La colère des doux

Le champ gauche appartient au Théâtre du Futur

Depuis 10 ans déjà, le Théâtre du Futur propose des spectacles iconoclastes qui envisagent l’avenir avec sérieux et aussi avec humour. La Presse a parlé en Zoom avec les codirecteurs de la compagnie – Olivier Morin, Guillaume Tremblay et Navet Confit – de leur prochaine création et du futur en général.

L’avenir est un jardin de possibilités fertile pour l’imaginaire des artistes. Pour ses 10 ans, le Théâtre du Futur propose une nouvelle œuvre, La colère des doux, qui sera diffusée en ligne du 7 au 30 mai prochains. Entre autres activités d’anniversaire.

Selon les fondateurs de la compagnie de théâtre, leur création multimédia est beaucoup plus qu’une captation de spectacle. C’est une expérience virtuelle immersive à mi-chemin entre « un show de musique funk, un site interactif, un état de relaxation sensorielle (ASMR) et du cinéma d’animation expérimental ». Beau programme.

« C’est une histoire dont vous êtes le héros », dit Olivier Morin.

« On n’avait pas envie de faire une captation théâtrale plate. On s’est mis à jouer au cinéma. On a transformé le plateau de théâtre en plateau de cinéma à la Dogme95 de Lars von Trier. Mais avec nos moyens modestes, low-fi et ludiques. »

— Olivier Morin

Dans cette webdiffusion créée avec les règles et contraintes de la pandémie, « les spectateurs pourront sillonner les régions du Québec sur une carte interactive et visionner des capsules vidéo et sonores, tout en vivant une expérience virtuelle et émotionnelle hors du commun », résume Guillaume Tremblay.

Le grand schisme du Québec

La colère des doux raconte les lendemains d’une guerre civile qui a éclaté au Québec. Une crise économique et sociale a poussé les citadins à fuir la ville pour s’installer dans des villages et à former plusieurs communautés distinctes en fonction de leurs points communs. Car en fuyant les tensions et la frénésie des villes, les citoyens « doux » ont décidé de se regrouper avec leurs semblables.

« Après cet éclatement de la province, les Québécois ont créé un Nouveau Monde en région, où chacun vit dans un village qui devient sa chambre d’écho. »

— Navet Confit

« C’est comme une nouvelle Révolution tranquille. Très tranquille. Où les citoyens choisissent leur clan, s’entourent de personnes qui pensent comme eux. C’est une analogie de ce qu’on vit aujourd’hui aussi, à notre époque numérique avec les algorithmes, les réseaux sociaux », ajoute-t-il.

Parfois, le futur est très proche. Cette dystopie imaginée par le Théâtre du Futur n’est pas si éloignée de nous. « Les citoyens sont très à fleur de peau, remarque Oliver Morin. Et pas juste depuis la pandémie. Tout le monde cherche un antagoniste chez l’autre. »

Les 10 ans du Futur

2021 marque donc le 10e anniversaire du lancement de la compagnie en résidence au Théâtre Aux Écuries, à Montréal. Pour l’occasion, l’achat d’un billet pour La colère des doux donnera un accès aux captations de leurs six spectacles précédents durant un mois. De plus, le trio du Futur nous propose trois rencontres virtuelles sur Zoom, les 13, 20 et 27 mai à 20 h. Au menu, « anecdotes croustillantes sur la compagnie et récits pas piqués des vers sur leur nouvelle création multimédia, ponctués de fous rires ».

Lors de son cinquième anniversaire en 2016, le Théâtre du Futur avait présenté une trilogie de ses « pièces fondatrices » : Clotaire Rapaille, l’Opéra Rock, L’assassinat du président et Épopée Nord. « On espère bien que notre prochaine pièce sera présentée en salle, mais on veut intégrer le numérique dans les arts vivants. Ça nous donne une liberté et nous permet de mieux rejoindre notre public », dit Navet Confit à propos du futur de la compagnie.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.