Raquettes, igloos et lunettes
Des lunettes sans verres. Une pharmacopée végétale qui aurait guéri les hommes de Jacques Cartier du scorbut. Et, bien évidemment, les raquettes et les kayaks. Les autochtones du Canada faisaient preuve d’une remarquable ingéniosité et ont continué à parfaire leurs inventions après les débuts de la Nouvelle-France.
Raquettes
Les raquettes sont une solution unique, parmi les peuples arctiques, aux déplacements sur la neige, selon François-Nicolas Pelletier, le concepteur de l’exposition Génie autochtone au Centre des sciences. « Ailleurs, on utilisait plutôt des skis. » Les raquettes de forme arrondie sont idéales dans la poudreuse, mais sur de longues distances, elles sont fatigantes parce qu’on doit arquer les jambes. Il existe plusieurs modèles plus étroits avec une « queue » aidant à la stabilisation, qui doit cependant être moins longue pour circuler dans une forêt touffue.
Traîneaux
Les traîneaux ont été inventés par plusieurs peuples arctiques, dont les Inuits. « La domestication des chiens a eu lieu en Sibérie, il y a 8000 à 10 000 ans, voire 15 000 ans, dit M. Pelletier. Une particularité canadienne a été l’utilisation d’attelages à la queue leu leu, avec des traîneaux plus étroits, pour circuler dans les forêts. Au départ, chez les Inuits, les attelages étaient larges, ce qui favorisait la répartition du poids. »
Igloos
C’est une invention inuite, selon M. Pelletier. « Il y a d’autres peuples en Arctique, en Europe et en Asie, mais aucun n’a eu une civilisation avec autant de bâtiments sans utiliser de bois. Les Inuits ne pouvaient se servir que des os de mammifères qu’ils avaient chassés et de bois à la dérive. »
Lunettes
La réverbération du soleil sur les plaines glacées est très dure pour les yeux et peut même être dangereuse. Les Inuits ont inventé des lunettes sans verres, à partir d’ossements animaux, avec une petite fente. C’est un peu le même principe que chez les joueurs de football qui se mettent du noir sous les yeux.
Couteau croche
Quand les Européens sont arrivés, les autochtones n’avaient pas d’outils en métal. Ils ont inventé, probablement au XVIIe siècle, un couteau « croche », ou mocotaugan, en métal, qui était idéal pour plusieurs usages. « Avec un couteau croche et une hache, on pouvait tout faire », dit M. Pelletier, qui note que la première mention du mocotaugan figure dans un document de 1748 de la Compagnie de la Baie d’Hudson.
Les trois sœurs
Les autochtones canadiens cultivaient sur le même lopin le maïs, la courge et les fèves. Non seulement cela permettait d’avoir une alimentation complète, mais les trois cultures se complétaient sur le plan agronomique. « Les trois sœurs proviennent de l’Amérique centrale, tout comme le mélange de cendres avec le maïs pour augmenter son apport nutritif et sa préservation », dit M. Pelletier.