Réseau électrique métropolitain

Laval éprouve un « grand inconfort » face au projet

Le maire de Laval, Marc Demers, a fait entendre une note discordante hier dans le concert d’éloges faits par les municipalités à l’endroit du projet de Réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement du Québec, en déplorant l’absence d’informations sur le coût et les impacts du projet pour sa ville.

Devant la commission du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) qui examine ce vaste projet de transport collectif de 5,5 milliards, le maire Demers a parlé d’un « grand inconfort » à l’égard d’un projet « qui nous est, en quelque sorte, imposé ».

Le maire de la troisième ville en importance de la province a estimé que l’échéancier de réalisation de ce projet de train de 67 kilomètres, comptant 24 stations, prévu pour la fin de 2020, « est tout à fait déraisonnable ». Dans ses recommandations à la commission du BAPE, la Ville de Laval réclame au gouvernement un délai de six mois pour permettre aux villes de mesurer les impacts à long terme sur la planification régionale des transports en commun.

« C’est quoi qu’on achète, et quel prix ça va coûter à nos citoyens ? On ne le sait pas, et c’est la source de nos inquiétudes. » — Marc Demers, maire de Laval

Le REM est un grand projet de train électrique qui doit relier le centre-ville de Montréal à la Rive-Sud, à la banlieue nord, aux municipalités de l’ouest de l’île de Montréal ainsi qu’à l’aéroport international Pierre-Elliott Trudeau, à Dorval. Selon la filiale de la Caisse de dépôt, CDPQ Infra, le futur REM pourrait transporter plus de 150 000 personnes par jour dès sa mise en route, à la fin de 2020.

À Laval, le REM compterait deux gares, à Sainte-Dorothée et dans l’île Bigras. Mais il traversera le territoire lavallois sur plusieurs kilomètres de distance. Plusieurs rues seront étagées, des passages à niveau, éliminés. Les voies ferrées actuelles du train de banlieue de Deux-Montagnes seront doublées et des mesures anti-intrusion seront aménagées afin que personne ne puisse avoir accès au corridor ferroviaire du REM.

« Le projet, déplore le maire, va cicatriser le paysage lavallois en créant un corridor cintré entre deux clôtures, érigé en plein cœur d’un milieu bâti depuis plus de 100 ans. »

En plus de demander le dépôt d’études d’achalandage exhaustives sur le futur REM, M. Demers a demandé également que « la lumière soit faite le plus rapidement possible sur le financement du REM afin de statuer sur son impact » financier sur les municipalités de la région métropolitaine.

UNE NOUVELLE ÈRE POUR MONTRÉAL

Le maire de Montréal, Denis Coderre, ne partage pas les inquiétudes de son confrère de la banlieue nord et a estimé que le REM ouvrirait « une nouvelle ère du transport en commun dans la métropole », en plus d’élever Montréal « au rang des villes innovantes ».

M. Coderre a confirmé les informations révélées hier dans La Presse voulant que la métropole demande l’aménagement de trois gares supplémentaires, en plus des 24 stations prévues dans le projet initial. Montréal estime que la construction des gares souterraines McGill et Édouard-Montpetit sera essentielle dès la mise en service du REM, pour réduire « la pression sur la station de métro Bonaventure », qui recevrait alors un afflux quotidien, en période de pointe, de 48 000 passagers provenant du train électrique.

La Ville de Montréal demande également à CDPQ Infra de prévoir la station Bridge-Wellington, dès 2020, au sud du bassin Peel, dans l’arrondissement Sud-Ouest. Dans son projet initial, CDPQ Infra prévoyait la construction des stations McGill, Édouard-Montpetit et Bridge-Wellington dans une éventuelle phase 2 du REM.

JUSQU’À L’AUTOROUTE 35

Dans un mémoire qui sera soumis au BAPE, les municipalités de Chambly et de Saint-Jean-sur-Richelieu, dans la couronne sud de Montréal, demandent à CDPQ Infra de prolonger le tracé du REM jusqu’à l’intersection des autoroutes 10 et 35, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Les municipalités plaident que l’implantation de la gare terminale de la Rive-Sud à Brossard, à l’intersection des autoroutes 10 et 30, telle qu’elle est prévue dans le projet du REM, va entraîner de la congestion routière sur le tronçon de l’A-10 entre les autoroutes 35 et 30, en raison du grand nombre de personnes qui se rendront à la gare en automobile.

Les audiences publiques du BAPE sur le projet de REM se poursuivent cet après-midi.

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