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Les jetons de présence moins populaires
chez les administrateurs

La complexification des enjeux de gouvernance et les attentes accrues des investisseurs à l’égard des administrateurs de sociétés ont une incidence insoupçonnée sur leur mode de rémunération. Les jetons de présence perdent de leur popularité au profit d’autres types d’émoluments mieux adaptés aux responsabilités qui incombent aujourd’hui aux conseils d’administration.

« La tâche de l’administrateur a changé, dit dans un entretien le professeur de comptabilité Michel Magnan, auteur d’une étude sur la question qui vient d’être publiée par l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP). Ce n’est plus seulement se rencontrer quatre fois par année. À l’époque, ça avait du sens. Vu qu’il n’était pas payé, il fallait donner un jeton pour qu’il vienne à la réunion. ».

Michel Magnan constate aussi que les jetons de présence demeurent plus fréquents au Canada de nos jours qu’aux États-Unis.

L’origine de l’expression « jeton de présence » remonte au XIXe siècle, d’après l’Encyclopædia Universalis (en ligne). Dans les premières sociétés, on remettait aux membres présents lors des réunions du conseil d’administration un jeton en métal leur donnant droit à une indemnité.

« Le jeton de présence n’est pas un moyen efficace pour rémunérer un administrateur », explique l’auteur de l’étude, qui est titulaire de la Chaire de gouvernance d’entreprise Stephen A. Jarislowsky à l’Université Concordia.

L’administrateur touche 79 000 $ en moyenne au Canada, selon les chiffres compilés par deux sociétés-conseils, Spencer Stuart et KornFerry ; une donnée datant de 2010. « Pourquoi faudrait-il le payer [en plus] pour faire ce qu’il est censé faire ? », se demande M. Magnan.

De nos jours, un administrateur consacre facilement 150 heures par an à sa tâche, avance le professeur de l’École de gestion John-Molson.

« Les obligations et responsabilités des administrateurs se sont trouvées accrues, notamment en raison
de la transparence grandissante imposée aux sociétés ouvertes. »

— Extrait du rapport

DES ACTIONS, MAIS PAS D’OPTIONS

Afin de maximiser l’efficacité de la rémunération, l’IGOPP suggère de payer les administrateurs sous forme d’actions ou d’unités d’actions, afin qu’ils détiennent un investissement significatif à long terme dans les actions de l’entreprise.

Au nom du même principe, l’Institut proscrit la rémunération sous forme d’options d’achat d’actions, car une telle formule constitue un encouragement aux administrateurs à franchir la frontière entre la gouvernance et la gestion. En outre, les administrateurs doivent veiller « à préserver les intérêts à long terme de l’entreprise ».

L’auteur met en outre en garde les sociétés de tomber dans le piège du « benchmarking », procédé qui consiste à fixer la rémunération à partir de ce qui se fait dans des groupes témoins. Une façon de faire qui a fortement contribué à l’inflation des salaires des PDG des entreprises cotées en Bourse. « On prêche peut-être dans le désert, reconnaît M. Magnan.
Le benchmarking, c’est la mode. »

LES ADMINISTRATEURS EN CHIFFRES

Rémunération moyenne au Canada (2010)

79 000 $

Rémunération dans le secteur du pétrole
et du gaz (2011)

190 000 $

Hausse de la rémunération depuis 15 ans

465 %

Charge de travail estimée d’un administrateur

150 heures par an

Source : IGOPP

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