-carrière qui coulait de source.

Parce que « le foot est toute [sa] vie depuis l’âge de 4-5 ans », il était tout naturel qu’il ne s’éloigne pas trop des terrains.

Le travail, avec les jeunes, a précisément germé au début de l’année 2012 lorsqu’il tentait de gagner sa place avec l’Impact, version MLS. La mise sous contrat d’Eduardo Sebrango a ouvert une place sur le banc de l’équipe des moins de 14 ans de l’Académie. Il a alors entamé cette réflexion de reconversion tout en connaissant un bon début de camp.

« Je me disais que, peut-être, ils allaient me signer. Ils ont décidé d’attendre un autre stage, en Floride, où l’on devait jouer contre des équipes MLS, explique Gatti. Je comprenais, c’est le business, mais j’étais un peu frustré. Par la suite, mon niveau a baissé, je n’étais pas bon. Là, je me suis dit : ”J’ai 31-32 ans. Est-ce que je veux essayer de continuer encore avec l’équipe en MLS ?” »

« Après un entraînement, je suis allé voir Jesse Marsch pour lui dire que ce poste d’entraîneur [avec l’Académie] m’intéressait et que j’arrêtais [ma carrière de joueur]. »

— Simon Gatti, ancien joueur de l’Impact

« Ça m’ennuie quand même de ne pas être allé au troisième camp [en Floride] pour voir ce qui se serait passé. Je n’ai pas eu de réponse si j’allais faire l’équipe. Mais si ç’avait été le cas, j’aurais pris la même décision par la suite. Pour l’avenir, c’était mieux d’avoir entamé mon après-carrière et de travailler avec les jeunes. »

Même pour un athlète qui devient entraîneur, le syndrome de la page blanche existe. Lors de ses premières séances avec les moins de 14 ans, Gatti avait conservé ses réflexes de joueur professionnel. Avec l’aide d’autres éducateurs de l’Académie, il a alors dû adapter son discours et ses exercices.

« Je ne pouvais pas dire à des enfants ce que Marc Dos Santos ou John Limniatis me disaient avant les entraînements, dit-il en souriant. Sérieusement, je n’avais aucune idée.

« Au début, tu penses que tu peux faire des entraînements de pros, mais tu ne peux pas, parce qu’ils ont 14 ans. Tu as toute cette expérience acquise pendant six ans en tant que joueur, tu connais les exercices, mais tu ne sais pas vraiment pourquoi tu les fais.

« J’ai trouvé que c’était difficile de faire la séance et de communiquer les deux ou trois objectifs à la fin de l’entraînement. Chez les pros, tu n’as pas de message, alors que là, tu dois te demander comment tu vas passer ce message. »

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