Planète bleue, idées vertes

Saules dépollueurs

Planter des arbres pour nettoyer les sols contaminés. Cette approche appelée phytoremédiation est de plus en plus populaire aux quatre coins du monde. La Ville de Montréal la teste depuis l’an dernier dans l’est de la ville.

Le projet pilote

Depuis 2016, trois hectares de terrains contaminés dans Pointe-aux-Trembles se trouvent sous la loupe des chercheurs. « C’est un banc d’essai de quatre ans pour la phytoremédiation », explique Josée Samson, ingénieure au Service de l’environnement de la Ville. « Il s’agit de planter sur un sol contaminé des arbres et d’autres végétaux, qui absorbent les polluants. Chaque année, on enlève des branches et, au bout de cinq à dix ans, on a décontaminé le sol. On peut aller jusqu’à une profondeur de 1,5 m. »

Genèse

Le concept de phytoremédiation est né dans les années 70, selon Michel Labrecque, de l’Institut de recherche en biologie végétale du Jardin botanique, qui enseigne à l’Université de Montréal. « Il y avait des équipes en Angleterre qui travaillaient alors sur des sites miniers. À cette époque, on s’intéressait plus à la tolérance des plantes pour reverdir les sites. C’est dans les années 90 qu’on a commencé à viser directement l’élimination des contaminants. On a fait les premiers essais au Québec au début du millénaire, dans le secteur du Sud-Ouest, le long du canal de Lachine. Aux États-Unis, en Europe et en Chine, on fait de la phytoremédiation de façon opérationnelle. » À terme, on pourrait ainsi décontaminer des terrains industriels pour les recycler afin de faire des ensembles immobiliers.

Le froid, un obstacle ?

Le froid explique-t-il pourquoi le Québec en est encore seulement aux projets pilotes ? « C’est sûr que les saisons de croissance sont plus petites, dit M. Labrecque. Ça limite l’efficacité du traitement. Mais le ministère de l’Environnement a été plutôt réticent, même s’il y avait des exemples concrets ailleurs dans le monde. » La phytoremédiation est aussi utilisée en Alberta sur les sites de sables bitumineux et en Colombie-Britannique, selon M. Labrecque.

Boutures et bactéries

Parmi les avancées de l’équipe de l’Institut de recherche en biologie végétale, M. Labrecque cite le mélange de différentes plantes à différents niveaux de croissance ainsi que l’utilisation de bactéries. « Les sols contaminés sont souvent des milieux hétérogènes avec différents types de pollution, zinc, cuivre, plomb, hydrocarbures, composés de remblais. Ça complique la croissance. Pour bien coloniser, on établit d’abord des végétaux à croissance rapide et on fait de la micropropagation avec des petites boutures de saules. On aime bien ces plantes-là parce qu’elles s’établissent bien dans les sols peu fertiles. Puis, on a travaillé sur des micro-organismes pour inoculer ces plantes et favoriser leur croissance. Nos travaux sur ces bactéries et champignons sont en cours. »

Sur place ou ailleurs

Le principe de la phytoremédiation implique le traitement sur place des sols contaminés. Que faire quand on veut se servir rapidement d’un terrain ? « On pourrait concevoir de rassembler les sols contaminés d’un grand terrain à un seul endroit, pour limiter le transport de sols contaminés, par exemple dans les anciens terrains de l’industrie pétrolière dans l’est de Montréal, dit M. Labrecque. Mais il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, si le transport des sols contaminés continue, on peut viser la phytoremédiation dans les endroits où les sols sont transportés. »

Chimie verte

Une autre avenue de recherche est la valorisation du bois. « On cherche à s’associer avec des partenaires pour utiliser les molécules des plantes qu’on utilise, pour la chimie verte ou le biomédical, dit Michel Labrecque. Pendant que se fait le travail des plantes sur le milieu, on pourrait tirer profit des plantes. » Pourquoi ne pas en faire du compost ? « Parfois, ce n’est pas possible parce que le bois devient contaminé », dit Josée Samson, ingénieure du Service de l’environnement de la Ville. « Nous regardons d’autres options, par exemple se servir de la biomasse pour alimenter en énergie une cimenterie. »

Trois études

Au fil des ans, Michel Labrecque a publié plusieurs études sur la phytoremédiation. L’une d’entre elles, publiée en 2017 dans l’International Journal of Phytoremediation, a montré que dans un terrain contaminé à Montréal, un essai avec des peupliers a permis de réduire de plus de 60 % la concentration des contaminants, avec des pointes de réduction de 91 % pour le cadmium et de 94 % pour le zinc. Environ trois tonnes de bois étaient récoltées chaque année. Une autre étude a montré l’efficacité de champignons vivant sur la racine de saules pour améliorer la productivité de la phytoremédiation, et une troisième a permis de constater qu’un mélange de plantes – un arbrisseau, de la luzerne et un roseau appelé fétuque – était prometteur pour certains types de sols.

Sur le radar

Brèves

Bruxelles

Une taxe contre les embouteillages

La région de Bruxelles, qui veut limiter l’usage de la voiture dans la capitale belge aux heures de pointe, compte instaurer d’ici cinq ans une taxe calculée sur l’horaire de circulation, a affirmé la ministre régionale chargée de la Mobilité, Elke Van den Brandt. Bruxelles a la réputation d’être une des villes les plus embouteillées d’Europe. Et les « navetteurs », les Belges des autres régions qui viennent chaque jour travailler en voiture dans la capitale, sont considérés en bonne partie comme responsables de cette congestion. Mme Van den Brandt invite la Flandre et la Wallonie à se rallier à sa mesure. Selon elle, il suffirait que 20 % des automobilistes décident de se déplacer autrement pour régler le problème des embouteillages.

— D’après l’Agence France-Presse

Vols

Fin du plastique à bord d'Air India

La compagnie indienne Air India a annoncé la semaine dernière qu’elle allait cesser d’utiliser des objets en plastique à usage unique, comme les couverts ou les emballages, un effort qui s’inscrit dans le cadre de la campagne Clean India, lancée pour rendre le pays plus propre. Le premier ministre Narendra Modi avait affirmé, au cours de son discours prononcé le 15 août pour le jour de l’Indépendance, que l’éradication des objets plastiques à usage unique était un objectif essentiel, et avait appelé la population à « franchir le premier grand pas » le 2 octobre, jour anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, le héros de l’indépendance. Les objets en plastique à usage unique, tels que les couverts ou les sacs, seront supprimés des vols en deux temps à partir du 2 octobre, et remplacés par des objets similaires fabriqués à partir de papier ou de bois.

— D’après l’Agence France-Presse

Agriculture

La France compte limiter l’usage des pesticides

La France imposera des « zones de non-traitement », où l’épandage de produits phytosanitaires sur les cultures sera interdit, si riverains, élus et agriculteurs n’arrivent pas à se mettre d’accord pour établir ensemble des « chartes » territoriales d’épandage, a prévenu le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume. « Nous mettons en place des chartes départementales, des chartes territoriales dans lesquelles les riverains, les agriculteurs, les élus, sous l’autorité du préfet, doivent se mettre d’accord pour les zones d’épandage. S’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, alors nous mettrons en place ce qu’on appelle des zones de non-traitement. Le Conseil d’État nous l’a demandé », a déclaré le ministre sur CNews jeudi dernier. Les zones de non-traitement seront en revanche agrandies dans des zones critiques, comme la proximité d’écoles ou de captages de sources d’eau potable.

— D’après l’Agence France-Presse

Hôtellerie

Exit les mini-flacons chez Marriott

Le groupe hôtelier Marriott, un des plus grands du monde, a annoncé la semaine dernière que la plupart de ses 7000 hôtels n’auraient plus de mini-flacons de shampoing, d’après-shampoing et de gel douche dans les salles de bains de leurs chambres d’ici décembre 2020. Ils seront remplacés par de plus gros flacons avec pompe, afin d’éviter l’envoi dans les décharges de 500 millions de flacons par an. Le volume de plastique consommé devrait être réduit de 30 % par an, selon un communiqué du groupe. Marriott a commencé la transition l’an dernier et estime que 20 % de ses hôtels sont passés aux flacons avec pompe à ce jour. Les petits flacons sont changés et jetés après chaque client, tandis que les plus grands contiendront l’équivalent de 10 à 12 petits, pour plusieurs utilisations. Une fois vides, ils ne seront pas remplis de nouveau et devraient être recyclés, a dit une porte-parole du groupe à l’AFP.

— D’après l’Agence France-Presse

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