Soccer

La légende Pirlo

C’est une légende au style bien à elle et un nom qui évoque les plus belles réussites du soccer italien, autant en sélection qu’en club.

Par son comportement, sa longévité et ses caractéristiques techniques, Andrea Pirlo – parce qu’il s’agit de lui – est aussi dans le lot des joueurs qui transcendent les allégeances. Ce soir (19 h), l’Impact retrouvera le champion du monde italien pour la deuxième fois en saison, après un premier aperçu au mois d’août dernier.

Bientôt âgé de 37 ans, Pirlo n’a ni le rayonnement de ses belles années en Serie A ni le même environnement collectif dans lequel briller. Mais il suffit de prononcer son nom devant les milieux de terrain montréalais qui ont un certain vécu pour que les compliments pleuvent et que les souvenirs s’activent. Marco Donadel sourit lorsqu’on lui demande la place de Pirlo, « un homme de peu de mots », dans l’histoire du soccer italien. Il ne le cache pas : Pirlo est une idole.

« Il est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire et le meilleur à sa position, selon moi. Il peut tout faire à n’importe quel moment. Il peut marquer de 40 m ou faire des passes de 80 m, commence le numéro 33 de l’Impact. De l’avoir vu en Italie, de l’avoir côtoyé en sélection nationale et de le retrouver ici, au minimum deux fois, c’est majeur. Comme professionnel, son comportement est… je ne sais pas, il est dans le groupe des [Paolo] Maldini, [Alessandro] Nesta ou [Gennaro] Gattuso. Quand j’étais plus jeune à Milan, c’était le groupe qui m’inspirait et que j’essayais d’imiter. »

« Pirlo, c’est la qualité de la première passe. Il a une vision exceptionnelle et, en une touche, il trouve les attaquants. C’est un milieu qui ne joue pas nécessairement juste est-ouest. Il peut briser toute ta défense en une seule passe. »

— Patrice Bernier

Pirlo, c’est aussi l’histoire d’une carrière qui a mis quelques années à prendre son envol. L’histoire d’un joueur qui avait la vision pour évoluer en meneur de jeu, mais qui n’avait pas la rapidité pour s’y épanouir dans le soccer moderne. La solution ? Le faire reculer d’un cran où les espaces sont plus faciles à trouver. Positionné devant sa défense, Pirlo est alors le regista par excellence, le metteur en scène de son équipe qui oriente le jeu grâce, notamment, à la qualité de son jeu long. Les compilations isolant ses meilleures passes – et ses coups francs – foisonnent d’ailleurs sur les différents sites de partage de vidéos. 

« Tout passe par lui. Il y a des manières d’essayer de l’arrêter, mais même quand tu es très serré et que tu essaies de lui fermer son espace, il parvient à faire cette passe, reconnaît Mauro Biello. Malgré la pression, s’il a un demi-pouce d’espace, il va envoyer une passe décisive. Pour nous, [ce soir], c’est de voir comment on se place devant lui au niveau de notre bloc. »

UN SOCCER DIFFÉRENT EN MLS

Pirlo a la particularité d’avoir joué pour les trois clubs les plus titrés du championnat italien : l’Inter, l’AC Milan, puis la Juventus, où il a retrouvé une deuxième jeunesse. Sa première expérience à l’étranger, c’est donc en MLS qu’il la vit. New York lui permet de pratiquer son métier en tout anonymat, chose impensable en Europe, mais l’adaptation au soccer nord-américain ne se fait pas sans heurts. Il n’était même pas sur la feuille de match lors du déplacement à Philadelphie, samedi.

« La MLS, c’est athlétique. En Europe, les schémas sont plus stratégiques, c’est un peu un jeu d’échecs. Les équipes ont tendance à te laisser le ballon à certaines places alors qu’ici, tu as un gars dans ton dos régulièrement, souligne Bernier. Si tu n’arrives pas à t’en défaire, ça peut être un peu difficile. […] Tous les gars qui arrivent d’Europe réalisent qu’il n’y a pas autant d’espace. C’est un peu plus à l’anglaise avec du jeu plus divertissant et plus agressif. » 

« Dans le jeu latin, c’est plus posé et tu as plus le temps de réfléchir. Mais c’est à New York City d’ajuster sa tactique par rapport à la façon de jouer de Pirlo. »

— Patrice Bernier

Avec l’AC Milan et la Juventus, l’animation était bâtie autour des qualités et des limites du célèbre barbu. Défensivement, il pouvait soit compter sur trois défenseurs centraux en arrière de lui, soit sur d’autres milieux axiaux au volume de jeu impressionnant. Si Pirlo est donc encore en phase de découverte de la MLS, la même chose peut être dite du NYCFC qui, malgré quelques essais tactiques, cherche encore la recette gagnante.

L’EXEMPLE DE DONADEL

S’il échange quelques mots avec Pirlo, ce soir, Donadel pourra lui rappeler sa propre expérience et faire écho aux propos du capitaine de l’Impact. Le milieu défensif prend l’exemple d’un cas de figure bien connu par Pirlo : un ballon reçu de la part de ses défenseurs centraux. Ce schéma est survenu à 14 reprises, samedi, contre Toronto.

« Quand je me retourne, j’ai plusieurs possibilités : jouer long ou jouer court avec, habituellement, une ou deux options. Mais c’est plus difficile maintenant parce que les adversaires commencent à me connaître, moi, ainsi que les autres milieux de terrain. Je vois qu’ils essaient de me presser haut. À Vancouver, j’avais toujours un homme devant moi pendant tout mon match.

« Le championnat italien et les autres championnats d’Europe ont chacun leur propre style. Avant le coup d’envoi, tu sais plus ou moins quel genre de match tu vas disputer, poursuit-il sur l’adaptation européo-américaine. En MLS, tu peux regarder des vidéos, puis le match est complètement différent. Il faut s’adapter rapidement, ce qui n’est pas toujours facile. »

EN BREF

Shipp lucide sur ses performances

La grande majorité des joueurs de l’Impact a déjà joué au Yankee Stadium, l’an dernier, avec ses petites dimensions et ses lignes de touche « bizarres », dixit Harry Shipp. « Défensivement, tu essaies de rester compact parce qu’il n’y a pas beaucoup d’espace entre les défenseurs et le gardien. C’est vrai pour les deux équipes, donc tu dois être précis dans tes passes, en attaquant. Tu ne peux pas seulement envoyer un ballon au-dessus de la défense, parce que ça va filer jusqu’à leur gardien. » Shipp a par ailleurs reconnu avoir été moins efficace, au cours des dernières semaines, après d’excellents débuts avec l’Impact. « Je n’ai pas très bien joué. J’ai de hautes attentes envers moi-même et c’est une situation frustrante. »

Plus de mouvements

La défaite contre Toronto n’a pas miné les certitudes de l’Impact, actuellement deuxième de l’Association de l’Est. Elle lui a quand même permis de prendre conscience de certains aspects à améliorer. « Il faut juste qu’on comprenne que, lorsqu’on n’a pas le ballon, ce n’est pas une raison pour rester statique, a lancé Laurent Ciman. On doit bouger, donner des solutions au joueur qui a le ballon. Si on prend conscience de ça et qu’on travaille à 100 % pendant le match, on peut récolter des résultats. » NYCFC, dernier dans l’Est, a la particularité de compter sur trois champions du monde en Pirlo, David Villa, auteur de quatre buts contre l’Impact l’an dernier, et l’entraîneur Patrick Vieira.

La satisfaction de Donadel

Quelle est la définition du match parfait selon Marco Donadel ? Un match dans lequel, peu importe la performance, l’Impact n’a pas encaissé le moindre but. Ce scénario est arrivé à deux reprises, cette saison, à domicile. « Ma plus grande satisfaction est lorsqu’on finit le match sans avoir encaissé de but. C’est la meilleure façon de montrer ta force et ton potentiel aux autres équipes. Si, chaque fois, tu gagnes 4-3 ou 3-2, tu es une bonne équipe, mais tu n’es pas la meilleure. Si tu n’encaisses pas de but, tu crées de la peur chez les adversaires. C’est très important. »

9500 abonnements de saison

L’Impact a annoncé hier avoir franchi le cap des 9500 abonnements de saison, pour la première fois de son histoire. « Il y a encore du travail à faire parce que la moyenne dans la ligue est autour de 10 000 », a précisé le vice-président exécutif, développement stratégique et communications, Richard Legendre. On ne sera pas complaisant, mais ça montre qu’il y a de plus en plus d’attachement envers l’Impact. » Par ailleurs, l’Impact a annoncé la nomination de Pari Arshagouni à titre de vice-président, administration soccer. Il chapeautera la gestion administrative de la première équipe, de l’Académie ainsi que des écoles de soccer.

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