Santé

Jour 1 des « structures mammouths »

Le projet de loi 10, qui vise la réforme du réseau de la santé, est entré en vigueur hier au Québec. Des manifestations ont eu lieu aux quatre coins du Québec pour dénoncer la mise en place de ces nouvelles structures « mammouths », grâce auxquelles Québec espère économiser 220 millions par année.

Adopté sous le bâillon le 3 février dernier, le projet de loi 10 fait passer le nombre d’établissements du réseau de 182 à 34. Les centres de santé et de services sociaux (CSSS) et les agences de la santé n’existent plus. Hier, des centaines de travailleurs du réseau de la santé ont déposé des couronnes mortuaires devant différents établissements pour souligner l’entrée en vigueur de cette réforme.

Les hôpitaux, centres jeunesse, centres d’hébergement et autres établissements de santé sont maintenant regroupés dans 13 centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) et 9 centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS). Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), il s’agit de nouvelles « structures mammouths » qui « concentrent tous les pouvoirs entre les mains du ministre Gaétan Barrette ». 

La taille des nouveaux CISSS est effectivement impressionnante : selon le président de l’Association des directeurs généraux de santé, André Côté, la moitié des 30 plus grandes entreprises du Québec sont aujourd’hui dans le réseau de la santé. Pour le ministre, le projet de loi 10 est au contraire un « allègement administratif » qui permettra à terme d’économiser 220 millions par année.

NOUVEAUX PRÉSIDENTS ET PERTES D’EMPLOIS

C’est le ministre Barrette, à la suite de recommandations d’un comité composé de sous-ministres, qui a choisi les 34 nouveaux présidents des établissements de santé, il y a deux semaines.

Certains anciens directeurs généraux n’ont pas obtenu de poste. Une cinquantaine d’entre eux ont déjà annoncé qu’ils quitteront le réseau, affirme M. Côté. Et ce chiffre risque d’augmenter. « Pour s’assurer que la transition se fasse bien, Québec a accepté de garder temporairement en poste plusieurs directeurs généraux. Mais leur mandat se terminera le 1er mai. À cette date, je saurai combien de personnes exactement quittent le réseau », résume M. Côté.

Des 2500 salariés qui œuvraient dans les agences de santé, 10 % seront transférés au ministère de la Santé et des Services sociaux. D’autres seront intégrés dans les CISSS.

En tout, 6000 postes de cadres ont été abolis, hier. Une partie d’entre eux auront un nouveau poste. Mais l’Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux (AGESSS) prévoit que certains cadres, exaspérés, pourraient quitter d’eux-mêmes le réseau. Le MSSS affirme qu’il aura un aperçu du nombre de départs dans le réseau « dans les prochaines semaines ».

DES BÂTIMENTS DÉSERTS

Avec la disparition des agences, des bâtiments se retrouvent maintenant vides. Marie-Claude Lacasse, porte-parole du MSSS, explique que certains bâtiments accueilleront les nouveaux sièges sociaux d’établissements (CISSS et CIUSSS). « Il se peut que ces bureaux soient utilisés à d’autres fins dans le réseau. Une analyse est effectuée sur les besoins actuels du réseau et cela sera déterminé au cours des prochaines semaines », ajoute-t-elle.

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