PME Innovations

GoTroo veut ouvrir le sociofinancement aux entrepreneurs

Le sociofinancement par des sites internet est en voie de révolutionner la sollicitation de fonds pour des projets communautaires et des causes humanitaires.

Mais cet essor du financement participatif interpelle de plus en plus les entrepreneurs, comme un nouveau moyen de recueillir du capital de développement pour leurs projets d’affaires.

Sauf qu’avant de s’y lancer, parce qu’il s’agit alors de mini-émissions d’actions de PME plutôt que de simples sollicitations de dons, les nouveaux entrepreneurs et les petits investisseurs attirés par leur projet devaient attendre le feu vert des autorités réglementaires.

C’est chose faite depuis mai dernier pour les PME naissantes. Celles-ci peuvent recueillir jusqu’à 500 000 $ par an par l’entremise d’un portail internet de financement participatif en capital parmi un plus grand nombre d’investisseurs individuels.

Pour les PME établies et en croissance, c’est à compter du 26 janvier prochain qu’elles pourront se prévaloir d’une nouvelle réglementation leur permettant de lever jusqu’à 1,5 million par an en « financement participatif en capital ».

À condition, cependant, de solliciter ces fonds par l’entremise d’un seul portail de sociofinancement à la fois, qui soit inscrit auprès des régulateurs comme l’Autorité des marchés financiers (AMF) au Québec avec le titre minimal de « courtier à exercice restreint ».

Aussi, ce portail sera soumis à des normes d’informations minimales et obligatoires à l’intention des investisseurs individuels attirés par le projet.

« NOUVELLE ALTERNATIVE »

Compliqué, tout ça, pour les nouveaux entrepreneurs ?

Pas vraiment, répliquent les trois codirigeants du premier portail québécois de sociofinancement, nommé GoTroo, qui est consacré en priorité à la capitalisation de PME naissantes.

« C’est une nouvelle alternative de financement populaire qui s’ouvre aux entrepreneurs, en complément des différents programmes et fonds de capital-risque », résume Robert Brouillette, président et cofondateur de GoTroo.

« Pour mieux encadrer cette prise de risque parmi les investisseurs individuels tout en facilitant l’accès parmi les PME, les régulateurs financiers comme l’AMF sont parvenus à définir un cadre réglementaire assez intéressant. »

— Robert Brouillette, président et cofondateur de GoTroo

Cet avocat et ingénieur de profession s’y connaît en financement de projets d’entrepreneurs. Depuis plusieurs années, il est très impliqué à la direction de l’organisation Anges Québec, qui est un important réseau d’investisseurs individuels en projets d’entrepreneurs.

Par ailleurs, Robert Brouillette dirige un cabinet d’avocats et de conseillers d’affaires, Brouillette & Associés, qui est spécialisé dans la gestion de marques de commerce et de brevets, une étape cruciale pour nombre de PME innovatrices.

« Avec le portail GoTroo de sociofinancement en capital de PME, nous nous appuyons sur notre expérience de conseillers auprès des entrepreneurs innovants pour leur proposer une nouvelle façon d’obtenir le premier capital pour leurs projets, dans un cadre réglementé », indique M. Brouillette lors d’un entretien avec La Presse à ses bureaux du Vieux-Montréal.

« VOLUME D'AFFAIRES »

Il est en compagnie de son fils Philippe, aussi avocat et ingénieur dans la firme paternelle et chef de l’exploitation chez GoTroo. Leur troisième partenaire chez GoTroo, Benoit L’Archevêque, est un entrepreneur d’expérience dans les technologies d’affaires liées à l’internet.

« Ce qui distingue le sociofinancement en capital de PME du modèle antérieur, plus généraliste, c’est la possibilité pour un grand nombre d’investisseurs individuels de financer un projet d’entreprise qui les intéresse tout en obtenant des actions à son capital, avec leur potentiel de valeur ajoutée en cas de succès de ce projet », indique M. L’Archevêque.

« Avec la nouvelle réglementation, le sociofinancement en capital est aussi un moyen de mieux structurer le capital initial d’une PME parmi tous ses premiers investisseurs, de façon à éviter les problèmes et les disputes en cas de transaction majeure sur l’actif de cette PME. »

— Robert Brouillette

Cela dit, quel est le potentiel de volume d’affaires chez GoTroo ?

Ses trois partenaires hésitent à faire part d’un objectif chiffré, étant donné la nouveauté du sociofinancement en capital dans le milieu entrepreneurial.

« Nous avons un travail d’information à faire, à commencer par des réseaux d’entrepreneurs comme celui d’Anges Québec », admet M. Brouillette.

« Mais seulement dans ce réseau, et chez plusieurs autres organisations d’aide aux entrepreneurs, il y a chaque année des dizaines de projets de PME qui sont laissés de côté, faute de moyens adéquats ou suffisants pour les soutenir. Pour ces projets qui sont plus “grand public”, le sociofinancement en capital peut s’avérer une nouvelle rampe de lancement. »

Qui : Robert et Philippe Brouillette (avocats et ingénieurs, père et fils), Benoit L’Archevêque (entrepreneur d’expérience)

L’idée : un portail internet de sociofinancement en capital pour PME, afin d’associer des investisseurs individuels à des projets d’entrepreneurs

L’ambition : développer une solution de capitalisation initiale pour les nouveaux entrepreneurs, au-delà de leurs amis et connaissances, mais dans un cadre réglementaire établi 

Ils y croient et y ont investi de leur temps : Robert et Philippe Brouillette, Benoit L’Archevêque

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