Industrie automobile

Après Volks, Fiat Chrysler

Le gouvernement américain a accusé hier Fiat Chrysler d’avoir dissimulé un logiciel dans ses camions et VUS diesel pour déjouer les règlements antipollution. Le dispositif permet aux moteurs de polluer davantage que ce qui est permis par la loi. L’histoire semble un copier-coller du dieselgate de Volkswagen.

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La nouvelle

Les accusations, portées à la fois par l’Agence de protection environnementale (EPA) et par l’agence californienne de l’environnement, visent 104 000 véhicules Jeep Grand Cherokee et RAM 500 munis de moteur diesel 3 litres des années 2014 à 2016. « Le fait de dissimuler un logiciel qui affecte les émissions dans un moteur constitue une grave violation de la loi qui peut se traduire par une pollution néfaste de l’air que l’on respire », a commenté Cynthia Giles, une des responsables de l’EPA, dans un communiqué.

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La réplique de Fiat

Le PDG de Fiat, Sergio Marchionne, se défend d’avoir fait quelque chose d’illégal. « Nous n’essayons pas de violer cette satanée loi […] nous essayons de faire un travail honnête », a-t-il réagi, ajoutant que ce problème aurait pu être réglé de manière « plus en phase avec le monde des affaires ». Fiat avait arrêté la production des camions à moteur diesel en septembre dernier, en attendant le dénouement de l’enquête portant sur ces moteurs. Le constructeur automobile s’expose à des amendes de plus de 4,5 milliards US. Le groupe a dit avoir hâte de plaider sa cause devant la nouvelle administration américaine.

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Quelle différence avec Volkswagen ?

Le dossier de Chrysler concerne moins de véhicules : 100 000 versus 600 000 dans le cas de Volkswagen. D’ailleurs, mercredi, le géant allemand a plaidé coupable à des accusations de « conspiration » et « d’obstruction à la justice » et a accepté de verser 4,3 milliards US de pénalités. La facture totale du scandale du dieselgate approche les 22 milliards US, seulement aux États-Unis, d’après Associated Press. Six cadres dirigeants de Volkswagen ont été accusés jusqu’à présent. Fiat Chrysler ne fait pas l’objet de pareilles accusations de conspiration ou d’obstruction et l’EPA se garde de parler d’un « logiciel truqueur » comparable à celui utilisé par Volkswagen. Mais les autorités ont indiqué que leur enquête se poursuit.

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En Bourse

Le titre de Fiat Chrysler a perdu jusqu’à 20 % de sa valeur en Bourse, soustrayant à un moment environ 3 milliards à la valeur de l’entreprise. L’action a remonté par la suite avant de terminer la journée en recul de 10 % à Wall Street, où sa négociation a été provisoirement suspendue pendant la journée. « L’investisseur se demande aujourd’hui combien ça coûtera à Fiat Chrysler en poursuites éventuelles, dit Marc Tassé, professeur à l’École de management Telfer de l’Université d’Ottawa ». L’universitaire s’attend à ce que des voisins poursuivent Chrysler pour avoir respiré l’air pollué par les camions diesel visés.

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Réputation

« Une nouvelle comme ça va affecter la perception, la confiance et la valeur qu’on accorde à la marque. Ça va remettre en question la loyauté que les gens ont envers la marque, avance Patrick Gauthier, un spécialiste de l’image de marque et chargé de cours à l’ESG UQAM. L’impact peut être temporaire seulement si l’entreprise fautive reconnaît rapidement sa faute. La réaction initiale du constructeur déçoit Nathalie De Marcellis-Warin, PDG de Cirano qui travaille sur une étude portant sur des impacts à long terme du dieselgate sur la réputation de Volkswagen. « La communication du PDG de Fiat n’est vraiment pas adaptée. Il n’y a aucune communication sur leur Twitter alors que de tous les côtés, c’est en train de tweeter. Je pense que l’impact peut-être problématique pour eux. »

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Doit-on encore croire à la probité de l’entreprise privée ?

Pour Thierry Pauchant, professeur à HEC Montréal et titulaire de la chaire de management éthique, la répétition du dieselgate pose une question troublante. « Comment sommes-nous assez naïfs de croire que les entreprises privées vont se réguler par elles-mêmes ? », se demande-t-il. C’est parce que les entreprises peuvent mesurer par elles-mêmes, avec leur propre technologie, leurs produits qu’on a les problèmes que l’on connaît. » Le professeur Pauchant privilégie le modèle en vigueur dans l’industrie pharmaceutique où chaque médicament offert sur le marché doit obtenir l’aval des entités gouvernementales sur la base d’études qui examinent l’impact du produit sur la santé.

— Avec Agence France-Presse, Associated Press et Reuters

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