Infections

Les cas d’otite ont diminué

La revue Pediatrics a publié le mois dernier une étude aux résultats encourageants : les bébés de la génération actuelle, aux États-Unis, sont sensiblement moins nombreux à souffrir d’otites que ceux qui sont nés dans les années 80 et 90.

« Au Québec, on n’a pas fait d’études à proprement parler, mais je ne pense pas qu’on soit différents des États-Unis, en ce sens que les mêmes vaccins ont été implantés ici », indique la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue pédiatrique et professeure associée à l’Université McGill.

Les chercheurs américains ont suivi une cohorte de 367 bébés pendant leur première année de vie, en prenant régulièrement des échantillons dans leur nez et en examinant leurs oreilles. Résultats : à l’âge de 3 mois, 6 % des participants avaient eu une première infection à l’oreille. Ils étaient 23 % à en avoir souffert à l’âge de 6 mois et 46 % à l’âge de 1 an.

Les études semblables menées dans les années 80 et 90 évoquaient des taux d’otites plus élevés :  18 % des bébés en avaient souffert à l’âge de 3 mois. C’était le cas de 30 à 39 % chez les bébés de 6 mois et de 60 à 62 % chez ceux de 1 an.

VACCINATION CONTRE LE PNEUMOCOQUE

À l’instar des médecins cités ce mois-ci sur le sujet dans un article du New York Times, la Dre Caroline Quach attribue cette amélioration « encourageante » à plusieurs facteurs, dont l’introduction, en 2004, du programme universel d’immunisation contre le pneumocoque, une bactérie qui se trouve dans les voies respiratoires. Ce vaccin – fortement recommandé – est administré gratuitement à l’âge de 2, 4 et 12 mois.

« Le programme de vaccination contre le pneumocoque avait été mis en place surtout pour diminuer les risques de méningite et d’infections invasives, mais il semble aussi avoir un impact positif sur la diminution des otites moyennes aiguës [quand il y a présence de pus derrière le tympan] causées par ces sérotypes-là. »

— La Dre Caroline Quach

PLUS GRANDE VIGILANCE

La diminution des taux d’otites pourrait aussi être due à des changements dans la pratique médicale. En 2003-2004, la Société canadienne de pédiatrie et l’American Academy of Pediatrics ont légèrement resserré les critères diagnostiques de l’otite moyenne aiguë. Les lignes directrices concernant le recours au traitement ont aussi été modifiées afin de limiter l’utilisation inutile d’antibiotiques, lesquels contribuent à la résistance bactérienne.

Avant, explique la Dre Quach, les médecins prescrivaient des antibiotiques aux enfants de moins de 2 ans dès qu’ils diagnostiquaient une otite moyenne aiguë. « Mais des études, menées particulièrement dans les pays scandinaves, ont montré que la grande majorité de ces otites-là allaient guérir toutes seules », relate la Dre Quach. Chez les enfants âgés de 6 mois et plus qui se portent bien, les médecins ont maintenant l’option de se donner 48 heures d’observation avant de prescrire un traitement aux antibiotiques.

Enfin, l’augmentation de l’allaitement et la diminution du tabagisme pourraient aussi avoir contribué à la diminution du nombre d’otites, indique-t-on dans le New York Times.

DIMINUTION DE LA DOSE

L’immunisation contre le pneumocoque a eu un autre impact positif : la Société canadienne de pédiatrie a réduit la dose d’antibiotiques recommandée aux enfants qui souffrent d’otite moyenne aiguë, entre autres parce que le vaccin a permis de se débarrasser des formes de pneumocoques les plus résistantes aux antibiotiques. « On est revenu aux doses d’avant l’époque de la résistance aux antibiotiques pour le pneumocoque, ce qui est hyper encourageant » dit la Dre Caroline Quach.

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